Avec Karen Young, il n’y a jamais d’ambiguïté: ses albums sont radicalement différents d’un projet à l’autre. Son Cantique des cantiques néo-médiéval d’il y a trois ans et son party de salon rétrospectif de l’année dernière en formation réduite cachaient bien la suite: un album chanté entièrement en français. Ce qui serait somme toute banal, même par une anglo de souche, si ce n’était du motif: faire entendre en jazz teinté d’impressionnisme les textes de Vigneault, Hélène Monette, Francine Hamelin et Michel X Côté. Il y a dans cette aventure un évident travail d’adaptation et de défrichage (sans parler des arrangements qui s’inspirent autant de Gil Evans que de Satie et Debussy) afin de mettre en relief des vers et des mots jusque-là couchés sur du papier. Audacieuse, cette orfèvrerie à consonance littéraire, aidée du souffle doux des cuivres, se fera entendre au Spectrum le 28 février prochain.
Guide albums
Karen Young
La Couleur du vent
Ursh/Sélect, 2003