Haunt Me
est à la musique ce que l’hiver est au Québec: un moment pour s’immobiliser. L’émotion se retient et tombe en flocons, limite entre le confort total, bien au chaud, et la précarité. Le Montréalais Tim Hecker (que d’autres nommeront Jetone) semble donc bien connaître ce temps suspendu. Il réussit avec cet album à créer une saison doucement inconfortable et torturée, probablement insupportable pour certains, mais permettant un recueillement pour d’autres. Des sons effleurent la peau et viennent chatouiller l’âme d’un malaise magnifiquement maîtrisé. La base ordinatrice, où glitch, ambient et synthétique se côtoient, mène à un résultat féerique. Regarder la neige tomber n’aura jamais été si magnifiquement complexe. Haunt Me n’est pas à la portée des oreilles fermées mais ouvre des horizons à ceux qui aiment être finement perturbés.
