Le génie de Wilco réside dans sa capacité à emprunter à un langage et se l’approprier. Plutôt que de se répandre, la formation de Jeff Tweedy concentre donc ses efforts sur un vernaculaire folk-rock qu’elle calque (AM, 1995), digère (Being There, 1996), malmène (Summer Teeth, 1999) ou dissèque (Yankee Hotel Foxtrot, 2002). En résulte un raffinement de l’art dont on constate, depuis A Ghost Is Born (2004), qu’il peut désormais emprunter à toutes les figures de style que permet l’idiome sans toutefois souffrir la comparaison. Sky Blue Sky n’est donc pas le disque de retour aux sources qu’on annonçait, puisqu’il évite le pastiche. On y perçoit bien le hululement de Neil Young, les guitares de Fleetwood Mac, l’écho de Dylan ou le piano enchanteur de Beatles en goguette. Mais Tweedy a absorbé ce vocabulaire musical, confirmant ici qu’il est l’un des plus brillants – et touchants – auteurs de chansons que porte l’Amérique.
Guide albums
Wilco
Sky Blue Sky
Nonesuch/Warner, 2007