L’État canadien veut permettre l’espionnage électronique sans mandat. La Ville de Montréal veut interdire le port du masque pendant les manifestations. Le SPVM a une escouade politique « antianarchiste ». L’antiémeute intervient pour briser des manifestations pacifiques et des lignes de piquetage. Les arrestations et les entraves à la déontologie policière se comptent par centaines…
Et plusieurs chroniqueurs traitent les étudiants de « terroristes »…
Et Stéphane Gendron veut que le sang coule…
Et Eric Duhaime se demande si l’armée devrait intervenir pour «étouffer les problèmes des multiples manifestations» …
La tendance est lourde. Que ce soit en Europe ou au Québec, l’État se défait lentement de ses apparences plus ou moins séduisantes pour revêtir celui de l’État policier. En temps de crise, il ne saurait en être autrement. Héritière d’un lourd passé autoritaire, l’Espagne est à l’avant-garde de cette dérive qui, ici comme ailleurs, est cautionnée par les tenants de la liberté individuelle et de la démocratie.
Plage, paella et torture
La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur, Jorge Fernàndez Dìaz a annoncé son plan pour lutter contre les « collectifs antisystèmes » qui pratiquent des « techniques de guérilla urbaine » [1]. Le code pénal sera réformé en profondeur afin d’étendre les prérogatives de la Loi antiterroriste [2]. Cette loi est pourtant décriée par la vaste majorité des organisations de défense des libertés. Voici comment Amnistie Internationale décrivait la situation des droits de la personne en Espagne en 2004 :
« A plusieurs reprises, des politiciens ou des gardes civils auraient fait usage de leurs armes à feu de manière inconsidérée. De nombreux candidats à l’immigration se sont noyés en tentant de gagner l’Espagne depuis l’Afrique du nord par la mer. Des détenus ont déclaré avoir été torturés et maltraités. Le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitement inhumains ou dégradants (CPT) a vivement critiqué l’absence persistante de garanties fondamentales devant protéger les personnes détenues en vertu des lois « antiterroristes » contre les mauvais traitements […] » [3]
Cette réforme veut que la « résistance passive » soit désormais considérée comme un « délit d’attentat contre l’autorité ». En d’autres mots, elle veut que la désobéissance civile non-violente soit considérée équivalente au terrorisme. Elle veut également réprimer la diffusion de manifestations sur les réseaux sociaux. La diffusion de tels événements sera désormais considérée comme un « délit d’appartenance à une organisation criminelle ». Cet aspect vise tous les rassemblements qui « n’auraient pas été notifiés et qui s’accompagneraient du refus de vider les lieux malgré l’avertissement de la Police ». Elle s’attaque entre autres aux différentes occupations de lieux publics par les Indignés en mai dernier.
Démocratie autoritaire
Comment expliquer des telles entorses aux droits les plus élémentaires ? L’Espagne n’est-elle pas une « démocratie » ?
C’est bien le pire, car l’Espagne, qui célèbre cette semaine le 75e anniversaire des bombardements de Guernica, est effectivement un régime libéral. Mais si elle s’est débarrassée de la dictature militaire, elle n’en a toujours pas fini avec le fascisme. Suite à la transition démocratique (sorte de Révolution tranquille espagnole), les francistes ne sont pas disparus du paysage social et politique. Bien au contraire. Plusieurs d’entre eux ont joint le Parti populaire (présentement au pouvoir), d’autres sont toujours à la tête des cours de justice et des corps policiers. Ils ont continué à diriger les banques et les entreprises, à enseigner dans les universités, etc. L’exemple le plus évident de cette continuation est celui de Manuel Fraga Iribarne, ministre sous Franco et rédacteur de la Constitution (!) de 1978, qui dirigea la province de la Galicie jusqu’en… 2005.
C’est ce triste héritage qui donne aux Espagnols une longueur d’avance en ce qui concerne la répression de la contestation. En fait, l’Espagne nous enseigne que la frontière entre la démocratie libérale et l’État policier est mince, très mince. Espérons que cette tendance à la criminalisation de la contestation cesse avant qu’elle ne nous plonge plus profondément dans cette espèce de tyrannie démocratique dans laquelle nous nous enfonçons progressivement.
Notes
[1] Front de gauche : Place au peuple, « Espagne : le ministère de l’Intérieur projette de qualifier la résistance passive d’attentat contre l’autorité », 16 avril 2012 : http://www.placeaupeuple2012.fr/espagne-le-ministere-de-l%E2%80%99interieur-projette-de-qualifier-la-resistance-passive-d%E2%80%99attentat-contre-l%E2%80%99autorite/
[2] La loi antiterroriste, qui visait au départ à lutter contre l’E.T.A. (Euskadi Ta Askatasuna : Pays basque et liberté), permet à l’État de détenir « incommunicado » (sans contact avec l’extérieur) et pendant plusieurs jours un individu soupçonné d’avoir des liens avec cette organisation armée. Ces quelques jours d’isolement permettent évidemment aux policiers de procéder à de nombreux abus de pouvoirs. Plusieurs rapports font état de la torture affligée aux militants de la gauche indépendantiste basque, qui compte plus de 700 prisonniers politiques. Mais cette loi ne vise pas seulement les militants radicaux. Elle a également permis de rendre illégales d’innombrables manifestations (il est désormais interdit de manifester nommément pour l’indépendance au Pays basque), divers partis politiques (dont Batasuna, qui change de nom pratiquement chaque année), des journaux, (Egunkaria, Egin), des organisations politiques (Jarraï), etc.
[3] Source : Amnistie internationale, rapport 2004, p.328.
Dire que « Le SPVM a une escouade politique « antianarchiste » » est une proposition illogique.
L’anarchisme est, essentiellement, un rejet de l’autorité et de toute contrainte légale; donc par définition « hors-la-loi ».L’anarchisme actif est donc indifférent de n’importe quel autre acte criminel. Un corps de police est forcé d’appliquer le code criminel ou les règlements municipaux de la même façon pour tous. Votre hypothèse de politisation à rebours du SPVM ne tient donc pas.
Ce serait comme dire que des policiers qui font un barrage routier contre l’alcool au volant dans le Temps des Fêtes seraient une escouade politique « antihédonistes » s’ils arrêtaient des conducteurs en état d’ébriété se réclamant d’une quelconque philosophie dionysiaque à tout crin.
Sur la forme de l’argumentation d’accord, mais vous oubliez un détail sémantique important, l’anarchie et l’alcool n’ont que peu de choses en commun lorsqu’il s’agit de répression. L’un est politique, l’autre n’a que peu de choses à voir avec l’état. Et il ne s’agit pas ici (à moins que je ne me trompe) de critiquer le travail des policiers plutôt que de constater qu’il y a bel et bien déploiement d’une escouade spécialisée pour ce genre de manifestation. Alors si le corps policier doit appliquer la loi de la même façon pour tous, il faudrait vous rappeler qu’être anarchiste ne constitue pas en soi un acte criminel.
voyons! lis bien! larticle ne pretend pas que le SPVM compte une « aile anarchiste » ds ses troupes! larticle dit quil existe une « aile chargee de mater les anarchistes » au SPVM.
Expliquez-moi alors, si vous le voulez bien, ce qu’est le GAMMA (Guet des activités et des mouvements marginaux et anarchistes) relevant du SPVM.
« Cette réforme veut que la « résistance passive » soit désormais considérée comme un « délit d’attentat contre l’autorité ». »
« ici comme ailleurs, est cautionnée par les tenants de la liberté individuelle et de la démocratie. »
Parlant de repression je pense que les internautes et blogueurs devraient s’inquiéter de se qui se passe parfois dans leur journal.
Il semble que depuis deux jours, il m’est impossible de publier sur le blogue
http://voir.ca/brasse-camarade/2012/04/26/moi-aussi-je-veux-faire-la-revolution/#comment-838
Un commentaire sous la forme de l’humour qui invite a faire un concours dans lequel on recherche les sophismes dans le texte de Jerome ce qui est tout de même en accord avec la nétiquette et pas très méchant (j’en avais trouvé 7) .
Meme mon texte subséquent ou j’évoque la situation et ce qui me semble une modération a deux vitesses semble ne pas pouvoir être publié.
le message suivant
« pourquoi est ce que nous suivons pas les casseur et allons voir oû ils restent et faisons comme eux et entrons chez eux pour tous briser à l intérieur, cassons les fenêtres et volons leurs biens. si ils ont le droit,prenons le aussi. »
mais pas un texte qui invite a trouver les sophismes dans le texte …
Je suis disons sans voix et je me demande dans le fond si ces blogueurs qui évoque la démocratie, la liberté d’expression … si c’est pas seulement des belles parlure …
M. Lagacé a le même comportement.
Les insultes modérées, ça peut passer, mais la destruction de l’argumentaire, c’est faire usage d’une violence inouïe.
Au fait mon commentaire n’était pas diriger contre le blogue ici dont la modération me semble parfaite.
C’était un cris d’exaspération de la modération d’un autre blogue et c »est vrai que les autres blogueurs ne sont pas responsables.
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« M. Lagacé a le même comportement.
Les insultes modérées, ça peut passer, mais la destruction de l’argumentaire, c’est faire usage d’une violence inouïe »
Ce qui est fascinant c’est que dernirement les deux (Patrick Lagace et Jerome ) evoquaient comment favoriser l’excellence des commentaires avec chacun des solutions au « problème » semble-t-il des commentaires anonymes. C’est drole parce qu’un autre blogueur avec lequel j’ai eu un accrochage concernant la modération Pierre Yves semblait pas non plus aimer l’anonymat.
Peut être que dans le fond le problème vient d’une drôle de manière dans envisager la discussion publique et en particulier sur un blogue par certains blogueurs.
Par contre j’ai pu ploguer les sophismes ici …
http://voir.ca/normand-baillargeon/2012/04/28/a-lemission-ce-dimanche-8/
Il semble même qu’il y avait déja un concour de sophisme …
Ian, simplement pour vous dire que ce sont les blogueurs eux-mêmes qui gèrent les messages sur leur page. Je ne peux répondre pour les autres, mais en ce qui me concerne, je ne fait aucune censure. Je publie tous les messages à moins qu’ils ne contiennent des propos carrément haineux (et je ne suis pas très frilleux). Si jamais vous considérez que je manque de jugement envers un de mots messages, faites-moi signe et je vous promets des explications.
Bonne journée
Très bon texte.
« La tendance est lourde. Que ce soit en Europe ou au Québec, l’État se défait lentement de ses apparences plus ou moins séduisantes pour revêtir celui de l’État policier »
Ca semble en effet une tendance et le plus curieux c’est ces citoyens pret a justifier toutes les violences de policiers.
Je pense que ces nombreuses manifestations des étudiants ont permis de montrer de manière plus un peu plus claire qu’a l’habitude les nombreux comportements inacceptable d’un état.
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« Un corps de police est forcé d’appliquer le code criminel ou les règlements municipaux de la même façon pour tous. »
Concernant les reglements municipaux appliqués pour tous de la même facon … je pense que c’est une vue de l’esprit
Le simple fait que des itinérants vont recevoir des centaines de billets d’infraction pour ceci ou cela … évoque qu’on traite pas tout le monde sur le même pied …
Ensuite il me semble qu’au niveau des interventions concernant lesmanifestations d’étudiants … qu’on semble avoir plus de facilité a les asperger de poivre, leur taper dessus et c’est sans parler des conditions de détention.
Même le ministre de la sécurité publique …
Quand vient le temps de parler des différents cas de corruptions ( pas exemple un bénévole de l’année du PLQ …) le ministre de la sécurité publique évoque la présomption d’innoncence … qu’il peut pas se substituer aux policiers … dans le cas de l’ex ministre de la famille qui dure depuis 2 ans il dit que la police doit faire son travail et qu’il peut pas s’ingérer en faisant un commentaire …
Par contre quand vient le temps de parler de la CLASSE, des manifestations, de Gabriel Nadeau Dubois … le ministre de la sécurité publique est volubile … on peut évoquer la supposé violence ici … l’incitation a la violence la … la distance entre le politique et la police tient plus …