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Des élections sur fond de conflit social?

 

 

À Québec, on s’emballe. Les rumeurs fusent de toutes parts. La chasse aux candidats s’accélèrent. Les partis politiques s’y préparent, au cas où. Bref, ça sent le diesel d’autobus et les I-Pads tout neufs…

Or, dans les faits, les partis se préparent depuis plusieurs mois déjà – 2012 marquant la quatrième année du troisième mandat du gouvernement libéral.

Alors que la CAQ et Québec solidaire ont déjà tenu leurs congrès respectifs, le PQ tiendra sa conférence nationale des présidents la fin de semaine du 5 mai à Québec. Soit en même temps que le conseil général du PLQ tout récemment déplacé de Montréal à Victoriaville pour cause de peur bleue – ou rouge… – de manifestations étudiantes massives.

Bref, n’ayant toujours pas donné le moindre indice de vouloir chercher à résoudre la crise actuelle, Jean Charest prendra-t-il, ou non, prétexte de la grève étudiante pour déclencher des élections générales dès la semaine prochaine pour un scrutin tenu en juin prochain?

Et ce, même si, vendredi dernier,  le premier ministre disait trouver carrément «grotesque» toute suggestion allant dans ce sens…

Cette décision d’y aller ou non en tentant de capitaliser sur un conflit social majeur, est-elle même seulement déjà prise par le premier ministre?

Ou la prendra-t-il plutôt, dans un sens ou dans l’autre, à mesure que son conseil général s’approche – les yeux rivés, bien entendu, autant sur les sondages que sur les sorties publiques des leaders étudiants?

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Un électorat volatil. Très volatil…

Les sondages lui indiqueraient donc une petite «fenêtre», une toute petite…

Le dernier CROP/La Presse plaçait le PLQ à 30%, le PQ à 28%, la CAQ à 25% et QS à 8%. Chez les francophones, le PQ était à 32%, la CAQ à 29% et le PLQ à 22% seulement.

Or, les sondages valent ce qu’ils valent… Et encore plus lorsque depuis des mois et des mois, la réalité, la vraie, est que l’électorat québécois est dans une humeur particulièrement changeante et volatile. Bref,  rien de cela ne constitue vraiment une science exacte.

Et donc, compter essentiellement sur une opinion changeante – même si elle semble encore approuver majoritairement la hausse des frais de scolarité décrétée par le gouvernement Charest -, ce serait risqué, très risqué.

D’autant que de plonger en élection sur fond de grève étudiante non résolue – si tel devait être le cas -, ce serait là prendre tout un risque pour un gouvernement usé par trois mandats consécutifs et de nombreuses allégations de collusion, de corruption et de copinage.

Le premier ministre a dangereusement sous-estimé le mouvement étudiant et ses leaders depuis le début du conflit – pour ne pas dire qu’il les a méprisés.

Or, ce mouvement pourrait rendre une campagne électorale tout simplement invivable pour les libéraux.  Encore une fois, bien sûr, si des élections devaient être déclenchées sans qu’il y ait eu au préalable une véritable résolution de conflit.

Bref, tout cela fait beaucoup, beaucoup de «si».

Mais que l’élection soit déclenchée ce printemps ou cet automne, il est évident que Jean Charest ira jouer celle-ci, également, sur le terrain de ses adversaires. Dont celui du Parti québécois et de sa chef Pauline Marois, dont certaines positions sur, entre autres thèmes, les frais de scolarité et la souveraineté, ne brillent pas non plus par leur clarté.

Quant à la CAQ et son chef François Legault, il sera à voir s’ils seront capables ou non de corriger cette impression d’amateurisme et d’improvisation qui s’en dégage depuis quelques mois.

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Une «première» à éviter

Reste que si  Jean Charest décidait de faire de la hausse des frais de scolarité son principal cheval de bataille électoral, ce serait la première fois qu’un premier ministre sortant se servirait de la jeunesse de sa propre société pour chercher à gagner une élection en divisant volontairement l’opinion publique. Le tout pour chercher à conforter sa propre base électorale tout en instrumentalisant ce conflit pour tenter en même temps d’élargir celle-ci.

Ce qui n’irait pas, c’est certain, sans provoquer quelques dommages sociaux collatéraux importants pour la suite des choses. Par conséquent, c’est une «première» à éviter.

Mais, bon, le suspense ne durera encore que quelques jours… Et qui sait? Peut-être y aura-t-il, contre toute attente, une résolution miraculeuse de ce conflit…  aussi improbable qu’elle demeure pour le moment. Très improbable…

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L’art d’induire la population en erreur

Improbable d’autant que ce lundi, la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, n’a cessé de répéter sur toutes les tribunes que le gouvernement, lui, avait «bougé» avec son «offre globale» de vendredi, alors que, affirmait-elle, «jamais, jamais, jamais», les organisations étudiantes, elles, n’avaient présenté de propositions concrètes pour dénouer la crise…

Or, cela est faux. Rigoureusement faux.

En effet, dès la mi-mars, des propositions très concrètes étaient faites, publiquement, par les organisations étudiantes, incluant la CLASSE, pour assurer un meilleur financement des études supérieures sans pour autant hausser les frais de scolarité. Voir ici.

Ce n’est certes pas parce que ces propositions ne rencontraient pas l’approbation, autant idéologique que politique, de la ministre et du premier ministre, qu’elles n’ont jamais existé pour autant…

Et donc, ce mardi, la FECQ et la FEUQ reviendront, une nouvelle fois, avec des propositions concrètes…

 

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Et vous?

En attendant, encore une fois, dans les faits, seul le premier ministre sait vraiment ce qu’il entend faire, ou non, côté élections.

De votre côté, que pensez-vous qu’il pourrait décider? Et quelles en seraient les conséquences possibles?.