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Grève étudiante: le moment de vérité?

 

 

Après onze semaines de grève étudiante, en point de presse, Line Beauchamp débutait par une critique de la résolution qu’elle disait «complexe et ambiguë» de la CLASSE sur la «violence», puis exigeait une trêve de 48 heures de la part de cette dernière quant à toute action dite de «perturbation économique et sociale». Et ce, en échange d’une première rencontre avec les trois organisations étudiantes – la FEUQ, la FECQ et la CLASSE.

Trois constats s’en dégagent immédiatement.

1) Une «blague» coûteuse politiquement: la ministre de l’Éducation et le premier ministre semblent avoir pris la pleine mesure de l’impact potentiellement très négatif, pour eux, que peut avoir auprès de l’opinion publique la «blague» déplacée que lançait M. Charest ce vendredi au salon du Plan Nord.

Une «blague«, rappelons-le, lancée au moment même où la SQ, l’escouade anti-émeute et des étudiants étaient en pleine confrontation à l’extérieur du Palais des congrès.

2) Une stratégie «boomerang»: le premier ministre semble aussi commencer à voir que sa stratégie risquée – sa «politique de la division» – empruntée dans ce dossier, est également sur le point de se métamorphoser en boomerang politique capable de se retourner contre le gouvernement. Un danger évident pour ce dernier en période préélectorale. Sans compter que les appels au «dialogue» se multiplient à travers le Québec de la part de personnalités respectées venant de toutes les «familles» politiques, dont même la libérale. D’autant que les pressions venant de directions de cégeps et d’universités inquiètes se multiplient de plus en plus.

3) Une unité essentielle: depuis le début du conflit, l’unité qu’ont réussi à maintenir entre eux les leaders de la CLASSE, la FECQ et la FEUQ demeure l’élément central, l’élément essentiel au rapport de force qu’il ont su construire, eux et leurs troupes, face au gouvernement.

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En point de presse, Line Beauchamp a réitéré la position «ferme» du gouvernement sur la hausse des frais de scolarité tout en disant, pour la première fois, qu’elle ne pourrait empêcher les organisations étudiantes de la soulever… Une position, avouons-le, toute aussi «complexe et ambiguë»….

En réaction, la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins, s’est dite heureuse de voir la ministre accepter, enfin, la présence de la CLASSE lors de discussions supposées débuter aujourd’hui.

Quant à la hause des frais de scolarité – l’objet même de la grève -, Mme Desjardins avance que, de toute manière, elle sera discutée avec la ministre, puisque celle-ci est au coeur même de la question de l’«accessibilité» aux études supérieures. Et l’«accessibilité» étant le sujet dont veut parler la ministre…

Il n’empêche que ces rencontres – que le gouvernement a tout fait pour éviter jusqu’ici – risque fort d’être l’ultime moment de vérité quant au fond de la question. Qu’il y ait ou non «résolution» finale du conflit…

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Une belle leçon de démocratie

 

Quel que soit le dénouement de ce conflit, une chose demeure: ces leaders étudiants et leurs organisations ont servi, et continuent de servir aux Québécois et à leurs élites politiques, une formidable leçon de démocratie, de leadership, d’intelligence, de solidarité, de mobilisation, d’imagination, de culture et de conscientisation politiques.

Et en cela, la CLASSE et Gabriel Nadeau-Dubois auront joué et jouent, aux côtés des deux autres organisations, un rôle déterminant.

Une leçon prometteuse pour l’avenir.

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(*) La CLASSE doit donner un point de presse plus tard cet après-midi.  À suivre…