Chromatic 2016 : s’inspirer de Toronto
Explorant le «spectre complet de la créativité», Chromatic se déploiera du 19 au 22 mai au Hangar 16. Après Paris l’an dernier, le festival montréalais met le cap sur Toronto, une capitale créative modèle.
Mélangeant musique, peinture, collage, installation, performance et expériences immersives, Chromatic poursuit sa «déconstruction de la hiérarchie entre les arts» pour une septième année. «On cherche à mettre en valeur des œuvres vibrantes qui suscitent des réactions assez directes», explique la directrice générale Marie Pier Tessier De L’Étoile. «On aime mettre de l’avant des pratiques innovantes et, plus généralement, des artistes qui mélangent les médiums.»
Plusieurs artistes sont à surveiller cette année, notamment Elise Victoria Louise Windsor (qui mélange «collages magnifiques» et installation), Julie Roch-Cuerrier (qui a gratté les pigments d’un vieil atlas pour construire une installation) et le Français Guillaume Marmin (qui, pour sa première présence à Montréal, présente une œuvre mélangeant jeux de lumière, vidéo, art cinétique et architecture).
Depuis ses débuts à la SAT en 2010, le festival a grandement évolué, passant d’un happening pour initiés à un évènement incontournable qui s’exporte maintenant à l’international. «Année après année, on veut augmenter le rayonnement de nos créateurs», précise le cofondateur Philippe Demers. «À Montréal, on a un énorme bassin d’artistes talentueux, mais le marché est somme toute restreint. De là l’idée de jumeler l’évènement à une autre ville.»
Toronto, un exemple à suivre
Forts d’un premier essai avec Paris l’an dernier, les organisateurs sont plutôt emballés de recevoir une horde d’artistes torontois cette année. Comme c’était le cas l’an dernier, Chromatic aura également son édition nomade condensée, quelques jours plus tard – les 27 et 28 mai à la galerie Rally Ossington, pour être plus précis.
«Toronto est une capitale créative importante. On s’est rendu compte que beaucoup de nos artistes montréalais allaient même jusqu’à déménager là-bas pour profiter de l’engouement», observe Demers, également directeur de l’organisme MASSIVart qui organise le festival. «La ville a récemment investi massivement dans ses politiques culturelles, comme en font foi le festival Luminato et la Nuit blanche, l’une des plus grosses et mieux financées au monde. On peut dire la ville s’est donné les moyens de ses ambitions, autant du côté public que privé.»
Créant ainsi «un corridor entre les deux villes», Chromatic poursuit sa mission de rendre l’art plus accessible, d’une façon semblable à ce que Papier fait. «Le but général, c’est de décoincer l’art», poursuit le cofondateur. «À la base, on ne voyait pas pourquoi les arts visuels, c’était moins cool que les autres formes d’art. On ne comprenait pas non plus pourquoi il y avait des malaises dans les galeries d’art et que les gens avaient des réticences à y entrer.»
Histoire de réfléchir collectivement à des manières de démocratiser l’art, le festival agrandit sa portée. Grâce à un effort gouvernemental plus massif, les organisateurs misent sur un volet professionnel (Chromatic PRO), destiné à «trouver des pistes de solution pour dynamiser la création et stimuler l’impact que la culture a sur l’économie». Des conférences, des présentations et des échanges auront donc lieu en après-midi durant les quatre jours du festival.
Encore une fois, la musique prendra une grande place lors du festival. De 20h à 3h du matin les 20, 21 et 22 mai, les Nuits Chromatic mettront de l’avant des groupes et DJs locaux d’envergure, notamment Chocolat, Organ Mood, Noo-Bap, KenLo, GrandBuda, J.u.D. et Pierre Kwenders. «C’est une façon assez efficace d’attirer des gens, qui ne sont pas régulièrement exposés aux arts visuels», indique Philippe Demers. «À la base, on peut dire que c’était une sorte d’appât, mais avec les années, on se rend compte que les gens viennent vraiment pour la formule complète.»
Bref, entre exposition, lieu de réflexion et party, Chromatic poursuit son évolution avec brio.
Chromatic 2016, du 19 au 22 mai 2016 au Hangar 16.