Québec au cinéma: six lieux de tournage mythiques
De Lepage à Hitchcock en passant par Spielberg, Québec a inspiré moult cinéastes locaux comme étrangers.
L’histoire débute en 1953. C’est cette année-là que l’indémodable Alfred Hitchcock prend l’arrondissement historique et Limoilou d’assaut pour une mise en abîme sur l’emprise de la religion sous le règne de Duplessis. Un scénario comme une partie de Clue, un meurtre et mystère réellement enlevant intitulé I Confess.
Dès la sortie du film, certaines scènes sont censurées au Québec. Ce regard d’un artiste établi, d’un homme du monde, sur la cité moralement rétrograde d’alors aura pour effet de choquer les dirigeants politiques et leurs bons chums du clergé. Un curé (joué par Montgomery Clift) soupçonné d’un homicide? Quel scandale!
Même si la majorité du tournage s’est déroulé entre les murs, la paroisse de St-Zéphirin-de-Stadacona a accueilli les caméras à même l’église qui n’a, à ce jour, pas tellement changé.
Le temple se situe à environ cinq minutes à pied de l’Hôpital St-François-d’Assise et tout près, presque en face, du beau Parc Cartier-Brébeuf.
Sur place, même les messes en latin pré Vatican II sont encore d’actualité. L’expérience vintage est totale.
Robert Lepage a lui aussi investi l’endroit pour la création de son long-métrage Le Confessionnal, un film datant de 1995 et, accessoirement, un tabarouette de chef-d’oeuvre, à mon humble avis.
Le grand manitou d’Ex Machina y provoque la rencontre entre petite et grande histoire, sa recette infaillible, en y incorporant des citations visuelles du film d’Alfred Hitchock. La proposition dramatique, déjà tellement bien ficelée et bourrée de références en tous genres, n’en est que bonifiée.
Ce film, une tragédie grecque qui hante des jours après le visionnement, met par ailleurs en vedette notre Marie Gignac bien-aimée (aujourd’hui directrice artistique du Carrefour international de Québec), un Lothaire Bluteau au naturel désarmant et une jeune Suzanne Clément qui livre une performance d’anthologie 20 ans avant Mommy.
Ce n’est évidemment pas la seule fois ou Lepage a mis à profit cette ville qu’il aime tant et connait si bien dans une de ses oeuvres. Dans La face cachée de la lune, notre héro local s’est infiltré dans la désormais rénovée Salle des promotions du Séminaire de Québec pour y jouer l’une des scènes les plus crève-coeur qui soit, le rendez-vous manqué du personnage de Philippe à Moscou.
Il n’y a pas si longtemps encore, en 2003, d’innombrables fauteuils rouge meublaient le parterre de façon tout à fait permanente, conférant un aspect suranné au décor.
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Un an avant, le populaire Steven Spielberg venait tourner à Québec non pas sans créer un genre d’état d’euphorie collective. Le passage, bien que bref, de Leonardo DiCaprio dans le Petit Champlain fera la une des journaux et excitera bien des petites dames. En plus, Tom Hanks était avec lui…
Il faut cependant attendre la dernière demi-heure de Catch Me if You Can pour finalement voir apparaître une Place Royale déguisée en petit village de la Loire (Montrichard) à la toute fin des années 1960. Une scène cruciale, par ailleurs, dans l’histoire vraie de Frank Abagnale Jr.
Il suffit, moyennant de bons mollets, de prendre la Côte de la Montagne pour changer d’univers, entrer dans celui de Roger Lemelin et Gilles Carle, respectivement scénariste et réalisateur du film Les Plouffe sorti en 1981. C’est là, presque au sommet du cap, que Rita et Ovide se réconcilient, s’avouant leur amour dans une très belle série de dialogues.
Là, cette fois, l’emplacement exact s’est vu reconfigurer au fil des années. Les arbustes ont poussé et les bancs ont été plantés ailleurs au pied de la statue de Cartier dans le Parc Montmorency ou, si vous venez de Lévis comme moi, le fameux parc des canons des buveries de la St-Jean.
Je ne pourrais faire pareil article (ou serait-ce un palmarès?) sans mentionner, au passage, la production de Ricardo Trogi et plus particulière sa série de films autobiographiques: 1981 et, plus concrètement, 1987 – qui est par ailleurs sorti en 2014.
Tout ceux qui ont vu ce film se souviennent du plan séquence de Ricardo et son père joueur d’accordéon au restaurant Le Parmesan, enchaînement d’événements fâcheux qui mettent n’importe quel cinéphile empathique franchement mal à l’aise. Un petit tour de force.
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D’autres films on partiellement été filmés à Québec. Le règne de la beauté, dernier Denys Arcand en date, parvient à magnifier le Musée de la Civilisation. Un film fort joli que je vous suggère aussi.