Rap local : Mcm, changer d'air
Musique

Rap local : Mcm, changer d’air

Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, revue non-exhaustive des nouveautés de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.

Entrevue//

Quatre mois après la sortie de son deuxième album solo, Mcm s’apprête à vivre l’un des moments les plus importants de sa jeune carrière.

En plus de tenir la scène aux côtés du populaire rappeur français Sofiane lors de son passage à Québec, la rappeuse de 26 ans fera partie de l’édition québécoise très convoitée de Rentre dans le cercle, une websérie française d’émissions bimensuelles qui permet à des rappeurs établis et à des révélations de montrer leurs habiletés. «C’est un gros pas dans mon parcours. Je te cacherai pas que je ressens une petite pression depuis une semaine. C’est une série que je suis depuis un moment et je me suis déjà imaginé y participer… sans jamais vraiment y croire sérieusement.»

Organisé par le vétéran rap local Stratège, en collaboration avec Sofiane et son équipe qui ont initié la série en France, cette édition québécoise mettra également en vedette Loud Rymz, Souldia, Koriass, Loussa, Lost, MB et Sarahmée. Pour Mcm, l’idée de partager le micro avec cette dernière, l’une des rappeurs d’ici les plus en vue dernièrement, en dit long sur la place que les femmes commencent à prendre sur notre scène. «Au début on m’avait qu’ils allaient seulement prendre une femme, donc je croyais plus ou moins en mes chances. C’est l’équipe de Sofiane qui avait imposé cette demande. Finalement, ils ont choisi deux femmes pour des raisons que j’ignore, mais j’en suis très heureuse. Avec les années, j’ai l’impression qu’on n’aura même plus besoin d’obliger ce genre de quota minimum, car les femmes vont avoir pris la place qui leur revient.»

Originaire de Chibougamau, la rappeuse installée à Québec depuis plus d’une décennie a trimé dur pour en arriver là. Attirée par le rap québécois dès l’enfance, notamment grâce au collectif 83 dont elle récitait les paroles à l’âge de neuf ans, elle a eu envie de rapper à l’adolescence après avoir entendu d’autres femmes comme Yncomprize et Diam’s en faire de même. «Si j’avais pas eu ces exemples-là, j’aurais sûrement pas voulu faire du rap. C’est en voyant évoluer des femmes fortes comme ça qu’on peut se retrouver dans un milieu [aussi masculin].»

À 15 ans, son premier spectacle à vie, en première partie de Psycadelick (avec qui elle partage maintenant sa vie), lui a confirmé qu’elle avait la passion du métier, même si elle a attendu plusieurs années avant de faire paraître ses premières chansons sur la toile. En 2016, son premier album Militante portait en lui les déchirements et les doutes d’une artiste visiblement passionnée et déterminée malgré les obstacles qu’elle a dû surmonter. «Je me suis toujours battue pour ce que je voulais faire et, plus années les années avancent, plus je vois cette militante-là grandir en moi. Si t’écoutes ma musique, tu vois que c’est hard, que j’ai eu un parcours difficile, mais que j’ai jamais lâché. Dès l’âge de 15 ans, j’ai quitté ma famille à Chibougamau pour venir m’installer dans la capitale. J’avais envie de bouger, de changer d’air, mais ça n’a pas été plus facile une fois à Québec. Le vent tournait pas en ma faveur, je devais me battre encore plus. J’avais pas le choix, car à ce moment-là, l’école m’avait déjà lâché depuis un bout…»

Cet exil lui aura confirmé au moins une chose : le rap allait être sa porte de sortie. Cliché, cet adage l’a tout de même guidée dans ses actions. «En fait, j’ai compris qu’il y avait de l’argent à faire dans ce milieu-là avec la sortie de Militante. C’était pas beaucoup, mais quand même. En quelque sorte, ça me montrait que j’avais bien fait de galérer pendant toutes ces années. Évidemment, encore aujourd’hui, j’ai pas le choix de faire comme bien d’autres artistes et de mener une double vie», dit celle qui occupe un emploi d’assistante-optométriste, mais «à temps partiel par contre» afin de rester productive en studio.

Moins sombre que Militante, son album Bonnie and Clyde en collaboration avec Psycadelick a fait des vagues sur la scène rap de Québec. Paru en mai dernier, La Niña contient également ses instants de lumière – signe d’un changement notable dans la vie de la rappeuse. «Il est vraiment plus proche de la fille que je suis aujourd’hui. On sent que j’ai envie de décoller, de partir, ce qui est quand même assez spécial car je l’ai pas mal tout écrit avant de partir en Afrique», remarque celle qui a été invitée à participer à la Urban Women Week en mars.

Depuis, Mcm n’a qu’une chose en tête : repartir ailleurs dans le monde pour propager sa musique. Invitée à prendre part à un autre festival de hip-hop en France cet automne, elle ira aussi faire son tour en Belgique l’an prochain. Mais d’ici là, c’est son passage à Rentre dans le cercle qui occupe toute son attention. «Je mets toute mon énergie là-dessus en ce moment. Je pense pas que ça peut changer ma carrière, mais c’est certain que ça peut avoir un impact.»

Sofiane avec Mcm, Stratège, Rainmen, Beeyoudee et bien d’autres – Dagobert (Québec), 8 septembre (20h)

Nouveautés d’envergure // 25 aout au 2 sept

Shad, l’un des meilleurs rappeurs canadiens, fait affaire avec Kaytranada pour le deuxième extrait de son album A Short Story About A War, prévu pour la fin octobre.

[youtube]dJobkImCpkQ[/youtube]

Kaytranada se joint également à son frère Lou Phelps sur cette nouvelle pièce de The Celestics.

FouKi documente ses voyages en Jamaïque et à Cuba dans Playa, chanson tirée de son estimable premier album Zay.

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Signé sous Make It Rain Records, le Montréalais Kris the $pirit présente un nouveau clip au rouge éclatant, voire sanglant.

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Salimo laisse de côté sa signature pop et montre plutôt son versant rap plus brut sur ce freestyle.

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Au sommet de sa forme, Lost multiplie les punchlines sur Rocky Balboa.

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En prévision de sa mixtape Flocon rouge, Demon DOA joint Tizzo sur JNSP.

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Colo danse dans le trap.

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L’unique Doni Na Ma fait rayonner son flow chuchoté sur Tot Gxng, nouvel extrait/clip de sa mixtape God Vybz vol. 1 parue il y a quelques semaines.

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Les youtubeurs Jemcee et Gab Joncas rendent hommage au mini-putt sur Carl Carmoney, en collaboration avec le rappeur Vinny-G et le producteur Charlie Shulz.

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Le collectif ottavien et gatinois Uni-T se lie à ALP sur la festive et dansante L’argent.

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Membre de Uni-T, le rappeur Balzak Tpp se dévoile aussi en solo avec Pas le temps, pièce tirée de la compilation/mixtape Beyond Expectations.

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Deux jeunes futures révélations du rap québécois, LeMind et Raccoon, s’unissent sur On en reparlera.

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Bagfulltnf livre une chanson trap typique, mais bien rendue.

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Le rappeur fugitif Flawless Gretzky ne chôme pas et propose une autre pièce, cette fois avec Ali Baba.

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Le vétéran O.T.T. y va d’un quatrième extrait de Cauchemar africain, album lancé le 24 août dernier.

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Révélé au sein des WordUP! Battles, ParkaOne lance un premier EP solo, Petites bêtes.

Lou Piensa (de Nomadic Massive) met de l’avant ses influences jazzy et boom bap sur The Word Is You, un deuxième projet solo. Un clip pour la chanson-titre accompagne également cette sortie.

[youtube]BNKsVK_Ifmk[/youtube]

L’excellent beatmaker Slumgod témoigne de sa foisonnante créativité sur ce deuxième volet de Shitty Sounds, Good Times.

Nicholas Craven montre que productivité et talent vont de pair avec ses cinq nouvelles beat tapes instrumentales, toutes marquées par un amour du soul et du hip-hop old school.

Enfin, Nicholas Craven renoue aussi avec le rappeur au flow posé et rigoureux Jimmie D sur cet album hommage à Rufus Rockhead, défunt propriétaire du bar jazz Rockhead’s Paradise (situé dans la Petite Bourgogne à Montréal) et possiblement le premier entrepreneur canadien noir à avoir obtenu un permis d’alcool pour l’ouverture d’un établissement.

[youtube]cQvlvaKr5I8[/youtube]

3 shows à voir //

Le Bruit des Arbres

Présenté dans le cadre du festival citoyen Projet Ex, cet évènement présente une programmation multidisciplinaire auxquels se joindront certains artistes hip-hop de la métropole tels que Nate Husser avec Thug Mansion Family, Voyage Funktastique et Kirouac avec Kodakludo.

6666 Saint-Urbain (Montréal), 8 septembre (midi)

FouKi

La série de spectacles panquébécoise de FouKi et de son producteur QuietMike se poursuit avec cet arrêt trifluvien en compagnie de Vendou.

Bar L’embuscade (Trois-Rivières), 7 septembre (21h)

OUMF 2018

Le festival de la rentrée culturelle et scolaire montréalaise mise sur une programmation majoritairement hip-hop pour sa 8e édition. En plus de la légende Ghostface Killah, l’évènement mettra également en vedette plusieurs représentants rap locaux tels que Dead Obies, Lost, White-B, Mike Shabb, Maky Lavender, La Fourmilière, Marie-Gold, Rowjay, Obia le chef et Kris the $pirit.

Plusieurs endroits dans le Quartier latin (Montréal), du 5 au 8 septembre

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