C’est terminé! Mon #DéfiMartineau s’est terminé avant-hier. Un mois à écrire tous les jours un texte inspiré par l’actualité.
Je dis tous les jours, mais en fait, j’ai plutôt écrit tous les jours ouvrables, du lundi au vendredi. Comme si je simulais que j’étais chroniqueur quotidien à La Presse ou un autre média qui publie tous les jours. Ça donnait 21 jours à écrire sur les 30 que compte le mois d’avril. J’ai finalement écrit 24 textes pour le #DéfiMartineau.
Comme je racontais le 1er avril, je me suis lancé ce défi à la fois par curiosité, mais aussi pour me tester.
J’étais curieux de voir si le rythme imposait un vide – une critique récurrente envers certain.e.s chroniqueur.euse.s. Est-ce que se forcer d’écrire tous les jours allait finir par me faire dire des bêtises? Ma pertinence allait-elle diminuer drastiquement tout au long du mois d’avril? Allais-je devenir une usine à saucisse?
Une partie de moi est fascinée par cette discipline d’écrire tous les jours, de réfléchir tous les jours sur un enjeu politique, social ou autre. De toujours avoir de quoi à dire. Malgré mon métier, je suis quelqu’un d’assez discret dans la vie, qui n’a vraiment pas toujours de quoi à dire. J’aime les silences. J’aime prendre le temps de réfléchir avant de m’avancer sur une idée. Et ça se fait rarement sur une seule journée. Je pense que peu de gens ont réellement de quoi de pertinent à dire tous les jours sur la société, sur la politique, sur l’actualité, sur la vie.
Je voulais aussi me tester. Étais-je capable d’écrire tous les jours? Combien de fois je frapperais le mur du vide, l’absence d’idées ou d’opinions? Allais-je être frustré de ne pas pouvoir creuser un sujet? Combien de fois j’allais faire face à la page blanche? Combien de fois j’aurais honte de mes textes?
Au bout du compte, je suis satisfait de ma moyenne au bâton. Je ne dirais pas que je suis fier de tous mes textes, mais je les assume pas mal tous sans problème. Il y en a que j’aurais aimé mieux écrire, j’aurais aimé parfois avoir le temps pour vérifier une information, discuter avec quelqu’un, approfondir une idée, mais dans l’ensemble, et surtout dans le contexte où je l’ai fait, je suis content de ma moyenne au bâton.
Ces 24 textes en 30 jours ont été écrits au travers l’animation d’une émission quotidienne à la radio, l’écriture de commandes de textes comme journaliste ou auteur, d’une campagne de financement à ma station de radio, de réunions avec la FPJQ, de création d’une illustration, de dix jours sans Internet et d’une guerre avec Bell et plusieurs autres dossiers de la vie personnelle sans intérêt pour vous. Je veux dire, même sans mon défi, mon mois d’avril aurait été bien chargé professionnellement.
Donc, combien de fois ai-je frappé un mur? Moins souvent que je l’aurais parié. Deux fois. À deux moments, je ne savais vraiment pas de quoi parler. J’ai cinq ou six brouillons pas terminés, aussi, parce que certaines journées, trop de sujets m’intéressaient, ou j’avais trop d’idées. Mes pires textes, selon moi, n’ont pas été écrits lorsque j’ai frappé mes murs. Même que certains textes écrits rapidement ont parfois eu plus d’impacts que d’autres plus réfléchis. Bon, on sait déjà que le clic aime le niaiseux, mais ça surprend quand même encore, parfois.
Peut-être que l’expérience serait différente si je faisais ce défi à plus long terme. Un mois, c’est court. Sur un an, peut-être que je trouverais que je me répète. Ma confiance augmenterait peut-être – ou plutôt les doutes qui m’habitent continuellement finiraient par me noyer. Ma curiosité a tripé, toutefois, puisque ça oblige de s’informer encore plus que je le fais déjà.
J’ai un peu de misère à juger ce que je vaux comme chroniqueur. On est rarement son meilleur juge, ayant un regard trop gentil ou trop dur. Ça aura peut-être l’air étrange de dire ça, puisque ça fait plus de deux ans que je chronique au Voir, et que je l’ai fait avant au Nord-Côtier, puis au BangBang, mais je pense que j’ai un potentiel.
Ceci dit, au-delà de ce que je vaux ou pas, cette petite expérience me fait croire que si certaines personnes écrivent du vide, ce n’est pas dû au rythme. C’est parce qu’elles ne veulent pas faire autre chose que ce style qu’elles se donnent. Je ne pourrai plus prendre le contexte du rythme de la production comme excuse d’une récurrence de textes vides ou impertinents. On ne peut pas toujours écrire sur des sujets de fonds, fouiller tout ce qu’on dit, et c’est bien de varier, jouer dans les styles, j’en ai fait du léger pendant mon défi, mais ça me parait encore plus un choix, aujourd’hui, et non une contrainte ou une obligation.
Merci à ceux et celles, à vous, qui m’avez suivi et même encouragé dans ce défi. J’aurais fait le défi même si c’était passé dans le beurre, mais vos commentaires, réactions et mots en privé m’ont encouragé et m’ont surtout poussé à écrire de bons textes. En tout cas, le plus possible.