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Godspeed You! Black Emperor: Yanqui U.X.O.

Godspeed You! Black Emperor
Yanqui U.X.O.

Constellation, 2002

Le point d’exclamation a changé de place, mais (en apparence, du moins), le point de mire du groupe montréalais n’a pas bougé: avec Yanqui U.X.O., GSY!BE poursuit sa chronique d’un monde en décomposition, auquel il répond en érigeant de colossales cathédrales sonores et une défiance toute utopique. Mais quelque chose a changé ici et on sent dans ce Yanqui une sorte de retenue (violons et violoncelles tiennent un rôle prédominant) et une volonté de déjouer les attentes: ainsi la catharsis promise au terme de traditionnels crescendos n’arrive pas toujours et les longues pièces implosent parfois sous leur propre poids plutôt que d’exulter en de libératrices explosions de décibels. La réalisation crue de Steve Albini fonctionne parfois à merveille, révélant chaque coup d’archet, chaque écho de studio et chaque grondement de distorsion mais on pourrait aussi lui reprocher d’engorger l’oreille, ce qui ne manque pas d’arriver au terme des 75 minutes du disque. Reste que Godspeed a réussi à raffiner sa formule en plus de livrer, en fin de parcours, un Motherfucker Redeemer, qui est probablement son meilleur morceau rock (oubliez le préfixe post) en carrière.