Petit météorite intello-coincé tombé subitement dans le coeur de 350 000 Français dès son premier disque, Vincent Delerm est devenu l’emblème d’une certaine chanson intimiste dissimulant son hyper-sensibilité dans le décalage protecteur de la culture. Après avoir chanté le sourire de Fanny Ardant, les filles intellos qui lisent Bukowski et le charme inquiétant de Trintignant sous des mélodies de piano scolaires, Delerm a emballé en Suède un troisième album de tons pastel (vibraphone, choeurs féminins, pianos droits) faussement naïf. Évoquant immanquablement la France sixties de Jacques Tati, le jeune trentenaire a partiellement troqué ses sobres introspections amoureuses contre les ballades souriantes du promeneur parisien. Romantisme retenu, confessions tardives, triangles amoureux et visites d’hôpital embaument la France d’avant la C.E.E., celle où l’envie des filles fugaces mettait poliment le coeur à l’envers. Une douceur à peine ombragée, soyeuse, nécessaire.
Guide albums
Vincent Delerm
Les Piqûres d'araignée
Tôt ou Tard/Warner, 2007