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Festival d’Été de Québec: où sont les femmes?

Je le dis en partant, je n’écris pas ceci pour lancer des tomates au Festival d’Été de Québec, ni pour crier au scandale. Je l’écris parce que la nouvelle programmation du festival est symptomatique ou représentative de la place des femmes dans l’industrie musicale. Parce qu’elle est un exemple parmi tant d’autres.

Même si elles semblent moins actives, le sujet des femmes en musique n’est pas moins pertinent, ni moins d’actualité encore aujourd’hui.

Autant il serait trop facile de dire que c’est seulement dû au contexte et que les programmeurs n’y peuvent rien, autant il serait trop facile de dire que ce n’est qu’une question de volonté pour les festivals. Cette zone grise n’enlève quand même rien à cette question : où sont les femmes?

Pas besoin de me nommer celles qui sont dans la programmation, je ne les cherche pas vraiment. C’est une question rhétorique. La vraie question est quelle place ont les femmes dans cette programmation.

Une chose est sûre, elles ne sont pas les têtes d’affiche. Sur les 11 gros noms mis de l’avant, une seule femme (Lorde). À un nom d’être complètement absentes des têtes d’affiche.

Ce n’est pas un truc unique au Festival d’Été de Québec. Parmi les 20 têtes d’affiche de Coachella, par exemple, seulement 4 femmes. Là aussi, on est encore loin de la parité.

Je sais bien que le Festival d’Été de Québec ne contrôle pas les tournées des artistes et qu’ils ne peuvent pas forcer les Lady Gaga, Madonna, Bjork, Adele, Taylor Swift, Beyonce et autres grands noms de faire des tournées.

Admettons que plusieurs grands noms féminins ne font pas de tournées en juillet, ou loin de l’Amérique du Nord, il demeure cette question : pourquoi il y en a si peu? Lorsque des chanteurs prennent des pauses ou sont en tournée ailleurs dans le monde, ça ne crée pas de « panne » ou de vide, il en reste d’autres à contacter qui, eux, seront en tournée au bon endroit au bon moment. La preuve, les 10 sur les 11 têtes d’affiche au FEQ et les 16 sur 20 à Coachella.

Ce que ça démontre surtout, c’est que la bonne foi a des limites. C’est un cercle vicieux. Moins en montre, moins il y en a. Plus on mettra de l’avant le talent artistique des femmes, plus des jeunes filles tenteront de faire leur place. Oui, il faut un peu forcer la main, parfois – et ce n’est pas si dur.

Depuis deux ans, tous les jours, je programme paritairement la musique d’une quotidienne. Ma musique est toujours en rotation, enchainant à tour de rôle un gars, une fille, et ainsi de suite. Constamment. Et la qualité musicale n’en est pas affectée.

Si je ne me forçais pas (quoique maintenant, je le fais sans réfléchir), j’aurais sûrement un ratio similaire au FEQ, malgré ma bonne foi et ma réelle volonté d’encourager les artistes féminins.

Je sais qu’il y a plein d’excellentes artistes dans la programmation du Festival d’Été de Québec. De même que d’excellents gars aussi. Mais quel est le ratio?

J’ai regardé la liste sur l’affiche (il y a, je crois, certains noms sur le site qui ne sont pas sur l’affiche, j’ai pris l’affiche pour le comptage) et j’ai compté 111 hommes ou groupes masculins, 26 femmes ou groupes féminins et 10 duos ou groupes mixtes dont la voix est féminine. Même en ajoutant la troisième catégorie aux femmes, on tombe à 111 projets masculins contre 36 féminins ou à la voix féminine. Environ 24%. Pourquoi un tel ratio?

Et là, je ne parle même pas que la plupart du temps, les noms féminins sont dans les plus petites salles. Pas sur les Plaines.

Surtout, pourquoi a-t-on jamais eu, encore, une programmation majoritairement féminine? Ce n’est pas comme si le ratio changeait complètement chaque année, ça s’inscrit dans une tendance, un problème de fond. Une situation que le FEQ ne peut corriger à lui seul, mais à laquelle il peut aussi faire partie des initiatives positives.

Et je le répète, ceci n’est pas une critique envers le FEQ en soi. Ce problème est partout. Au Festival international de jazz de Montréal, aux Francofolies, au Bluesfest d’Ottawa, etc.

Je soulève simplement une triste tendance. Je me demande surtout : on fait quoi? On laisse aller ou on essaie de casser le cercle vicieux? On s’en lave les mains ou on montre l’exemple?