Un mélange de sentiments, je dois avouer. Une partie de moi n’est pas si surprise, je sais qu’il y a des gens qui ont tendance à pointer les autres pour leurs problèmes, se lavant de toute responsabilité. Une autre partie demeure quand même troublée par tout ce que je découvre sur les «Incels», ces «célibataires involontaires».
L’expression – et le «mouvement» – m’est apparue avec les événements de Toronto, puisque c’est présent dans le dernier tweet du présumé auteur. Je ne comprends pas pourquoi rouler sur n’importe qui viendrait venger son célibat. Ni même qu’on puisse venger le célibat. J’ai un peu de misère à comprendre qu’on puisse se considérer «gentlemen suprême» tout en tuant des gens, mais je ne m’aventurerai pas là-dedans aujourd’hui.
Je suis intrigué parce que je suis moi-même un éternel célibataire. J’ai lu quelque part que les Incels incluaient les gars sans relation amoureuse et sexuelle depuis six mois. Six mois! C’est rien, six mois! Pas juste par rapport à moi et mes années de calme plat, mais six mois est un délai raisonnable entre deux relations!
Les Incels disent que c’est la faute aux féministes. La Meute dit que c’est la faute aux musulmans. Deux exemples de frustrations qui se défoulent sur des boucs émissaires, qui font une mauvaise lecture de la société – et d’eux-mêmes.
Malgré les dérives de leur colère et de leur souffrance, qui ne peuvent clairement pas expliquer la violence exprimée, il ne faudrait pas banaliser leur souffrance pour autant. Elle existe quand même.
Il y a vraiment une image à casser. Cette caricature du mâle alpha qui aligne les conquêtes, c’est du délire. Oui, certains gars réussissent à charmer en chaîne plusieurs filles, à l’image de Barney dans How I Met Your Mother, mais ils sont une minorité! Ils sont rares, ces mecs. Et ces filles, aussi, disons-le au passage! Et sont-ils heureux? Est-ce un modèle à suivre? Est-ce vraiment cool?
Le mythe de la femme qui se jette sur les hommes est un mythe écrit par des hommes. Un obscur et triste fantasme devenu cliché de la culture populaire.
La plupart des gens ont de la difficulté à cruiser, à trouver des partenaires et à trouver l’amour. C’est ça, la norme, avoir de la misère. On nous vend le contraire, mais non. La preuve, les succès des Tinder et des agences de rencontre. L’art est inondé d’histoires d’amour qui marchent pas!
Ceci dit, c’est vrai qu’il y a des gens qu’on se demande pourquoi ils sont célibataires. Ils paraissent bien, sont gentils, intelligents, drôles, etc. A priori, ça peut sembler incongru. Quand on creuse, il apparaît parfois des bribes d’explications comme une grande timidité, certains principes de vie, des vices cachés, à certains moments. Parfois, il ne semble pas y avoir de « raison ». Une malchance, un contexte de vie, on ne sait pas trop.
C’est triste quand ça arrive. Mais c’est triste aussi pour ceux et celles qui sont clairement mis de côté par les normes sociales. Il y a des gens qui n’arrivent même pas à concevoir qu’une personne handicapée puisse avoir une vie sexuelle ou que des personnes avec le syndrome de Down puissent avoir une vie amoureuse. Ça, c’est triste. Cruel, même, parce qu’on ne leur reconnaît même pas ce besoin, ce droit et cette possibilité. C’est lourd!
Il faut casser cette image que le couple égale bonheur, que la vie passe automatiquement par la relation amoureuse. Le bonheur peut passer par d’autres chemins que le couple et les enfants. Par ses normes et ses habitudes, la société met beaucoup de pression sur les célibataires – beaucoup de choses sont pensées pour le couple. Les célibataires sont souvent mis de côté.
Mais il y a aussi une autre image à casser. Souvent, aux célibataires de longue date, on va leur dire qu’ils ont juste à se bouger les fesses, qu’à se mettre beau, qu’à aller dans la rue et draguer, bref, que ça ne serait qu’une question d’attitude et de volonté. Et ça, ça peut être blessant ou méprisant. Ça revient au même à dire que le pauvre n’est pauvre que par sa faute. C’est tenir pour acquis que la personne ne fait rien. Ils ont déjà assez de poids sur les épaules, inutile d’en ajouter.
C’est rarement aussi tranché. Ce n’est pas que la faute à la société et ce n’est pas que la faute à l’individu. C’est la plupart du temps un mélange de différentes affaires.
J’ai beaucoup réfléchi à mon propre célibat et si je sais que je fitte pas dans certaines cases sociales, que je suis anorme. En plus, j’ai beaucoup de difficultés avec les relations sociales. Pas juste en amour, en amitiés aussi, et dans les relations familiales et professionnelles. Et ceci ne devient donc pas qu’un défi pour trouver une partenaire, mais dans ma vie en général. Ça serait pas mal idiot de mettre ça sur le dos des femmes.
Ainsi, mes difficultés sociales combinées à mon physique anorme expliquent en partie, j’imagine, mes années de célibat, en plus de différents facteurs comme le hasard.
C’est vrai que ça peut être lourd, blessant, fâchant, déprimant. Je me bats constamment avec un élan autodestructeur qui se nourrit de ma vie solitaire. Je suis vraiment bien placé pour compatir avec les gens qui sont d’éternels célibataires comme moi. Je suis moi-même dans une période où ma solitude me pèse énormément! Mais je ne vois pas comment elle peut justifier la moindre violence. Même sur un forum Internet!
Quand je suis frustré envers mon célibat, c’est moi que je maudis, pas le monde, encore moins les femmes. Cette violence derrière Incel me trouble vraiment.
Surtout, comment peux-tu te prétendre gentleman, comme un bon gars, si tu as en toi autant de violence envers les femmes, autant de misogynie. Cette violence me semble un sacré problème et un sacré repoussoir. Je dis ça de même, mais je ne connais pas beaucoup de filles qui ont envie de sortir avec un gars qui prône le viol et les agressions…
Oui, la solitude blesse, ça rend amère, mais la violence n’est jamais une solution.
J’invite la société en général à revoir la manière dont elle conçoit le célibat, autant pour les hommes que les femmes – d’ailleurs, les femmes aussi peuvent être célibataires pendant de longues périodes…
Il faut arrêter cette pression sociale. Il faut revaloriser tous les autres liens sociaux que nous avons. Il faut faire de l’éducation sexuelle. Cessons de glorifier la performance. Brisons les damnés stéréotypes dans la culture populaire. Arrêtons les blagues machistes. Cessons d’applaudir cette culture de la conquête, cette culture du sexe, cette culture de l’exploitation. Dénoncer l’utilisation de termes comme « slut », « chienne » ou « salope » dans la porno.
Il faut améliorer les accès aux soins en maladie mentale, mieux prévenir les dépressions, les détresses psychologiques. Il faut répéter et répéter que souffrir n’est pas une faiblesse, que chercher de l’aide n’est pas une faiblesse et que de toute façon nous avons tous et toutes des faiblesses.
On a tous et toutes nos démons, nos luttes, nos failles, nos chutes. Personne n’est infaillible, personne.
Féministes, je réitère mon soutien dans vos revendications en cette période où une violence s’exprime et agît en vous visant. Non, vous n’êtes pas le problème de la société. J’invite les hommes à être solidaires envers les femmes qui, avec raison, se sentent visées. Aidons-les à changer le monde, tout le monde a à y gagner. Les femmes et les hommes – et les non-binaires. L’égalité profite à tout le monde.
Pour avoir vécu plusieurs années de célibat, justement pcq je ne peux pas procréer.
Il y a tjrs une raison pour se séparer. Moi je préfère être seule c moins compliqué et je suis libre de mes décisions et de mes actions….pas de comptes à rendre. Mais je dois dire que je survie pcq la société est effectivement fait pour les couples.
Merci d’avoir écrit ces mots qui apaisent. Peut-être peut-on parler du célibat comme d’un tabou que personne n’ose transgresser.
je m’excuse la meute ne fais pas le proces des musulmans ……. n’est-il pas vrai de dire qui seme le vent recolte la tempete lina
cessons le FB et dansons saluons les autres parlons aimons nous sans arriere pensee …..ma generation a danser chanter rie crier s’est exprimer socialement sans se faire constament insulte elle etait evoluer et l’evolution n’est pas FB dat sit ……. nous sommes robotiser et l’ame l’esprit font place a une performance que personne ne peut plus atteindre comme humain soyez vous sans tabou
Merci.
Juste MERCI pour ce texte.
Très bon texte!
Je suis de retour sur un site de rencontre depuis quelques mois et si certains hommes comprennent et acceptent un refus poli, d’autres répliquent avec violence.
Et lorsque cela arrive, des mots violents en réplique à mon refus… cela ne fait que me confirmer que j’ai bien fait de refuser ce contact et de suivre mon instinct.
Je comprends très bien que se faire virer de bord à répétition, c’est dur pour l’estime de soi à la longue. Mais ça ne donne aucunement le droit d’être violent, même en paroles…
Ils doivent avoir une bien piètre estime d’eux-mêmes pour s’exprimer ainsi.
Et il y a ceux qui insistent aussi… Même après un non clair… même en cette époque post-#metoo…
Merci, merci, merci !!!
Très bon texte, le meilleur que j’ai lu (depuis deux heures) sur le sujet des « incels »
(mais la conclusion – pro féministe – ne « colle » pas avec le texte)
Leur souffrance existe :
» Malgré les dérives de leur colère et de leur souffrance, qui ne peuvent clairement pas expliquer la violence exprimée, il ne faudrait pas banaliser leur souffrance pour autant. Elle existe quand même. »
Principe de vie : Refus de donner sa virginité à une non vierge (choix = Mieux vaut rester puceau que d’avoir une « pute » (qui a couché avec d’autres) pour mère de ses enfants)
« Quand on creuse, il apparaît parfois des bribes d’explications comme une grande timidité, certains principes de vie, … »
Bien vu : « Souvent, aux célibataires de longue date, on va leur dire qu’ils ont juste à se bouger les fesses, qu’à se mettre beau, qu’à aller dans la rue et draguer, bref, que ça ne serait qu’une question d’attitude et de volonté. Et ça, ça peut être blessant ou méprisant. Ça revient au même à dire que le pauvre n’est pauvre que par sa faute. »
« Ça serait pas mal idiot de mettre ça sur le dos des femmes. »
Pourquoi ? Ce sont quand même elles qui disent : « Non. »
« Je me bats constamment avec un élan autodestructeur qui se nourrit de ma vie solitaire … Mais je ne vois pas comment elle peut justifier la moindre violence. »
Mais pousser quelqu’un au suicide (même involontairement, par un simple « non ») est une violence.
Et, cette violence faite par la femme est aussi réelle que la souffrance ressentie
Si la femme peut être violente, l’homme aussi …
L’accumulation de frustrations peut conduire à une auto-destruction de celui qui souffre et/ou une destruction de la source de souffrance
« la violence n’est jamais une solution »
sauf lorsqu’elle est considérée comme finale (qui met fin à tout)
« Il faut faire de l’éducation sexuelle »
Oui, à condition de dire la vérité …
Dire que la femme (comme l’homme) est un animal
Que la plupart des femmes considèrent l’homme comme un porc (qu’il convient de balancer)
« Féministes, je réitère mon soutien dans vos revendications en cette période où une violence s’exprime et agît en vous visant. Non, vous n’êtes pas le problème de la société. »
Faux. Le féminisme est le cancer de la société. Le féminisme a détruit la famille (cfr divorce, la dénatalité)
Le féminisme n’a nullement amélioré la condition des hommes (que du contraire !). Le féminisme ne vise qu’à l’amélioration des conditions de vie des femmes.
Rappelons que les hommes se suicident quatre fois plus que les femmes
Que les hommes sont vingt fois plus nombreux en prison
Que les hommes vivent moins longtemps que les femmes
Que les femmes ne payent (quasi) jamais de pensions alimentaires à leur ex
…
Tiens, un homme persuadé que les femmes sont plus chanceuses que les hommes.
Sans vouloir vous bousculer dans vos certitudes, le féminisme vise à améliorer les conditions de tout le monde, parce que c’est aussi lutter pour que les hommes aient droit à un congé parental ou à un droit de garde après le divorce égal à celui d’une femme. Qu’ils puissent être père au foyer sans être mal vus. Etc.
Combattre le patriarcat, c’est aussi faire tomber la pression de la virilité sur des hommes qui ne peuvent pas la supporter. C’est d’ailleurs l’une des causes de suicide.
Bref, nous avons tout à gagner en faisant en sorte que la société nous traite tous équitablement.
PS : La famille n’est pas « détruite », c’est une notion en pleine mutation. Au lieu d’avoir des mariés malheureux ou qui se trompent mutuellement, on a la possibilité de retrouver le bonheur ailleurs. Quant à la natalité, si votre idéal c’est de revenir à une moyenne de 5-6 gosses par femme (ce qui détruit sa santé, hein), je pense que vous trouverez votre bonheur dans un pays où il n’y a aucun accès à la contraception.
PPS : Non, la plupart des femmes ne considèrent pas les hommes comme des porcs. Sauf si vous considérez les femmes comme assez bêtes ou désespérées pour se marier et avoir des enfants avec eux 😀
J’ajouterais aussi que si une personne est témoin qu’une organisation comme Incel renferme des membres qui prônent la violence, devrait le signaler immédiatement. J’ai aussi été fru d’être célibataire longtemps et surtout à l’adolescence.
J’étais même convaincu qu’elles préféraient toutes fréquenter des beaux gars même s’ils ne s’intéressaient pas à elles. Comme s’ils étaient le trophée de l’un et de l’autre. J’avais tellement de tendresse et d’amour à leur donner.
Finalement j’ai rencontrer quelqu’un qui est devenue la mère de trois merveilleux enfants. I’ll faut juste être patient et faire quelques changements parfois car être soi même n’est peut-être pas suffisant.