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Yves Desrosiers: Volodia

Yves Desrosiers
Volodia

Audiogram/Select, 2002

Créateur atypique dans ses goûts et ses couleurs, le guitariste Yves Desrosiers surgit de l’ombre avec un premier disque solo en hommage au poète dissident russe Vladimir Vissotsky. Coproduit avec François Lalonde, l’affaire arrive à point, conséquence de ses récents travaux: la belle aventure avec Lhasa était marquée de climats singulièrement poignants, celle avec Fredric Gary Comeau, d’horizons crépusculaires, et celle avec Jeszcze Raz, de valses oniriques. Un peu de tout ça se retrouve dans Volodia, hormis qu’il s’attaque à un genre difficile et abondamment balisé: la chanson écorchée vive. Les frottements sont recherchés, triturés, fouillés, pour mieux révéler un déséquilibre feutré (la douce beauté de l’accordéon de Didier Dumoutier, toutes ces guitares qui réconfortent). L’investissement émotif est énorme: s’approprier les poèmes et chansons de Vissotsky et les faire connaître dans la langue de Molière (merci à Lousnak, Bïa Krieger et Annie-Pénélope Dussault pour l’adaptation), ce n’est pas rien. La voix claire et haut perchée, Desrosiers exulte littéralement, comme s’il avait fait les 400 coups avec le Russe. Colossal.