Men I Trust / Headroom : L’union fait la force (MISE À JOUR)
Au lieu d’une formule duo avec collaborateurs précaires à géométrie variable, la formation pop-électronique Men I Trust devient officiellement un quintette et propose Headroom, un deuxième album plus «adulte» qui paraît à peine un an après le premier.
«J’voulais pas que le projet tombe dans l’oubli», confie, dans les premières minutes de l’entrevue, le leader du groupe originaire de Québec Dragos Chiriac, faisant allusion au délai très rapproché des deux albums.
Dans une ère où, courtisé de tous bords tous côtés, l’auditeur type passe d’un artiste à l’autre en l’espace de quelques secondes, le compositeur, multi-instrumentiste, arrangeur et mixeur de 26 ans a décidé de retourner, sans tarder, en studio plutôt que d’attendre un quelconque «bon» moment.
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Une décision judicieuse, considérant l’engouement dont le groupe avait bénéficié en mai 2014. «On a réussi à se tailler une petite place sur la scène musicale de Québec», affirme, en pesant ses mots, Dragos Chiriac, avant d’y aller d’une franche autocritique. «Ce qui nous a nui un peu, c’est notre mauvais marketing, dans le sens que personne ne savait qui était vraiment dans le groupe. Y a aussi le fait que, juste après notre lancement, on a raté plein d’offres de show, comme Osheaga et des premières parties nices. En gros, c’est de ma faute: j’avais mal synchronisé le compte Gmail du groupe et j’ai juste pas vu les messages. Quand on a réécrit à tout le monde, c’était trop tard. C’est vraiment attardé mental…»
Après avoir étudié comme il faut le fonctionnement de Gmail, Dragos et son allié Jessy Caron ont pris la décision de former un groupe officiel en faisant appel au vidéaste et batteur Vincent Laquerre ainsi qu’aux chanteuses Odile Marmet-Rochefort et Emmanuelle Proulx. «Le but, c’était d’avoir une synergie stable avec des membres permanents», explique le musicien qui écrit également les textes. «Ça aide pour les pratiques. Les gens se sentent moins remplaçables.»
Pas fait pour être cool
Composé à parts égales par les deux membres originaux, ce deuxième album «dévie tranquillement de l’électronique pour aller vers des sons plus matures», fortement inspirés du jazz. «C’est pas un album qui est fait pour être cool», admet-il. «Oui, on aime encore les trucs cheesy des années 1980, mais on s’en écarte de plus en plus. Ce qui donne la cohérence à l’album, c’est la manière dont on travaille les sons.»
Ainsi, le titre, Headroom, évoque autant «l’au-dessus» et «l’élévation» que «l’espace dans le mix que tu te laisses avant 0 dB pour pas clipper». Doctorant en musicologie, Dragos Chiriac a passé de longues heures enfermé au Laboratoire audionumérique de recherche et de création (LARC) de l’Université Laval pour venir à bout de l’album, comme il l’avait fait pour le précédent.
«Le premier album, c’tait juste intense, je vivais une vraie détresse psychologique», confie-t-il. «Dans la vie, je suis un bourreau de travail extrême et je pousse tout le monde à la limite. Cette fois, je voulais prendre ça plus relax, mais j’ai pas vraiment été capable… J’étais très stressé, je dormais pas. Chaque jour, j’me levais tôt et je restais au studio jusqu’à très tard. Pour décompresser, j’allais me paqueter un peu, pis le lendemain, j’me relevais encore trop tôt. La fatigue a continué de s’accumuler jusqu’à maintenant… Heureusement, la pression va relâcher quand ça va sortir.»
La délivrance n’a visiblement jamais été aussi proche.
Headroom (Indépendant) // En vente via bandcamp dès le 23 juin
Spectacle de lancement: 3 juillet au Cercle (invités: Ghostly Kisses et Fjord)
// Mise à jour, 10 juin à 13h30: Men I Trust vient (enfin!) de dévoiler le premier extrait de son deuxième album. Aux voix? Nulle autre que la chanteuse Helena Deland.
L’album complet sera disponible en streaming exclusif via voir.ca dès le 23 juin.