Avec une deuxième galette en moins d’un an, on pourrait croire qu’Urbain Desbois s’éparpille. Et pourtant, le sac à malice de ce trublion de la chanson semble dépourvu de fond. Enregistré à chaud avec un groupe soudé par l’expérience de la scène, États d’âne semble plus cohérent que son prédécesseur, même si Desbois incarne, tour à tour, Robert Johnson, Tom Waits et Arthur H. Côté textes, l’homme nous ressert une généreuse tranche de Tarte au poème, donne dans la poésie sociale («c’est pas cheap le beurre quand t’es cheap labour»), et se laisse même aller à un délire scato que n’aurait pas renié Fred Fortin (Ta bouche). On sent sa patte humoristique partout, même dans l’agencement des chansons (n’allez pas me faire croire qu’on a mis Le Beurre mou après L’Amour dur par hasard!), mais Urbain sait aussi se faire grave et touchant (Je ne suis pas seul). Qu’on se rassure: la source poétique d’Urbain est loin d’être tarie.
Guide albums
Urbain Desbois
États d'âne
La Tribu/DEP, 2000