«Moi qui ris en regardant les photos. Moi qui vous les montre. Moi qui trouve la photo tellement drôle. Que je la prends en photo.»
Cette réplique de la pièce Cinq visages pour Camille Brunelle (Nous voir nous), de Guillaume Corbeil , est emblématique d’une tendance forte sur la scène théâtrale montréalaise en 2013. Les réseaux sociaux et le monde virtuel ont été au cœur des deux spectacles les plus marquants de l’année et la notion d’«extimité» (telle que définie par Serge Tisseron) a fourni aux artistes de théâtre une occasion de réfléchir aux mutations des interactions humaines et d’inventer à leur image de nouvelles formes théâtrales. Ce n’est qu’un début.
Sur le même thème mais dans une tout autre forme, le iShow ou je m’occupe de transférer le message à Chanda a proposé une réflexion sur l’image de soi que l’on propage sur les réseaux sociaux et également sur les contenus que l’on y consulte et qui forment un nouvel arrière-plan culturel et populaire.
Mentionnons la saison presque sans fausses notes de l’Espace GO, où les textes contemporains les plus stimulants sont approchés par certains de nos metteurs en scène les plus sensibles. Autre constat: l’époque où un spectacle ne vivait que trois semaines est en voie de disparition. Plusieurs théâtres ont mis cette année à l’affiche des reprises qui ont connu, à leur deuxième série de représentations, un succès équivalent, sinon meilleur. La pratique est saine tant qu’elle n’affecte pas la vitalité de la création. À mettre dans la colonne des bonnes nouvelles.
Dans le corridor des arrivées et des départs se sont croisées Marie-Hélène Falcon, qui a annoncé qu’elle passera le flambeau de la direction artistique du FTA, et Jasmine Catudal, qui est passée de la direction du OFFTA à la codirection artistique de l’Usine C. L’annonce de leurs successeurs sera l’une des nouvelles attendues du printemps. Tous les festivals n’ont pas la même vitalité: ainsi, les marionnettistes québécois se sont inquiétés de la faillite du Festival international des arts de la marionnette à Saguenay et cherchent à le relancer. On leur souhaite le succès escompté dans cette entreprise.
Il y a eu de grands disparus: Hélène Loiselle, Huguette Oligny et Jean-Louis Roux. Acteurs polyvalents à la présence forte, ils ont contribué à l’édification d’un théâtre québécois institutionnalisé et garderont une place de choix dans la mémoire collective. De grandes pertes.
Au chapitre des combats à mener pour une meilleure diffusion et un meilleur financement du théâtre, l’automne a été agité. Le plus récent exercice d’attribution des subventions au fonctionnement du Conseil des arts du Canada (CAC) a donné lieu à un brassage inattendu et fait perdre des ailes à de nombreuses compagnies établies. Lorraine Pintal, du TNM, a fait une sortie remarquée à ce sujet, pendant que dans l’ensemble du milieu s’est imposée une réflexion sur la distribution des fonds publics. Le Conseil québécois du théâtre, par l’entremise d’un colloque, a notamment réfléchi aux enjeux de la succession des directions artistiques et commencé à évoquer l’idée d’une réflexion collective sur les «priorités du milieu», dans le but d’influencer une redistribution plus réfléchie, et mieux concertée, de l’argent public. À suivre.
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Bonjour, monsieur Philippe Couture,
Ce message envoyé à Simon Jodoin vous concerne directement :
Bonjour, monsieur Simon Jodoin, On n’en finit pas de constater avec découragement combien de chroniqueurs et de journalistes, tant dans les médias écrits comme dans les médias électroniques n’ont aucun scrupule à farcir leurs topos d’anglicismes et d’impropriétés – par paresse, par ignorance ou par manque de conscience professionnelle. Voici des exemples tirés du VOIR du 20/02/14. A) p. 4, Simon Jodoin : « Pauline Marois a construit son spin politique ; un site gouvernemental peut être drabe ; on n’a pas hésité à spinner à tout vent ; aller de l’avant pour driller, juste pour voir » ; B) Philippe Couture : « Le timing est évidemment parfait ; et ses fans ; la construction de son branding ; vers le happy end ». Déprimant ! Les francophones québécois se font angliciser – entre autres – par des francophones québécois. – Noël Laflamme
Monsieur Laflamme
Je comprends votre désarroi, je suis moi-même très soucieux en général de cette tendance à l’anglicisation
Mais il faut aussi être de son époque
Le mot « branding », par exemple, est utilisé allègrement dans le milieu de la pub parce qu’il n’a pas vraiment d’équivalent français. On peut dire image de marque, mais c’est réducteur. On peut dire « stratégie de marque » mais plein de gens contestent cette expression. D’autres suggèrent « choix de marque » mais c’est plus ou moins représentatif du mot branding, du moins selon les professionnels de la communication qui fréquentent beaucoup ce concept dans leur travail
C’est pareil pour timing, dont les équivalents français ne me semblent pas efficaces
Je reconnais que j’aurais pu éviter happy end et écrire « dénouement heureux »
Mais je parle ici du happy end tel qu’il s’articule dans les films hollywoodiens, je jongle avec des idées et des concepts empruntés à la culture américaine de masse