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Critique du dimanche: Batman forever

Le dimanche est une belle journée pour prendre son temps et ne pas se prendre au sérieux, je continue donc ma série d’observations sur la tétralogie Batman (1989-1997) amorcée il y a deux semaines avec les deux premiers de Burton.

S’il y avait des éléments cocasses ou étranges dans les deux Batman de Tim Burton, ça demeure des films avec plus de qualités que de défauts. Il y avait une vision artistique. Là, avec Batman forever, on tombe dans les versions de Joel Schumacher. J’ai quand même été surpris de voir que Burton est resté producteur exécutif… il a approuvé ça?! Aïe!

On quitte un univers gothique et somme toute réaliste pour un univers pointant ici et là du fluo. Et un Batman blond, avec Val Kilmer. Et l’arrivée de Robin (puisque Burton n’est plus là pour dire non). C’est le début du terrain glissant.

J’aurais pu noter beaucoup de niaiseries. Comme les tétines sur le costume de Batman. Comme le gros plan sur les fesses de Batman. Sur l’invraisemblance, même pour un film du genre, de la machine du Sphinx. Des trucs cons, il y en a à la tonne. J’ai essayé de ne pas noter ces évidences.

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BATMAN À JAMAIS (BATMAN FOREVER)
Sorti en 1995
Réalisé par Joel Shumacher
Avec Val Kilmer (Batman), Tommy Lee Jones (Two Face), Jim Carrey (Le Sphinx), Chris O’Donnel (Robin)

Pour ceux qui n’auraient pas lu mes deux premiers textes, je rappelle que la série Batman – Batman retuens – Batman forever – Batman & Robin sont tous des suites. Ce qui est arrivé dans les deux premiers existe encore. On a d’ailleurs les mêmes acteurs pour Alfred et Gordon. On change toutefois d’acteur pour Batman, on délaisse le sombre Michael Keaton pour le plus plastique Val Kilmer. Ça arrive. Entre vous et moi, je comprends Michael Keaton d’avoir eu peur de la version de Schumacher. Là où c’est un peu plus étrange, c’est Harvey Dent. Dans le premier Batman, le personnage existe déjà et est un Afro-Américain. Ici, dans le troisième, Harvey Dent a vieilli et a changé de peau. C’est maintenant un homme blanc. C’est vrai que ça manquait de blancs dans ce film. Bravo Joel! Tu as rééquilibré les choses!

En partant, le ton est donné. C’est comme un avertissement. «Si vous aviez aimé les deux premiers, vous risquez de souffrir avec ce film. Mais regardez comment votre gamin, lui, aura les yeux brillants!» La Batmobile a été pimpée, juste pour flasher. On dirait qu’elle est passée dans le garage de Pimp my ride. Et il y a une blague de sandwich pour la route, pendant que Batman file vers Gotham pour la sauver encore une fois. Oui, c’est rendu ça, Batman.

Two Face surgit dans un cirque, où travaille Robin (avant qu’il ne devienne Robin) et où Bruce Wayne est dans la foule, et notre beau criminel lance une menace: «Batman, dévoile toi ou je fais sauter tout le monde.» Bruce Wayne se lève et crie: «Je suis Batman». Bien, croyez-le ou non, personne ne l’a entendu. Même pas sa voisine de siège d’aréna, ce genre de siège où on se bat pour l’appuie-bras tellement c’est cordé. Quel beau hasard que sa voisine était sourde, quand même!

Après le décès de toute sa famille, Robin est recueilli par Bruce Wayne. Alfred arrive pour faire son lavage, mais Robin refuse et en profite pour essorer son linge en faisant du karaté (ou judo ou autre, vous voyez le genre, ses jambes donnent des coups à son linge et il accroche son linge sur une corde avec ses orteils). C’est premièrement vraiment poseur. Robin est clairement du genre à se promener avec sa grosse bagnole sur Grande Allée devant le Dagobert. En plus, ça fait plein de dégât. Pendant qu’il essore ses pantalons entre ses talons, il crée littéralement un lac sur le plancher. Ça dégouline et éclabousse partout! C’est une technique de merde! Je suis loin d’être millionnaire et j’ai une laveuse bien normale, mais il me semble qu’elle essore le linge. Il ne dégouline pas comme ça, karaté ou pas, quand je le mets sur ma corde a linge. Comment ça qu’un milliardaire a une laveuse merdique comme ça? C’est une scène vraiment troublante tellement c’est n’importe quoi.

Vers la fin, Batman est dans son Batjet et il détruit des affaires. Il est dans le ciel et il file à une vitesse normale d’un jet, c’est-à-dire pas mal vite. Ça n’empêche pas Batman et Gordon, qui est au sol en train de ne pas faire grand-chose (il est vraiment secondaire Gordon dans cette série), de s’échanger des pouces en l’air complices. Avoir autant de moyens financiers et tourner des «high five» dans le vide de même.

J’évoquais la semaine passée que Bruce Wayne passe son temps à dévoiler son côté chauve-souris à toutes les femmes qu’il rencontre. Ici, il rencontre une psychologue (Nicole Kidman) qui trippe sur Batman. Je vous rappelle que dans chacun des deux premiers volets, Bruce se dévoile à des femmes, qu’il tombe en amour et tout. Et là, il lâche à la psy: «Je souhaite vous dire quelque chose que je n’ai jamais dit à personne…» Quoi?! Et Robin? Et Alfred? Et Vicky Vale? Et Selina Kyle? À un autre moment, Bruce Wayne se ment encore à lui-même (et à nous tous) en disant à Alfred (il me semble): «Je n’ai jamais été amoureux avant.» Dans le précédent Batman, il disait pourtant à Selina Kyle qu’il avait perdu la femme qu’il aimait (Vicki Vale). Bruce Wayne a manqué sa vocation, ce n’est pas superhéros qu’il aurait dû devenir, mais membre du gouvernement Couillard!

Une pensée pour Jim Carrey. Ici, son personnage est trop près de ce qu’on a vu de Jim Carrey dans d’autres films, comme Le masque. C’est dommage parce que je crois qu’il aurait pu faire un bon Sphinx pour vrai. Il a déjà montré qu’il pouvait acter autre chose que des simagrées. Avec un bon réalisateur, sans fluo et de gadgets pour enfant, il aurait pu faire un Sphinx intéressant. Mais non.

Tommy Lee Jones souffre peut-être du même problème. On sent amplement le côté vilain, mais presque jamais Harvey Dent. On ne sent pas la dualité du personnage, il a juste l’air d’un dingue.

On aurait compris que Warner ne veuille pas tourner un autre Batman avec cette mauvaise blague, mais le studio ne doit regarder que les revenus et non l’artistique, parce qu’il y en a eu un autre. Pire encore. Même que Batman forever est dosé comparativement à ce qui s’en vient. Je vous en reparle la semaine prochaine!

Pour lire mes niaiseries sur Batman et d’autres sur Batman returns.