Bilan cinéma 2014 : 5 films hors-genre
Tandis que l’industrie se préoccupe parfois bien peu d’une représentation juste de certains éléments marginalisés de nos sociétés, certains films s’affairent à dévoiler des histoires touchantes qui font fi d’un certain hétérocentrisme.
Voici 5 films hors-genre qui sont sortis cette année.
Ce documentaire percutant, présenté dans le cadre du Festival du Film Black de Montréal, présente les témoignages de Jamaïcans qui ont fui leur pays natal suite aux politiques de plus en plus répressives et violentes envers la communauté gaie. Le tout est particulièrement déchirant, puisqu’on y voit des familles déchirées par la stigmatisation sociale, les préjugés et la distance nécessaire à leur survie. Histoire d’oppression, mais de résilience également, tandis que les témoignages d’hommes et de femmes qui ont la force d’assumer qui ils sont et qui sentent le devoir de répandre ce message d’acceptation de soi nous montrent le visage de la bravoure.
Présenté dans le cadre du FNC, Something Must Break est une histoire attendrissante mettant en scène Sébastien, tandis qu’il se transforme graduellement en sa contrepartie féminine Ellie. Il tombe en amour avec un homme ébranlé dans ses conceptions genrées du sexe et de la séduction. Hétérosexuel avoué toute sa vie, le jeune homme est confronté aux charmes incroyables du charismatique Sébastien / Ellie (incarné par Saga Becker), qui connaît mieux que quiconque la nature de ses désirs et avec qui la chimie est naturelle, palpable, indéniable. Entre les gros plans au ralenti de scènes sado-masochistes et les silences tendres entre deux étrangers qui se rapprochent, on fait face à une œuvre marquante et solide de Ester Martin Bergsmark.
Née dans le corps d’un garçon, Crystal a sept ans et se voit confrontée à la difficulté d’assumer son identité sexuelle tout en comblant ses plaisirs sportifs à l’école. La jeune fille de 7 ans sera éventuellement encadrée par le Vagine Regime, une équipe trans-genre et lesbienne de Roller-Derby qui permettra à la jeune Crystal de s’intégrer dans un groupe qui l’accepte pour qui elle est tout en s’adaptant à son nouveau corps. Présentée dans le cadre du festival Image+Nation, ce documentaire d’Erica Tremblay présente les réalités sociales et sportives d’une ligue sans homme qui connaît de plus en plus de succès et qui créée, pour des petites filles comme pour de nombreux adultes, un lien d’appartenance solide et rassurant.
Ce documentaire d’Alain Margot retrace les origines de FEMEN en Ukraine via des documents d’archives et des entrevues avec sa fondatrice aussi brillante que controversée, Oxana Shachko. On y suit les différentes manifestations systématiquement réprimées par différentes figures autoritaires, ainsi que l’expansion virale du mouvement féministe un peu partout à travers le monde.
Probablement le film le plus pop de cette liste hors-genre, Pride est une histoire attendrissante qui se base sur des faits vécus en Angleterre pendant le règne de Margaret Thatcher. Un petit groupe militant homosexuel décide de porter secours à une communauté minière dans un petit village anglais qui, bien que récalcitrant face à l’arrivée de ces figures urbaines modernes et étrangères à leurs habitudes, finissent par se rapprocher, autant politiquement que personnellement. Des mamies isolées s’amusent avec des jeunes gais et lesbiennes dans des bars undergrounds anglais, au plus grand plaisir d’un spectateur confronté à une histoire réelle dont les bienfaits politiques se sont avérés concrets et durables.