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Critique du dimanche: Superman (1978)

Le film Supergirl a tellement été inspirant la semaine dernière que j’ai décidé de rester dans la famille. Les films sur son cousin sont sûrement aussi inspirants.

Vous connaissez l’histoire de Superman, je n’ai pas besoin de vous expliquer. Néanmoins, dans ce premier film d’une franchise de quatre, on voit les origines de Clark Kent, alias Superman, alias Kal El, alias l’homme d’acier, alias le gendre parfait pour toutes les belles-mères.

Le film a voulu faire un clin d’oeil à la bande dessinée et aux origines du personnage, avant le générique, avec une étrange scène d’un vieux cinéma des années 1930, avec la une d’un Action Comics… Sauf expliquer comment le Daily Planet nait, ça n’introduit pas grand-chose. Un clin d’oeil pas réussi, à mon avis.

Notons que le film a été coécrit par Mario Puzzo, le même qui a signé les scénarios des Parrains. Et le père biologique est justement joué par Marlon Brando, le parrain de la saga mafieuse. Je ne sais pas si c’est un hasard ce double lien avec Le parrain, mais sur Wikipédia, on dit que Marlon n’a jamais voulu apprendre ses textes et qu’il a eu 4 millions de dollars pour jouer 10 minutes. Sa performance ne vaut pas le prix. Au guichet, ça a dû être payant, mais pas artistiquement.

superman

SUPERMAN
Sorti en 1978
Réalisé par Richard Donner
Avec Christopher Reeve (Superman), Gene Hackman (Lex Luthor), Margot Kidder (Loïs Lane)

Le film commence sur Krypton où Jor El, le papa de l’homme d’acier, condamne Zod et ses amis à la fameuse zone fantôme. L’endroit où le procès se passe est un immense dôme, très peu éclairé. Ici, j’aurai un premier doute sur l’évolution apparemment avancée de Krypton. Pour envoyer les condamnés dans l’espace, c’est tout le dôme qui s’ouvre. Pas juste une partie du toit, c’est toute la paroi, les murs et tout. C’est peut-être impressionnant, mais c’est niaiseux et pas très efficace. Imaginez! S’il fait une tempête, tout le monde y goûte! C’est la catastrophe. Et ouvrir une bâtisse aussi massive et aussi grande pour propulser que trois personnes, alors que cette ouverture est assez grande pour laisser passer un Centre Vidéotron, si ce n’est pas plus, c’est vraiment un gaspillage de temps, d’énergie et d’efficacité.

Je sais que le film est sorti en 1978 et que le féminisme n’avait pas encore eu certains gains, il y a quand même des scènes douteuses. Pendant le procès de Zod, on accuse une grosse brute barbue d’être une grosse brute sans cervelle, on accuse Zod de complot, mais la méchante du trio, elle, est accusée de perversion. On dirait un procès d’une sorcière au Moyen-Âge. C’est tellement cliché qu’un homme accuse une femme de perversion. Ne manquait que le mot «hystérie». Plus tard, une femme est (faussement) évanouie sur une route. Elle est dans une robe sexy. Le capitaine de la troupe de l’armée qui est là dit qu’il faut « lui masser les poumons et lui faire le bouche-à-bouche », sans savoir ce qu’elle a. Il tasse le soldat pour le faire à sa place. Il a bien dit lui masser les poumons, comme dans pogner les seins, et non « faire une réanimation cardiaque ». Et lorsque le capitaine se penche pour le faire, tous les soldats autour de lui se resserrent comme pour mater. Ou le couvrir. C’est juste louche. Dans ma tête, j’ai vu un écriteau s’allumer avec «culture du viol». À l’époque, ça devait être une ben bonne blague.

Les femmes n’ont pas l’air d’être si importantes sur Krypton. Ça se pense évolué tout en étant patriarcal à fond. Dans un même ordre d’idée, dans une réunion des sages de Krypton, tous les sages ont leur logo sur la poitrine, sauf la femme du conseil des sages. En plus, lorsque Jor El envoie Kal El dans un vaisseau sur la Terre, il se lance dans un long discours qu’il lui laisse en héritage son savoir, sa force, son intelligence, son histoire. Un long discours sur tout ce que Jor El lègue à son fils. Pendant ce temps, sa femme est là, toute triste. Mais pas un mot sur son héritage à elle. En fait, c’est comme si elle était complètement insignifiante dans tout ça.

Un autre doute sur l’intelligence de Krypton. La planète explose parce qu’un énorme soleil les avale. Bon, au début, on voit le conseil de Krypton nier les calculs de Jor El. Contester des chiffres, des théories, c’est une chose. Ne pas voir un énorme soleil s’approcher aussi près (ils allument quand la planète est en train d’exploser) me fait poser beaucoup de questions sur leur technologie et leur intelligence. Pas besoin d’un télescope pour voir qu’un soleil s’approche dangereusement. Si notre soleil devient trois ou quatre fois plus gros dans notre ciel, et même plus, ça ne passerait pas inaperçu, aussi cons sommes-nous.

Le voyage de Kal El vers la Terre dure trois ans. Le vaisseau est minuscule, à peine plus gros qu’un berceau. Comment s’est-il nourri? Comment s’est-il lavé (parce qu’il est immaculé), comment peut-il être en santé? Il ne pouvait pas bouger! Des plaies de lit, ça n’existe pas pour les Kryptoniens? Surtout, comment a-t-il bien pu comprendre tout ce que Jor El racontait sur un enregistrement qui jouait en boucle? Pour comprendre une langue, il te faut des référents. Entendre un discours en boucle ne te fera pas comprendre la langue si tu ne peux pas la référer à autre chose.

Adolescent, Clark Kent se pique une petite course contre un train. À part une petite fille, personne ne le remarque. Mais bon, le journal local est tellement intéressant, normal que personne ne regarde dehors. Toutefois, l’effet spécial pour faire courir le jeune Clark aussi vite est vraiment risible. Même des joueurs d’impro réussissent à mieux recréer une course folle que le studio hollywoodien. Les jambes ne suivent pas les bras. En fait, si une personne courait aussi mal, il ne filerait pas plus vite qu’un train, il ferait juste se planter. La prouesse n’est pas sa vitesse, mais qu’il ne tombe pas.

Un jour, Clark part dans le Nord, se retrouver. Sa crise d’adolescence, en gros. Il lance un cristal qui niaisait dans son vaisseau et ça crée un palais. La technologie kryptonienne à son meilleur, sans se demander les dégâts sur l’environnement. Une fois à l’intérieur, Jor El apparait, en hologramme. «Je t’ai enseigné tout au long de ton voyage» lui lâche le paternel. Mais c’est pas vrai. La preuve, c’est qu’il doit tout recommencer, et ça dure des années. Lorsque Clark réapparait, il est passé d’un adolescent à un homme. Finalement, j’ai peut-être ma réponse, le jeune Superman ne comprenait rien aux discours de son père dans le vaisseau, puisqu’il a fallu recommencer. En même temps, comment ça que son père parle anglais? Ou que Clark parle krypton?

Loïs Lane est souvent présentée comme une grande reporter, une fonceuse, une gagnante du Pullitzer, même, le plus prestigieux prix en journalisme. Mais elle ne sait pas écrire! Elle demande comment on écrit «diffusion» et «massacre» et son patron lui dit qu’elle ne sait pas écrire «dépecer». Des journalistes qui font des fautes, il y en a, c’est même normal, et j’en fais des fautes, mais c’est rarement de cette manière. Ce n’est pas comme si c’était des mots rares. Massacre. Il n’y a aucun piège dans ce mot! Là, c’est comme si le personnage était une grande chimiste, mais qu’elle demandait le quotient de 64 divisé par 8.

À un moment, le méchant Lex Luthor balance un policier devant un train. Lorsque les autres policiers arrivent, ils trouvent le chapeau du policier, mais aucun autre morceau de son corps! Rien! On va dire que ça se peut.

Dans un de ses longs discours pompeux, Lex Luthor lâche: «Pourquoi le plus grand génie et leader du monde est entouré que par des crétins comme vous?» C’est exactement ça, Lex. Peut-être n’es-tu pas si génial? Les personnes intelligentes qui réussissent leur coup s’entourent des meilleurs, pas de crétins. Tu devrais te remettre en question, Lex. Les crétins attirent les crétins.

Depuis le début du film, Loïs Lane semble davantage couvrir les faits divers. Elle parle toujours de corps, d’effusion de sang, etc. Et là, tout d’un coup, on l’envoie couvrir la visite du président des États-Unis! Ça se peut, mais c’est bizarre.

Superman donne des ordres aux officiers de la justice. À des policiers. À des gardiens et patrons de prison. «Enfermez-les» qu’ils leur lancent. Et ce, sans que ces gens soient passés par le système de justice. Ce n’est pas très éthique pour un monsieur aussi poli.

Grand charmeur qui ne s’assume pas tant, Superman fait faire une petite balade dans le ciel à Loïs Lane. C’est clair que c’est un gros avantage pour cruiser. Ceci dit, c’est Superman qui vole, pas Loïs. Admettons que l’on s’accroche, nous, pauvres humains qui ne volent pas, sur un truc qui vole, on va plus se pendre après cet objet que voler en soi. La gravité nous attire encore vers le bas. Loïs, elle, même si elle est tenue que par le bout de ses doigts par le bout des doigts de Superman, elle vole à l’horizontal comme lui, comme si le simple fait de toucher Superman faisait qu’elle volait. Mais non! Ça ne marche pas comme ça la gravité! Sinon, c’est que Loïs a des abdos et des cuisses musclées en maudit pour etre capable de se tenir aussi droite.

Avant l’arrivée de Superman, on ne savait même pas que Krypton existait. On ne sait pas l’âge de Superman non plus, il ne le dévoile pas. Et ça ne fait quelques jours qu’il « existe ». Ça n’empêche pas Lex Luthor de déduire que la Terre a dû recevoir des météorites de Krypton lors de son explosion (ce qui se peut) et que cette météorite dégagera une radioactivité qui sera mortelle pour Superman. Sur quelle supposition? Détail. Et il réussit à trouver la bonne météorite simplement en regardant un bouquin répertoriant les dates où des météorites sont tombées. Bon, sa théorie se peut, mais les probabilités sont assez minces. Ce n’est pas du génie, c’est de la chance.

Loïs Lane fait une entrevue dans une voiture. Ça a l’air pas si pire, jusqu’à ce qu’on voit qu’elle tient un micro dans sa main et regarde son interlocuteur… tout en conduisant sur une route sinueuse! C’est quoi ça?! C’est tellement dangereux! Loïs Lane est peut-être suicidaire.

Le gros plan machiavélique de Lex Luthor est de faire exploser la Californie afin que ses terrains prennent de la valeur. Pour faire exploser la Californie, il pirate des missiles de l’armée américaine en leur introduisant des coordonnées. Cette scène se passe pendant le transfert des missiles, d’une base à une autre. Là où je débarque, c’est qu’au lancement des missiles, l’armée ne contre-vérifie pas les coordonnées avant de les lancer. C’est après tout que des bombes atomiques. Pourquoi on vérifierait deux ou trois fois que tout est ok avant de les lancer? En plus, depuis quand on programme la destination d’une bombe avant qu’elle ne soit sur sa base de lancement? Les commandants peuvent bien se demander pourquoi les missiles ne vont pas où ils devraient.

La semaine prochaine, Superman II.