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La « charte de la laïcité » n’a pas nui au Parti Québécois

Ceux qui se sont réjouis de la mort de la « charte » ont pavoisé un peu trop vite.

Dans son bilan sur la « charte des valeurs » publié le 14 avril dans Le Devoir, Bernard Drainville s’est limité à rappeler les objectifs de son projet de loi et à mentionner que ce projet avait fait avancer la laïcité au cours de la dernière année. C’est très peu dire.

Dans les années 80, le Mouvement laïque québécois était le seul organisme à réclamer la laïcité de l’État au Québec. Aujourd’hui, plus de 60% de la population est d’accord avec cet idéal et près de 62 000 personnes ont signé la déclaration du Rassemblement pour la laïcité.

Même le Parti libéral du Québec (PLQ), qui nous d’abord proposé un projet de loi sans substance et sans vision en 2010 (projet de loi 94 se limitant à interdire la burqa dans les services publiques) et qui a tabletté le rapport Bouchard-Taylor, se dit maintenant prêt à inclure la laïcité dans la charte des droits et libertés. Il y a à peine deux ans, les divers groupes favorables à la laïcité de l’État limitaient leur revendication à une déclaration juridique de ce genre.

Laïcité plutôt que sécularisme d’État

Le débat sur la charte des valeurs aura permis d’aller plus loin que cette simple revendication et de réaliser que le peuple québécois adhère à l’approche républicaine de la laïcité plutôt qu’au simple « sécularisme d’État » prôné par le PLQ, Québec Solidaire (QS) et la Coalition avenir Québec (CAQ).

Le sécularisme limite la neutralité de l’État à un traitement égalitaire des religions sans dresser de frontière entre l’espace civique et le domaine religieux. La laïcité, alliée aux valeurs humanistes républicaines de la liberté et de l’égalité, assure une nette distinction entre ces sphères en situant l’État en dehors de toute zone d’influence religieuse afin de légiférer indépendamment des allégeances religieuses.

Cette indépendance doit être tangible et passe entre autres par la proscription de signes religieux prosélytes pour ceux et celles qui choisissent de travailler dans les institutions de l’État. Un sondage CROP – La Presse publié le 3 mars dernier montrait que de 56 à 66% de la population approuvent l’idée d’interdire ces signes religieux selon les différents postes de la fonction publique et parapublique (allant de médecins à policiers en passant par professeurs).

La « laïcité ouverte » aux signes religieux prônée par le PLQ, QS et la CAQ est une forme de multiculturalisme et un simulacre de laïcité. Le fait que, pour ces partis, il faille une raison autre que la laïcité pour interdire les signes religieux dévoile un refus de la laïcité. Lorsque les fondements et objectifs de la laïcité sont bien compris et acceptés, ce principe est en soit suffisant pour proscrire toute forme de prosélytisme religieux verbal ou visuel des organismes publics et il n’est nul besoin de recourir à d’autres raisons, telle l’autorité coercitive du policier, pour tenir les religions à l’écart des fonctions relevant de l’État.

La laïcité comme motif de vote

Analysant les résultats de l’élection du 7 avril, Bernard Drainville affirme que le « projet de charte n’a pas joué un rôle fondamental dans les résultats ». En fait, l’effet pourrait bien avoir été plus favorable que défavorable malgré les déclarations non fondées entendues à gauche et à droite.

Le sondage Ipsos – CTV, paru le 3 avril, montre que 25% des francophones qui avaient l’intention de voter pour le Parti Québécois choisissaient ce parti pour que la « charte des valeurs » voit le jour. Ce motif arrivait au premier rang des raisons pour lesquelles les électeurs du PQ choisissaient ce parti.

Chez l’ensemble des électeurs, toute langue et origine confondues, seulement 5% disaient vouloir voter afin de bloquer l’adoption de la charte.

Ces chiffres, que les médias ont pris soin de nous cacher, montrent que l’on ne peut pas faire porter sur ce projet de loi les mauvais résultats obtenus par le PQ à la dernière élection. Si le PQ avait annoncé des limitations du type « clause grand père » ou autre au projet de loi, les résultats n’auraient sans doute pas varié.

Ceux qui ont déclaré que le projet de charte de la laïcité était mort et s’en sont réjouis ont pavoisé un peu trop vite. Le Parti Québécois doit continuer d’être le porteur de ce dossier et continuer de faire l’éducation du public sur cette question.

Les incendiaires qui crient au feu

Certains ont blâmé le PQ parce que le débat autour de la laïcité et de la charte aurait, selon eux, accentué les divisions au sein de la société. Lorsqu’une telle accusation provient de groupes tels le Collectif québécois contre l’islamophobie et le Conseil musulman de Montréal, ça ressemble à l’incendiaire qui crie au feu.

En qualifiant de xénophobe et de raciste le projet de charte des valeurs et en combattant de façon radicale le principe même de la laïcité, ces associations ont montré un rejet catégorique des valeurs qui fondent la démocratie, voire un refus de l’intégration. Leurs représentants se sont eux-mêmes exclus des valeurs citoyennes qui doivent nous rassembler au-delà de nos croyances et de nos origines ethniques. Ils ont offensé la vaste majorité des Québécois qui tiennent à la démocratie, à la liberté de conscience et à la liberté de religion.

Ces associations n’auront de crédit que lorsqu’elles dénonceront les exactions barbares et inhumaines commises par les jihadistes islamistes aux quatre coins du monde: lapidation, flagellation, amputation, défiguration à l’acide, mépris des femmes, haine des homosexuels, glorification de l’ignorance, assassinat des athées ou des croyants d’autres religions, etc. Elles n’auront de crédit que lorsqu’elles se dissocieront des propos racistes et xénophobes des islamistes qui veulent instaurer dans des pays comme la France, la Belgique, l’Angleterre et partout dans le monde des États islamiques gouvernés par les règles de la charia et qui veulent réduire au silence ceux qui combattent une telle avancée du fascisme déguisé en liberté de religion.