Matthias et Maxime : entre épure et caricature
Cinéma

Matthias et Maxime : entre épure et caricature

«Est-ce que vous vous êtes déjà embrassés avant?» C’est la question posée à Matthias (Gabriel D’Almeida Freitas) et Maxime (Xavier Dolan) alors que les deux amis d’enfance viennent d’accepter, lors d’un week-end en chalet entre amis, de participer à un court métrage amateur réalisé par la petite sœur d’un membre de la bande. Un baiser pour la caméra qui remettra en question une amitié de longue date. 

Très peu de temps après la sortie québécoise de son film en anglais Ma vie avec John F. Donovan, Xavier Dolan revient avec un projet plus intime dans lequel il met en scène une bande d’amis et fait pour l’occasion passer ses proches devant la caméra. 

Malgré le retour d’une énergie comique habituelle, le jeu d’acteur demeure inégal et porté sur une caricature qui ne va pas de pair avec une approche cinématographique qui se veut plus épurée dans son ensemble. Hormis un Pier-Luc Funk irrésistible et un Dolan toujours très juste dans la peau de Maxime, reste que la dynamique de groupe, essentielle dans une ode à l’amitié, n’est jamais vraiment palpable. La fulgurance est ailleurs, dans de sublimes scènes comme ce long plan-séquence dans lequel Matthias traverse le cadre à la nage sur fond de musique classique, ou ce travelling latéral où la bande ramasse de nuit le linge étendu sous la pluie. 

Dommage que les personnages secondaires ne soient pas aussi délicats que ces véritables moments de respiration qui ponctuent le film sans l’envahir. Le choix de ne pas montrer le fameux baiser à l’écran et celui d’élargir la gamme de personnages finissent par desservir le long métrage, trop éparpillé pour qu’il soit possible de pénétrer dans le cercle amical ou les ressentis des protagonistes.

À la croisée des styles, Dolan tente des choses et évolue sans pour autant abandonner ses figures matriarcales intenses et colorées qui laissent ici de marbre sans apporter de plus-value au cheminement psychologique du duo du titre du film. Un long métrage qui laisse sur sa faim, mais comme toujours avec le cinéma de ce réalisateur québécois en perpétuel recommencement, vivement la suite. 

En salle le 9 octobre

Lisez notre entrevue avec le comédien Gabriel D’Almeida Freitas