Comme « le trois fait le mois », à chacun de ces jours-là, Kristof G. tentera tant bien que mal de décortiquer l’ADN de ce tonitruant phénomène, qui donne parfois à ses disciples quelques solides acouphènes, ecchymoses et surtout beaucoup trop de fun.
CHAPITRE I : ANATOMIE DU MÉTALLEUX (LA DISSECTION)
D’emblée, on tient à préciser que ceci est une opération tout sauf post-mortem, le métal ayant toujours été en quelque sorte un mort-vivant, ou living dead (death?) dans la langue d’Osbo(u)rne, depuis sa genèse, qui eut lieu il y a déjà plus de quatre décennies. Pas d’autopsie ici.
Aussi bien régler ça une fois pour toute : notre genre préféré est loin d’être décédé, malgré ce que certains semble suggérer (comme le grand Claude Rajotte, qui se questionnait récemment sur les réseaux sociaux), ainsi que toutes ces embuches plus ou moins fabulées qui se sont succédées depuis des années (i.e. la suprématie du grunge, la débandade du nü metal, l’avènement du metalcore…). On ne peut nier que le heavy est en parfaite santé, bien que Montréal rimera un peu moins avec MTL qu’avec Festival cet été.
Donc, aujourd’hui, on ne dissèque pas de carcasse puante en pleine putréfaction*, mais plutôt une fantastique et plutôt Frankenstein-esque création. Façonné à l’aide de blues (la tête, mettons), de jazz, de progressif (les membres supérieurs, probablement), de rock et de psychédélique (peut-être les membres inférieurs?), le genre métallique porte en son cœur une bonne part de ténèbres et d’occulte (hérité du cinéma d’horreur), le tout point-de-suturé avec des fils électriques, il va sans dire. Gageons que dans ses veines pontées circule non pas du verdâtre formol mais bien du métal au vitriol**. Et hop, on débute par la tête, poste de contrôle de la bête.
Le cerveau
C’est bien connu, le métalleux est parfois un musicien, souvent un mélomane ou même les deux en même temps. Occasionnellement, il est doté d’une intelligence hors du commun, lui permettant de coordonner habilement et indépendamment ses différents membres et parfois même, son organe vocal également, afin de créer avec ses coéquipiers des pièces mélodiques aussi vibrantes qu’enlevantes. Et ce, même en état d’ébriété avancé ― on n’a qu’à regarder le nez framboisé ou le pneumatique abdominal de virtuoses au coude léger, tel que le batteur métronomique Neil Peart (de Rush) ou encore l’émérite guitariste Yngwie Malmsteen, pour s’en convaincre.
De plus, si certains travaillent le métal au propre comme au figuré (dans des shops, usines et manufactures industrielles), d’autres collectionnent les diplômes les plus prestigieux et excellent dans des domaines professionnels, comme le légal, la santé et, nécessairement, le divertissement (cinéma, jeu vidéo, musique…), qu’ils soient au niveau gestion ou non. Ce n’est pas parce que tu portes une robe ou une belle chemise qu’il n’y a pas de tatouages ou de t-shirt métal en dessous, t’sais. Comme les authentiques médecins formant le groupe de goregrind-à-la-Carcass The County Medical Examiners).
Shit, même Cameron Diaz et Nicolas Cage headbang-ent en cachette : la belle blondasse a déjà dit en entrevue qu’elle trippait jadis sur Maiden, Ozzy et AC/DC, alors que Cage aurait découvert le black metal de Darkthrone et Satyricon grâce à son fils musicien. Quant à Michael Fassbender (Prometheus, Inglourious Basterds, 300), il est fan de Slayer et jouait adolescent dans un band métal. Au fait, saviez-vous que le Prince Harry trippait thrash et que le président américain Barack Obama aimait Faith No More, le vieux The Dillinger Escape Plan et le Metallica d’avant le Black Album (pas de mauvais jeux de mots ici), tout en détestant Megadeth? Étonnant. D’ailleurs, Klimbo te parle aussi du givrage métallique de chanteuses pop ultra-populaires ayant ici.
Au fait, sachez qu’aucun cas de commotion cérébrale n’a jamais été répertorié pour avoir trop headbang-é, alias se brasser la tête d’avant à arrière comme un damné.
Les tympans
L’oreille interne du spécimen est parmi les plus flexibles, tous mélomanes confondus. En particulier celui qui aime son métal aussi extrême que progressif. Car les plus passionnés d’entre eux adorent remonter jusqu’aux racines et influences de leurs groupes préférés. Qu’elles soient guitarisées (les susmentionnées blues, rock, etc.…) ou orchestrales, car effectivement, plusieurs sont également friands de symphonies de musique classique datant de plus de 300 ans.
Qu’il soit musicien ou non, le métalleux moyen est hélas souvent allergique à ce qu’on appelle communément « bouchons », ces protections auditives aux couleurs criardes utilisées afin de préserver son audition. Il a donc à composer avec des inconforts appelés acouphènes à l’occasion, comme au lendemain des concerts les plus assourdissants. Étant donné que ce désagréable bourdonnement (un cillement intermittent) a tendance à l’accentuer avec le temps (en durée et en fréquence, notamment), de plus en plus de métalleux (les plus intelligents) viennent à piler sur leur orgueil de mâle invincible et viril, en gardant ces hideux cylindres de foam sur eux en tout temps.
Les yeux
À première vue (!), on pourrait suggérer que le métalleux a en horreur tout ce qui comporte de la couleur, tant il affectionne particulièrement les tenues sombres (jeans foncés, t-shirts de groupe noirs, etc.). Le t-shirt blanc n’est effectivement pas très populaire au sein de la communauté métallique (trop voyant? salissant?). D’autant plus que s’il se tient dans les bars, tavernes, micro-brasseries et autre salles de spectacles la nuit tombée, faut-il croire que c’est parce que ses globes oculaires sont plus sensibles à la lumière vive qu’à l’ordinaire? Dans l’affirmative, on devrait peut-être éviter de les nourrir après minuit ni de les mouiller, car on ne veut pas voir ce qu’il pourrait arriver, hein (t’as vu Gremlins, le grand?).
Les plus puristes du métal classique, qui est plus lent et moins distorsionné, comme à ses débuts dans les années 1970 (certains diront doom, d’autres stoner, tous vintage), auront parfois les yeux plus vitreux et rosés, dû à la fréquentation régulière de cette marrante et très relax Marie-Jeanne, qui s’invite parfois lors des concerts du genre. Ça s’applique également aux fans de post- et d’instru-metal, de sludge et, inévitablement, de drone.
\m/
Comme un cancer bienfaisant bourré d’anticorps, le metal est plus fort que la mort. Il est immortel. En plus des susmentionnés appareils sensoriels et cervicaux, il s’attaque également aux organes vitaux, bien évidemment…
LE MOIS PROCHAIN : ANATOMIE DU MÉTALLEUX (la_dissection : suite et fin)
[calendrier] M.E.T.A.L. : MAI 2014 : cliquez ici.
*À ce sujet, vous pouvez toujours lire notre entrevue avec Jeff Walker, leader de Carcass (cliquez ici pour la première partie et là pour la deuxième).
**Celui ou celle qui attrapera la référence se méritera un album de Megadeth en cassette.
PHOTOS : KRISTOF G.
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M.E.T.A.L. : Massacre Electrique Totalement et Ardemment Lucide.