Rockfest 2017 : s’arranger comme on peut
On entre au Rockfest comme on entre au Rossy : avec un doux mélange d’excitation et de méfiance, l’esprit égayé par les nombreuses possibilités qui s’offrent à nous. Une semaine après le début des festivités, qui s’amorçaient le 22 juin dernier à Montebello, nous reprenons conscience afin de vous livrer les quelques souvenirs qu’il nous reste.
Pour des raisons qui nous appartiennent, nous entrons dans l’antre du rock le vendredi matin, bien conscients d’avoir manqué un nombre incommensurable de moments cruciaux.
Grâce à la magie de la technologie photographique, nous avons toutefois pu frôler quelques instants de magie, comme ce moment de plénitude musicale propulsé par le frêle mais ferme Jérémy Gabriel arborant son t-shirt des grands jours…
…cet instant intime et foudroyant durant lequel Batlam s’est rappelé avec amertume ses écarts de conduite sur la piste cyclable…
…et surtout cet éclair de génie qui a poussé notre éternel Vincent Peake à porter ce costume fougueux.
Bref, à notre arrivée dowtown Montebello vendredi matin très tôt à la pluie battante, les festivaliers sont encore dans les culottes de Morphée. Pas plus fou qu’un autre, ce génie s’est installé convenablement dans un endroit à bas prix. Chapeau pour l’audace.
Tout doucement, le site se repose avant la décrépitude annoncée. Au loin, la scène REV, à l’effigie de la boisson homonyme qui combine goût discutable et taux d’alcool dans les deux chiffres, semble promise à de grandes choses.
À 11h, la chanson thème d’une émission jeunesse mythique résonne au loin. Intrigués, nous franchissons le mur du son afin de constater que se déroule alors un hommage à Watatatow et… à D-Natural. À notre arrivée, le nombre de spectateurs atteint des sommets.
L’ambiance est à son comble lors de l’interprétation des deux grands classiques du rappeur pionnier de Québec. En voici un aperçu significatif :
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Après plusieurs secondes à scruter l’étendue de l’absurdité du moment, on constate que c’est nul autre que la pornstar Vandal Vyxen (à gauche) qui mène les back vocals.
Décidément, le Rockfest part sur les chapeaux de roue.
Pendant que des hommages à Limp Bizkit (Pimp Bizkit), Eminem (Slim Charlie) et Cypress Hill (Cypress Chill) se succèdent, notre curiosité est invariablement piquée par deux individus qui se font un fun fou à se pousser assis.
Après ce moment phare de la musique moderne, nous quittons vers notre camping afin de nous installer convenablement. Rapidement, nous comprenons que, peu importe nos efforts, nous n’arriverons jamais à topper l’audace de ces participants.
De belles surprises nous attendent au détour de cette première marche villageoise, notamment des offres culinaires à ne pas négliger.
De loin l’installation de poubelles la plus pratique et efficace de la matinée.
Joli contraste entre la beauté florale et la douceur de l’ivresse.
Bien vu!
Très bon exemple de quelqu’un qui se rend pour la première fois au Rockfest et qui tente d’adopter une attitude trash sans trop de succès.
Quelques boissons plus tard, nous redécouvrons la joie de vivre alors que la pluie se décide à cesser ses activités. Bien malin, ce maitre du rock a compris qu’il ne devait pas attendre d’être trop chaud avant de prendre les dispositions nécessaires à son agrément.
De retour sur le site, cette fois plus achalandé, la boue a fait son œuvre, et les festivaliers l’adoptent à l’unisson.
D’ailleurs, ce plongeur professionnel n’hésite pas à vivre sa passion.
[youtube]DSOZM_WtkqU[/youtube]
Moins téméraires, ces rockeurs prennent le trash à la légère pour éviter de se faire du mal.
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Autrement, cette marée boueuse donne lieu à des immenses trous béants, que contournent avec un certain tact les festivaliers.
Belles culottes.
Vue d’ensemble de cette grande messe de la saleté ambiante.
Il est près de 15 heures, et c’est Pennywise qui s’exécute avec la tendresse anti-autoritaire qu’on lui connait. Homme de cœur, Jim Lindberg n’hésite pas à faire monter un hot-dog géant sur scène.
Dans la foule, cet individu se positionne comme le grand sauveur de notre monde avec son immense joint qui, grâce à des effets de perspective, atteint le sommet de la scène REV.
Lors de la conférence de presse de l’édition actuelle du Rockfest, Monsieur Martel lui-même nous avait promis un spectacle de Wu-Tang Clan avec l’entièreté des membres. Évidemment, tout ceci n’était que baliverne, mais on reconnait tout de même un certain effort de la part de l’organisation, car un cortège respectable siège sur place.
Fidèles à leur habitude, les membres du groupe new-yorkais se fient toujours un peu trop sur les autres pour compléter leurs rimes, ce qui donne parfois lieu à des moments un peu maladroits. Autrement, les nombreux classiques retentissent avec fougue, à l’instar de cette bouteille de champagne.
Une petite pause repas s’impose, et notre choix passe proche de se rabattre sur ce kiosque à l’aplomb avéré.
Le moment que nous attendions avec impatience est à nos portes : la prestation MÉTAL de Jérémy Gabriel avec le groupe Metalord. Heureusement, notre Jay s’est bien adapté à la faune rock et a judicieusement choisi de porter le même t-shirt que la veille.
Après nous avoir fait languir pendant de longues minutes, la formation invite enfin son invité de marque à performer son hit incommensurable, I Don’t Care.
L’ambiance est sens dessus dessous, à l’image de cette vidéo captée n’importe comment.
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En soi, ce refrain est une délivrance.
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Il n’en fallait pas plus pour partir un trash d’envergure considérable. Après Jésus, nous apercevons son instance papale dans une mêlée improbable.
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Le voici plus posé, avec un charisme à toute épreuve.
Petite parenthèse emo avec AFI juste après cette grande mascarade. Le beau Davey projette sa voix d’écorché avec une prestance survoltée.
Retour au camp pour s’abreuver avec générosité. En chemin, nous croisons ce pick-up au chargement dont la valeur s’estime à AU MOINS cinq/six millions de dollars.
Sans le vouloir, nous arrivons à temps pour le spectacle d’Offspring, qui reprend l’intégral de son quatrième effort Ixnay on the Hombre, paru il y a 20 ans. On dit «effort» ici, car le groupe semble devoir en faire beaucoup pour arriver à être capable de performer. Un peu fatigués, Dexter et Noodles arrivent quand même à livrer à terme la marchandise…
Plus qu’attendue, la performance de Rammstein s’amorce en lion avec de la boucane pis de la pyrotechnie.
Loin de n’être qu’un prétexte pour dépenser du gaz, le spectacle est rempli de rebondissements, de moments sublimes et de grosses drops de guitare électrique qui défoncent l’entendement. Bref, le groupe allemand donne un spectacle, un vrai, et ne lésine surtout pas sur les artifices. Alors que Flake joint l’utile à l’activité physique, en jouant du clavier sur un tapis roulant, le sensationnel Till Lindemann décuple sa force vocale au fur et à mesure que le spectacle avance, tout en multipliant les visages démoniaques dans ses accoutrements de maître.
Après autant de bruits, cet homme profite d’un endroit de qualité pour s’adonner à une sieste bien méritée. C’est d’ailleurs ce que nous finirons par faire dans six ou sept heures.
Le lendemain, suite à une nuit de sommeil bien humide de 47 minutes, il est important de ne pas perdre son air d’aller et de reprendre vie avec moult breuvages au choix. Cet homme égayé a bien compris cette idée de base.
Qui ne rêve pas de partir au volant de ce charmant véhicule?
De retour sur le site dès 13h, nous constatons à l’unanimité que ça n’a jamais vraiment été bon, P.O.D. Au lieu de s’entêter à regarder ce spectacle aux allures de test de son, nous préférons admirer les phénomènes qui composent la faune.
La jeunesse de la Petite-Nation se tourne ensuite vers le mythique groupe ska The Specials. En cet après-midi ensoleillé, cette offre musicale est accueillie avec une vigueur qui frôle l’exaltation.
Encore une fois, la boue est à l’honneur aujourd’hui, et il faut être brave pour risquer une telle traversée.
Difficile de faire mieux en termes de t-shirt.
On ignore parfois comment le temps fait son œuvre, mais il est passé 17 heures, et le moment où le légendaire groupe pop Good Charlotte est supposé entrer en scène arrive à grands pas. On sent l’excitation dans l’air.
À grands coups de Little Things, The Anthem et, surtout, I JUST WANNA LIVE, les frères Madden donnent un spectacle de haut vol qui suscite de nombreux cris discordants et, curieusement, un trash presque violent.
Heureux de vivre, nous entamons un traditionnel tour du village montebellois. Quelques beaux princes se présentent à nous.
Certaines scènes croquées sur le vif demeurent inexpliquées.
Sur le parvis de la maison funéraire, le party est pogné solide.
De passage à la cloison qui sépare les médias du ARTIST WORLD, nous trouvons cette glacière mystérieuse, probablement remplie d’une longue tignasse blonde et d’un air bête saisissant.
On ne sait pas trop à quel moment ceci s’est déroulé, mais il est clair que l’intoxication est impliquée dans le processus.
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Moment de tendresse entre velus.
Après un moment de répit où l’on a pu voir un homme se faire renverser une poubelle sur la tête, nous prenons la décision de faire quelque chose d’utile et d’aller voir des shows.
Ça commence en force avec Alexisonfire et son chanteur forcené à l’énergie infinie, le miracle ontarien George Pettit. La véhémence atteint alors des sommets dans les mouvements saccadés de la foule.
Juste après, At the Drive-in ravive ses fans d’antan avec un mélange équilibré entre ses chansons classiques et ses nouvelles pièces. Cedric Bixler n’a rien perdu de sa puissance vocale et de sa touffe singulière.
Le foie ragaillardi, nous apprécions avec justesse la prestation de Queens of the Stone Age. D’abord, c’est l’apothéose avec Feel Good Hit of the Summer et No One Knows l’une après l’autre. L’intensité baisse ensuite d’un cran, avant de reprendre son élan sur les inépuisables Millionaire, Little Sister, Go with the Flow et, en guise de finale, la miraculeuse Song for the Dead. Malgré un son un peu brouillon, ce qui semble être devenu la norme depuis qu’on a vécu un spectacle tapageur comme celui de Rammstein, la gang à Josh Homme a le catalogue qu’il faut pour assurer une belle joute sonore.
Alors qu’on s’enlise plus profondément dans la boisson, le génial Mononc’ Serge nous fait l’insigne honneur de reprendre la scène aux côtés d’Anonymus pour un spectacle de grande intelligence.
De quoi faire flipper ce centaure.
Enfin, Iggy Pop se présente avec l’armature reptilienne qu’on lui connait. Arrivé sur scène avec un quart d’heure d’avance, il est d’une politesse effarante et s’empresse de cracher sur la cortège de photographes à ses pieds. Même à 70 ans, Iggy se tient près de ses racines punk.
Musicalement, il garde le cap : quelques classiques de sa période Stooges (I Wanna Be Your Dog, Gimme Danger, Search and Destroy) et d’autres triées sur le volet selon son bon vouloir (mention à la toujours très efficace Lust for Life).
Comme la tradition le veut, terminons ce pertinent reportage avec notre top des meilleurs posts de la page Spotted Montebello Rockfest.
Bref, une autre belle édition sous le signe de la camaraderie. Vous m’avez fait rire en esti pendant le week end thanks.