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Critique du dimanche: Batman & Robin

Déjà rendu à parler du dernier de la tétralogie Batman, entamée par Tim Burton et terminée (et démolie) par Joel Schumacher.

On sent dès la première scène, en fait, dès qu’on voit la distribution, que les producteurs ont dit à Schumacher qu’il pouvait se lâcher lousse, qu’il n’avait plus à retenir ses fantasmes. Ou, encore, ils lui ont demandé de créer un film pour vendre des jouets.

Pour ceux et celles qui ne s’en souviennent pas, notons que dans ce quatrième Batman, nous retrouvons Arnold Shwarzenegger en gros méchant bleu, Uma Thurman en sensuelle méchante verte, Alicia Silverstone en jeune recrue, Chris O’Donnell en ado frustré et George Clooney en chauve-souris.

Le scénario est absent, ce n’est qu’une série d’anecdotes servant à créer des scènes d’action ou à introduire des gadgets. Le film prouve que ce n’est pas parce qu’un des personnages principaux est un scientifique qu’il y aura de la science! C’est du beau n’importe quoi, j’ai donc dû trié un peu plus entre les niaiseries et les raccourcis scénaristiques. Voici mes observations sur Batman et Robin.

batman-robin-1997

BATMAN & ROBIN
Sorti en 1997
Réalisé par Joel Schumacher
Avec George Clooney (Batman), Chris O’Donnell (Robin), Alicia Silverstone (Batgirl), Arnold Shwarzenegger (Mr. Freeze), Uma Thurman (Poison Ivy)

Quand je disais que le ton était donné dès le début, voici un bon exemple. Mr. Freeze fait un mauvais coup et gèle tout sur son passage. Mais ce n’est pas grave, Batman a des batpatins! Il avait déjà prévu l’éventualité qu’un jour un gros méchant s’amuse à tout glacer. Quelles sont les probabilités? Minces! Mais il y avait pensé! Dans son regard, on sentait un «Enfin! Mes patins me servent!» À moins que Batman fasse partie d’une ligue de garage? À quand un «Batman & Les Boys» ?

Se ramassant dans le ciel malgré eux (c’est ça que ça fait poursuivre sans fin des méchants), Batman et Robin sautent dans le vide. Pas de panique! Ils descendent en surfant sur des portes en métal. Ça fait seulement 10 minutes que le film est commencé et je me demande si mon calepin a assez de pages pour prendre tout ce qui s’en vient en note.

Parlant de Mr. Freeze, cet homme n’a qu’un gros fusil lorsqu’il attaque. On ne le voit pas manipuler particulièrement son fusil, changer des paramètres, ou tirer différemment. Non, il pointe, crie et tire son gel. Néanmoins, son arme n’a pas toujours le même effet. Ici, il gèle l’air. Là, il enferme des hommes dans de la glace. Ensuite, il gèle le plancher. C’est aléatoire ou intelligent, son jet? On ne sait pas trop. Le plus fou, c’est que son jet ne se limite toujours qu’à un objet ou une personne, même si Mr. Freeze vise toujours à peu près et que son jet touche autre chose. «Fuck off la conduction thermique» se sont dit les scénaristes.

Bane ne fait que lâcher des grognements. J’ai déjà entendu des zombies avoir plus de conversations que Bane. Son personnage n’est tellement qu’un gros zombie aux gros muscles que plein de gens avaient oublié qu’il existait avant que Christopher Nolan ne le ressorte dans sa trilogie. Même le personnage de Matt Damon dans Team America a l’air plus intelligent.

Il y a un télescope dans le centre-ville de Gotham, évidemment, financé par Bruce Wayne. Ce qui est étrange parce que Bruce est normalement un investisseur avisé, avec des principes. Financer un observatoire… dans un centre-ville. Pollution lumineuse, quelqu’un? Quelle métropole a un télescope dans son centre-ville?

Poison Ivy est clairement passive agressive. En même temps, elle était timide, se fait tuer parce qu’elle apprend un secret malgré elle, et ressuscite grâce aux plantes. Il y a de quoi être mélangée dans ses émotions. Elle devient une sorte de Dame nature… mais méchante. Une drôle de vision de la femme dans ces Batman. La femme ne peut être forte que si on tente de la tuer. Aussi, toute femme timide devient sexuelle lorsqu’elle frôle la mort. C’est la même chose qui est arrivée à Selina Kyle dans Batman returns. Même histoire, l’une a été sauvée par les chats, l’autre par les plantes. Les deux dans le même contexte et vivent la même tendance passive-agressive-sexuelle.

Dans le troisième Batman, Robin découvre par lui-même que Bruce Wayne est Batman. Et il apprend assez vite à assimiler l’univers de Batman, ses gadgets et tout. Finalement, c’est une andouille (on s’en doutait déjà). Batgirl, elle, décortique tout en deux petites minutes. Le temps de dire «Hein? Tu es Batman?» qu’elle contrôle déjà ses gadgets dans son costume moulant.

On sait bien que Batman est un homme occupé, il en serait déjà qu’avec une de ses deux vies. Néanmoins, il côtoie Alfred depuis sa jeunesse et Alfred n’est jamais loin. C’est déjà tiré par les cheveux qu’Alfred, un homme de plus de 65 ans, ait une nièce de 17 ans, mais ça se peut, mais que Batman n’en sache rien, ajoute une couche vraiment bizarre à ce personnage. Nous, les cinéphiles, semblons les seuls à avoir des doutes sur la réelle identité de Batgirl. Ça aurait été plus crédible qu’elle soit une voleuse convertie par l’intelligence de Batman, ou une fille illégitime de Bruce Wayne, ou une extra-terrestre échouée par hasard à deux pas du Manoir Wayne.

Vers la fin, Mr Freeze lance cette menace: «Crève de gel, Batman!». Crève de gel, mais qui dit ça?!

C’est le seul film de la série où Batman ne tombe pas en amour. Mais son secret n’est pas mieux gardé. Si ce n’est pas lui, là, qui le dévoile à quelqu’un, c’est Alfred qui le fait. Impossible que Bruce Wayne demeure en vie s’il y avait eu un 5e Batman (ce qui a failli arriver!), son secret n’en est plus un rendu là!

George Clooney aurait pu faire un bon Batman, mais pas ici. Ce qui est quand même mieux qu’Alicia Silverstone qui n’aurait jamais pu faire une bonne Batgirl, qu’importe le contexte.

Ce film-là a tellement fait mal que ça a pris presque 10 ans ressortir Batman. Ce n’est pas pour rien qu’il figure parmi les pires films. Je dois toutefois lui donner ceci. Il y a des films qui sont juste mauvais, lui, sa médiocrité fait au moins rire.

Pour lire mes autres niaiseries:
Sur Batman (1989)
Sur Batman returns (1992)
Sur Batman forever (1995)