L’autonomie abitibienne
«Moi, j’habite dans le bois, à 7-8 minutes du centre-ville de Rouyn. Je coupe mon bois, je chauffe au bois, je suis très en contact avec la nature. C’est très particulier ce que je vis comparativement aux autres personnes du milieu musical», reconnaît Steve Jolin. «J’ai des bureaux à Montréal, mais ma place d’affaires demeure Rouyn, ce qui m’amène à rechercher un équilibre entre les deux. En général, quand j’ai passé une semaine en ville, j’ai hâte de revenir chez nous.»
Le pari était loin d’être gagné d’avance pour l’Abitibien de 39 ans. Attiré par le rap dès l’adolescence, il a d’abord cogné aux portes des maisons de disques, sans succès. «Le rap, à la base, c’est une musique très identitaire et territoriale. Moi, j’avais pas envie de jouer de game et je savais que la façon de me distinguer, c’était de parler de mes racines, de dire d’où je viens. Mais au début des années 2000, le rap d’ici connaissait une période creuse, et vu que ç’a toujours été un genre musical profondément urbain, je partais à deux prises. Le seul moyen que j’avais pour me faire entendre, c’était de m’autoproduire.»
Fondée en 2003, Disques 7ieme Ciel a connu une amorce lente. En trois ans, seuls les deux premiers albums de son fondateur y avaient été publiés. Mais la venue de Samian, natif d’Amos, puis les signatures subséquentes de Dramatik, Koriass, Manu Militari et Alaclair Ensemble, tous originaires de Montréal ou de Québec, l’ont placée au sommet des étiquettes les plus respectées du milieu hip-hop québécois.
Se considérant maintenant plus comme entrepreneur que rappeur, Jolin a fait naître une deuxième étiquette, 117 Records. Encore une fois, cette dernière est essentiellement tributaire de son amour pour la région. «L’idée m’est venue après avoir fait un show avec Lubik», dit-il, à propos de cette formation rock originaire de La Sarre. «J’avais trouvé leur son débile et j’avais envie de leur donner un coup de main. Je voulais pas les signer sur mon brand rap, alors j’ai créé une nouvelle division afin de m’ouvrir à d’autres projets.»
Deuxième parution officielle de cette étiquette, la compilation Desjardins est également nourrie par cette volonté de faire rayonner l’Abitibi. «Autant le réalisateur [Philippe B] que celle qui a confectionné la pochette [Karine Berthiaume] ou ceux qui ont fait les clips et les photos viennent de la région», explique-t-il. «Ce sont des gens très attachés à Richard Desjardins, qui se sentaient investis par le sentiment d’appartenance du projet.»
Au-delà de sa propre implication, Jolin constate que la débrouillardise est un trait de caractère typique des gens de son patelin. «C’est une région à l’ouest, isolée du reste du Québec. On a pas eu le choix de développer notre autonomie culturelle», analyse-t-il, ajoutant que le président de Simone Records (Sandy Boutin) et le cofondateur de Bonsound (Jean-Christian Aubry) viennent du même endroit. «On est aussi la région la plus jeune du Québec, la dernière à avoir été développée, et je crois que notre désir de défricher est encore plus fort.»
Loin de tout centre urbain, la région serait aussi caractérisée par son accueil chaleureux: «Les gens savent que, si t’as décidé de faire sept heures de route pour te rendre ici, c’est que tu as un grand intérêt.»
À Rouyn-Noranda selon Steve…
Un événement culturel qui se démarque?
«Le FME [Festival de musique émergente d’Abitibi-Témiscamingue]. Il y règne une ambiance festive et familiale, et les artistes et le public s’y mélangent. C’est comme un mini-SXSW le temps d’un long week-end. Ç’a commencé modestement, mais c’est rendu d’envergure internationale. Un de mes plus beaux shows en tant que rappeur s’est d’ailleurs déroulé durant la première édition. Je m’étais produit à la scène Paramount avec Sans Pression, qui venait juste de sortir son deuxième album. C’est le fun de voir que 15 ans plus tard, l’événement est à son plein potentiel.»
Du 31 août au 3 septembre, Rouyn-Noranda, fmeat.org
Une bonne adresse?
«J’aime bien le Cachottier. C’est un bon resto avec une bonne ambiance où l’on sert des tapas. Autrement, j’aime bien la microbrasserie le Trèfle Noir, une petite place sympathique où l’on sert de la bonne bière.» Ouverte depuis 2009, cette brasserie artisanale brasse plus de 120 000 litres de bière annuellement et peut maintenant compter sur 150 points de vente partout au Québec.
143, avenue Principale, Rouyn-Noranda, lecachottier.com
145, avenue Principale, Rouyn-Noranda, letreflenoir.com
Un trésor géographique caché?
«Les collines Kékéko, tout près de chez moi. On y trouve deux lacs et des beaux sentiers de marche. C’est une belle place pour prendre l’air et se ressourcer.» S’étalant sur plus de 43 kilomètres, les sentiers des collines Kékéko sont «un milieu exceptionnel pour les plantes et les champignons», notamment les pleurotes du peuplier (en juin), les chanterelles communes (en août) ainsi que les lactaires couleur de suie et les lactaires saumon.
Chemin Kekeko, Rouyn-Noranda, cegepat.qc.ca/sitekekeko
Les choix de la rédac
Le Festival pyromusical Osisko en lumière saura en mettre plein la vue au public avec ses feux d’artifice synchronisés à de la musique, le tout préparé par trois des plus grandes firmes canadiennes d’artificiers.
Du 10 au 12 août 2017, Rouyn-Noranda, osiskoenlumiere.com
Pour avoir la chance d’observer la faune locale, le Refuge Pageau est tout indiqué. Vous pourrez y voir des animaux sauvages de toutes sortes dans le besoin et en processus de réhabilitation.
4241, chemin Croteau, Amos, refugepageau.ca
Découvrez ce qui a fait survivre la région de Val-d’Or à la Cité de l’Or. Deux sites historiques vous apprendront les réalités des mineurs en vous transportant 91 mètres sous terre.
90, avenue Perreault, Val-d’Or, citedelor.com