Rap local : Casse-Croute, Canevas Crew, Tour de Manège et MB
Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les prochains shows et les plus récentes sorties des scènes rap et hip-hop instrumental québécoises.
Casse-Croute, vent de renouveau //
Toujours aussi irrévérencieux, le collectif Casse-Croute sort d’un hiatus de près de quatre ans avec un nouvel EP.
Tout particulièrement actif entre 2006 et 2011, notamment dans les rues du centre-ville où il vendait ses nombreuses mixtapes à la main, le groupe montréalais reprend du service avec Éléphant rose. «Y a du monde qui m’ont demandé si je rappais encore!», envoie Saddam Huss, l’un des 10 membres. «L’affaire, c’est qu’on a jamais vraiment arrêté de faire de la musique, même si on sortait plus rien. On a juste pris un peu de recul avant de s’investir dans un nouveau projet.»
À l’écoute des huit titres de ce mini-album (qui dépasse tout de même les 40 minutes), on comprend que les choses ont changé pour la formation. Si on y reconnait encore son insolence notoire, on y sent aussi le désir de proposer des textes plus réfléchis ou, du moins, plus travaillés. «On a évolué côté lyrical, c’est certain», observe Suspek-T. «On est rendus des grown ass man!»
«Ça fait longtemps que les gens trouvent pus ça cool, les lyricistes. À la base, je crois que ça vient d’une overdose de rap trop conscient», analyse Huss. «Nous, on croit que c’est possible de travailler ses lyrics, mais de rendre ça cool en même temps.»
[youtube]bWCQ30zqil8[/youtube]
Loin du cliché de «l’album mature», Éléphant rose trace le bilan d’une adulescence prolongée, là où les beuveries et les chillings se succèdent pour le meilleur et pour le pire. Clin d’œil au delirium que peuvent provoquer les substances illicites, le titre annonce plutôt bien les couleurs du EP.
Concoctée par Djazo, Saddam Huss et Daniel Mathieu, la direction musicale évite autant les tendances trap édulcorées que les rengaines boom bap et vacille vers des constructions modernes et épurées, où dominent les mélodies électro simples et les rythmes qui cognent. «On voulait que les gens soient déstabilisés d’une track à l’autre», résume Suspek-T.
Plus que jamais, Casse-Croute mise sur des chansons complètes plutôt que sur des posse cut, ces longues pièces sans refrain sur lesquelles plusieurs rappeurs se relaient. «Au lieu de se forcer à tous écrire un verse pour chaque track, on a décidé de faire des petits groupes. Ça a été le mot d’ordre pour l’EP, car avant ça, c’était vraiment l’enfer. Tout le monde voulait absolument faire partie de toutes les chansons», explique Huss.
«C’est moins monotone qu’avant. La couleur de chaque emcee ressort plus, j’ai l’impression», poursuit son collègue.
Du côté de la mise en marché, le collectif se renouvelle également. Au lieu de compter uniquement sur ses techniques de vente en personne aux alentours des stations de métro, il mise davantage sur le numérique. «Disons qu’on essaie de procéder d’une façon plus professionnelle», indique Saddam Huss. «Au début de notre vingtaine, quand on commençait, on a fait plusieurs erreurs stratégiques, mais là avec notre expérience et notre bagage, on peut espérer arriver à de bons résultats si on met le paquet.»
Tout de même, c’est environ 70 000 mixtapes que le collectif dit avoir vendu dans sa période charnière. «Pour vrai, c’était la folie», se souvient Suspek-T. «On était des requins, on avait faim. Pendant un bout, on était quelques-uns à payer nos loyers avec ça. Parfois, ça arrivait qu’un fan nous croisait et décidait de nous acheter toute notre discographie.»
Évidemment, certaines périodes étaient plus difficiles. «C’était un vrai travail de guerrier», dit Huss. «L’hiver, je me déplaçais tous les jours, même à -25. C’était vraiment quelque chose d’assez intense.»
En vente dès ce vendredi 2 juin, Éléphant rose marquera donc un vent de renouveau pour le collectif. En attendant, l’EP est toujours en écoute exclusive sur notre site.
Lancement Éléphant Rose – 3 juin (20h), Le Belmont (Montréal)
Nouveautés d’envergure //
Dix mois après B L E U, premier EP qui a dépassé le cap des 10 000 écoutes sur Soundcloud, le groupe montréalais Canevas Crew remet ça avec Pannais sauvage, une bonne dose de rap aux influences jazz et reggae.
Le collectif franco-québécois Tour de Manège présente une excellente compilation qui met en vedette de talentueux producteurs comme Liam, fruits et Dr. MaD.
Désirant souligner le million de vues de son clip Like It Doesn’t Hurt Me (en collaboration avec Charlotte Cardin), le rappeur Husser (des Posterz) livre la jazzy Paid to Party.
Quelques jours après avoir dévoilé un brillant deuxième projet, le duo Mori$$ Regal & Yerly y va d’un clip simple pour Pigeon.
[youtube]DYK4efxr88c[/youtube]
Juste avant la sortie de son projet Dice Game, le producteur de Québec Lewis D (des Maestronautes) en propose un prélude.
Très bonne collaboration soul/R&B pour Lucenda et Justine Garamani.
Le jeune et très prometteur producteur, rappeur et chanteur Yen Dough sort de quelques mois d’inactivité en solo avec deux pièces qui laissent entrevoir une direction musicale renouvelée.
Le producteur jåmvvis présentera bientôt son EP Lonely Thoughts. Le premier extrait overthinkin met en vedette Roman Austin et Mayzin.
Peu de détails sur ce beatmaker montréalais Jimmy PoumChak, qui se dévoile sur cette compilation de «lost tapes».
Une semaine avant la parution de son album #PuRLN, GunDei s’allie avec la chanteuse Magdala et le rappeur Souldia sur Entre l’amour et la mort.
[youtube]P6cnQndvZl4[/youtube]
Entre freestyle, slam et rap, Mef lance Toujours las.
Team XXI raffine sa proposition musicale trap lo-fi sur It Ain’t Much.
Les 13 Salopards annoncent leur projet Les chroniques du capitaine avec le clip Tipsy.
[youtube]jf-cObbK3fE[/youtube]
Proche de Lost et White-B, le rappeur MB envoie la mixtape Couvre-feu.
Encore une fois, Mike Shabb vise dans le mille avec une bombe trap.
Quelques semaines après la sortie d’un projet homonyme audacieux mais peu médiatisé, le duo INCH’ALLAH propose une nouvelle chanson qui croise hip-hop, R&B et électro.
Infrak collabore avec Ti-Kid (ex-Sans Pression) sur la percutante Nou La.
[youtube]GlAz4nM_jo8[/youtube]
Révélation de la scène street rap montréalaise, MTLord se fait un peu plus doux qu’à l’habitude sur Why You Slow.
[youtube]_9k93rQ62eg[/youtube]
Formé de Disaronno et J7, le duo Gros Big présente un clip ludique pour Ma blonde m’a crissé dehors, chanson pop humoristique de sa mixtape parue l’an dernier.
[youtube]ML01piUKHVc[/youtube]
Shash’U, Toast Dawg, Slim Rimografia, Pak Dj’een et KenLo Craqnuques sont réunis sur cette compilation de remix de la chanson Konba de Nomadic Massive.
En vedette dans cette chronique il y a un mois, la chanteuse et rappeuse Meryem Saci lance le mini-album On My Way.
3 shows à voir //
Deux projets des membres du groupe Maestronautes seront lancés jeudi soir à Québec : Bili-Bili de Biliwald x Baldwin ainsi que Dice Game de Lewis D.
Le Cercle (Québec), 1 juin (21h)
Le groupe Canevas Crew et le rappeur Kirouac présenteront les pièces de leurs nouveaux projets respectifs.
Artgang (Montréal), 7 juin (21h)
Très belle réunion franco-québécoise à prévoir ce vendredi, alors que la révélation parisienne Lomepal partagera la scène avec Miles, BNJMN.LLOYD et le duo à surveiller de très près, Fouki & QuietMike.
Le Belmont (Montréal), 2 juin (22h)
[youtube]C8k_zctiDH8[/youtube]