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Le Festif! – À la hauteur des rumeurs

logo_lefestif_2014Ça fait deux ans que des gens me parlent du Festif! de Baie-Saint-Paul. Pas seulement que je vois son nom passer dans les événements musicaux du Québec, mais bien qu’on me le recommande. Des «Eille! Tu aimes Tadoussac? Va à Baie-Saint-Paul!» ou autres «Le Festif!, c’est un peu comme le FME de Rouyn!» T’sais, des grosses comparaisons, quand même. Cette année, j’ai décidé d’aller voir par moi-même ce qui faisait tant jaser.

Si je peux me targuer d’avoir été là dès la 2e édition de Woodstock en Beauce et du 2e FME (on se pète les bretelles avec ce que l’on a), je dois admettre mon retard pour Le Festif! de Baie-Saint-Paul. On vieillit, les réflexes sont moins rapides. Si je dis ça, c’est que le festival de Charlevoix a tout pour rester et devenir un des incontournables des rassemblements de mélomanes. Il aura toutefois quelques défis.

Cette sixième édition a déjà beaucoup de points forts. En voici quelques-uns.

Le lieu: Ce n’était pas ainsi au début, mais, maintenant, Le Festif! se déroule dans le centre-ville de Baie-Saint-Paul. Le vieux centre-ville là, pas où la 138 passe avec le McDo. La rue Saint-Jean-Baptiste est belle, le site entourant l’église aussi. C’est déjà beaucoup. En plus, tous les sites se marchent vraiment très bien. En 10 minutes, on rejoint les 2 sites les plus éloignés. Un gros plus.

La programmation: D’un côté, programmer des groupes comme Galaxie, Mononc’ Serge, Radio Radio, ça va de soi. Je ne veux pas dire par là que c’est facile de réussir à les avoir, mais ce sont des évidences, des noms que tu essaies d’avoir dans ce genre d’événements. Ce ne sont pas des surprises. Toutefois, réussir à avoir autant de ces noms sur quatre jours, ça démontre la qualité de l’organisation. Il y a maintenant une industrie du festival au Québec et si Le Festif! n’avait pas une bonne équipe, il n’offrirait pas le choix déchirant de Mononc’ Serge/Louis-Philippe Gingras/Galaxie. Présenter Mara Tremblay, Dany Placard et Pierre Kwenders en après-midi, alors qu’ils sont souvent des têtes d’affiche ailleurs… ça démontre la qualité de cette programmation et de la concentration d’une certaine crème musicale québécoise.

En même temps, il y a de l’audace. What Cheer? Brigade, présenté dans les arts de la rue, une fanfare de fou du Rhode Island, qui n’a pas arrêté de faire des spectacles-surprises ici et là. Wow! Présenter Reel Big Fish, c’est jouer la carte de la nostalgie, mais de niche. C’est autant large public que risqué.

Les spectacles-surprises: Ils n’ont pas inventé la formule, mais ils l’utilisent avec doigté. Les «PopUp», les spectacles-surprises ou les #Imprévisibles comme eux le disaient ont été parmi les moments forts. Imaginez, Karim Ouellet en toute intimité le jeudi soir à minuit, Fred Fortin en homme-orchestre et Louis-Philippe Gingras en solo dans un dépanneur, Mara Tremblay au milieu d’une rue, Dylan Perron sur une terrasse ou Caltâr-Bateau sur le toit d’un gîte. Annoncé une heure d’avance seulement, c’est une course ou un heureux hasard qui te permettent d’y être.

Des spectacles gratuits: Je trouve ça très important qu’il y ait des portions gratuites dans un festival. C’est à la fois gentil pour les gens de la place et plaisant pour les petits portefeuilles pour qui le simple fait de se rendre sur place est déjà un défi financier. Parmi les gratuits? Dany Placard, Mara Tremblay, Pierre Kwenders… quand même!

La bière: depuis quelques années, je suis rendu assez snob sur la bière. J’ai beaucoup diminué ma consommation d’alcool et je ne bois plus dans le but d’être chaud ou d’avoir du fun, je bois une bière pour son goût. Si bien que maintenant, je m’en prive dans plusieurs spectacles musicaux. Mais au Festif!, c’est la bière de la Microbrasserie Charlevoix, en lager ou en rousse. Merci! C’est plaisant pouvoir boire une bonne bière dans un spectacle. C’était plate que ce soit que la lager à Hydro-Québec, on prendrait une variété de plus en général, mais c’est déjà cool. En plus, pour boire, tu dois acheter un verre écologique. Tu peux te le faire rembourser à la fin du festival ou le garder. Pas de site rempli de verres de plastique écrasés, de bouteilles. C’est propre, beau et intelligent.

Les défis ou les trucs à améliorer maintenant. Certains de ces éléments font partie de ses points forts, mais auront peut-être de la difficulté à être préservé.

L’humanité: Un des plaisirs du Festif!, c’est que c’est à échelle humaine. Depuis 2002 que je couvre des festivals et je dois avouer être rendu allergique aux grands événements. Les Plaines du FEQ? Pas pour moi. Avec sa plus grande scène qui permet à 4500 spectateurs d’y être, ça demeure encore à échelle humaine. Surtout qu’après, on parle de 500 ou 350 spectateurs, et plus petit encore, lorsqu’on pense au dépanneur. Garder cette «humanité» sera un défi devant le succès du festival. Falloir calme les idées de grandeur, mais j’ai espoir dans l’intelligence des organisateurs.

La bouffe: Oui, c’est rempli de bistros et de restaurants dans le vieux Baie-Saint-Paul. Ce ne sont toutefois pas tous des endroits pour tous les portefeuilles ou qui fittent avec les horaires. Sur le site de la scène Desjarins, la grosse scène, on y trouvait des hots dogs européens pour 5$. Pourquoi se limiter qu’à cet endroit? Un peu en lien avec la bouffe. Le hasard m’aura fait tombé sur trois cantines dans un stationnement légèrement en retrait des sites. Abordables, rapides, pourquoi ce n’était pas sur la carte du Festif?

Les indications: Parlons justement de la carte du Festif. Une fois qu’on a marché dans les rues, qu’on a visité les lieux, on comprend la carte dans le dépliant, sur le site et dans l’application, mais avant, ce n’est pas clair. Pas de noms de rue, pas d’orientation, manque de précision. Selon cette carte, le site Hydro-Québec était au coin des rues Racine et Forget, mais c’est plutôt St-Jean-Baptiste et Racine. Ce n’est qu’un coin de rue, mais je ne m’étais pas dirigé vers le bon endroit au départ quand même. C’est arrivé à 2-3 reprises que j’ai demandé à des gens de la ville des indications pour être sûr que j’allais vers le bon endroit. C’est clairement une faiblesse.

Des indications en ville pourraient aussi être mises. Des affiches pour dire où aller pour des restos, le dépanneur, pour indiquer où est tel site, la billetterie, etc. Ça aiderait vraiment.

Les toilettes: Ce n’était pas une catastrophe, j’ai vu vraiment pire ailleurs, mais il en manquait en nombres à certains endroits et il n’y en avait pas à d’autres. À améliorer.

Sous-sol de l’église: son seul hic, c’est sa scène, trop basse. Est-ce un hic technique du lieu? Il me semble qu’il y ait un jeu avec le plafond. Mais quand on ne voit que la tête du chanteur, c’est pas bon signe. Les claviéristes et les batteurs sont invisibles.

Dans l’ensemble, c’est un beau festival. Les organisateurs, qui n’avaient pas fait ça avant, le font bien et démontrent un instinct et s’inspire de ce qui fait de mieux ailleurs. J’ai pu, avec des discussions avec des gens de la place, comprendre que plusieurs résidents de Baie-Saint-Paul ont «peur» d’être dérangés ou de «perdre» leur ville. Ça fera partie des défis du Festif! et de son succès, de garder l’équilibre dans tout ça. Mais j’ai espoir. Bravo à toute l’équipe et aux festivaliers.

Pour des retours plus près de l’ambiance et sur les spectacles, je vous invite à lire mon collègue du VOIR Marc-André Savard (qui est un gars de la place, il me semble) – Jour 1, ici, Jour 2, ici, Jour 3, ici et Jour 4 – bilan, ici – et le dossier du blogue ecoutedonc.ca.

Je dirais quand même, en rafale, coups de coeur: What Cheer? Brigade trop bon et trop joyeux, Galaxie en grande forme, Dany Placard toujours aussi authentique, Louis-Philippe Gingras égal à lui-même, Chocolat qui se permet de jammer, We Are Wolves qui fait le party.