Rap local : les 50 meilleurs projets de 2019
Dans la foulée des bilans annuels, voici le palmarès des 50 projets hip-hop québécois (albums, EPs et mixtapes) qui ont marqué nos 12 derniers mois.
50.Dead obies
dead.
Loin d’être un sommet dans la carrière de Dead Obies, ce troisième opus marque surtout par son homogénéité et sa concision, deux critères qu’a rarement incarnés la formation montréalaise. Plus honnêtes que jamais dans leurs textes, les quatre emcees font preuve de souplesse et de fluidité au micro, misant principalement sur des flows chantés ou rythmés, toujours très accrocheurs.
49.sadam huss’
polyester
48.sadik
monarque
Avec Monarque, son soi-disant dernier projet solo en carrière, Sadik clôt habilement un chapitre de sa vie. Ses textes éclairés et son flow captivant se démarquent, et la diversité de ses collaborateurs (autant des révélations que des vétérans) confirme qu’il est l’un des artistes les plus respectés de la scène rap locale.
47.sarahmée
irréversible
Profitant d’une belle tribune médiatique depuis quelques années, Sarahmée a prouvé qu’elle était à la hauteur de l’engouement qui la précède avec Irréversible, un deuxième album plus personnel, lumineux et recherché que son prédécesseur, paru quatre ans plus tôt. À ses côtés, le duo de producteurs TenAm (formé de Tom Lapointe et Diego Montenegro) présente une trame musicale riche aux influences pop, trap et afro.
46.Chad Game X Jibré
illasnow
Les Montréalais Chad Game (fka Dialekt) et Jibré s’unissent sur Illasnow, prodigieux projet hip-hop aux racines soul et jazz. Produit par le toujours excellent Nicholas Craven, l’album marque par la simplicité de ses arrangements et par la verve des deux rappeurs, qui se relancent tour à tour la balle avec éclat et mordant.
45.Jeune Loup X Mike Shabb
rx
44.obia le chef
zoklo
43.raccoon
gentil pour un noir
Raccoon évolue admirablement sur son premier album officiel Gentil pour un noir, qui fait suite au prometteur Mettre les gants, tuer le croc-mitaine, également lancé cette année. Si la direction musicale manque légèrement de vision et d’audace, les textes, eux, s’avèrent plutôt bien ficelés, tandis que le flow et l’exécution du jeune rappeur frôlent la perfection.
42.HELI∆S
soma
Le producteur sherbrookois d’adoption montréalaise Eliot Dallaire-Payeur alias HELI∆S fait preuve d’une remarquable créativité sur Soma, un deuxième EP instrumental qui mêle hip-hop, ambient et synthwave. De la jazzy Blue Eyes à la méditative aux relents new age Eyes Wide Shut, le voyage auquel il nous convie est unique.
41.dope.gng
fiend
Produit par le collectif Novengitum, ce premier album de dope.gng (qu’on avait découvert l’an dernier sous le nom de Dopamine) combine trap saisissant, esthétique emo/punk et contours pop bien dosés. La promesse d’un avenir radieux pour le duo montréalais.
40.heartstreets
why make sense
Au croisement du hip-hop et du R&B, Why Make Sense impressionne par son côté épuré, fruit d’une chimie naturelle entre les voix limpides de Gab Godon et Emma Beko. Au passage, on note la qualité exemplaire des compositions signées Philippe Brault, Ouri, Realmind et Pilou.
39.shreez
la vie gratuite
38.Klātu
absorb
Sur Absorb, le producteur électronique Klātu rassemble les pièces les plus intéressantes publiées sur sa page Soundcloud entre 2011 et 2018. Loin d’être trop éparpillée, cette compilation mêle hip-hop expérimental et electronica dans une ambiance onirique ciselée qui rappelle parfois l’inventivité du style du Néoécossais Ryan Hemsworth.
37.jai nitai lotus
ppl
Vétéran de la scène rap anglo-montréalaise, Jai Nitai Lotus continue d’ouvrir ses horizons à toutes sortes d’explorations musicales sur PPL, un court projet dans lequel il vante les mérites de l’amour universel, perçu comme l’ultime remède aux maux qui nous entourent. Intègre sans être naïf, le rappeur et producteur nous fait réfléchir et nous fait du bien avec cet opus puissant et éclaté.
36.Nicholas Craven & Tha God Fahim
Tha Myth Who Never Quit
Le très prolifique producteur montréalais Nicholas Craven renoue avec le tout aussi (sinon plus) prolifique rappeur atlantien Tha God Fahim, reconnu pour avoir sorti plusieurs dizaines d’albums en 2018. Sur Tha Myth Who Never Quit, le rappeur évite encore tout compromis commercial et livre une suite de rimes habiles, qu’il place de manière brute sur les productions minimalistes et bien ficelées de Craven.
35.loe pesci
slow down papa
Figure de proue du battle rap canadien, le Montréalais Loe Pesci prouve qu’il n’a rien perdu de sa verve sur Slow Down Papa, album qui marque la fin d’une pause musicale de plusieurs années. En grande forme, le rappeur pose admirablement sur les productions empreintes de soul de MoonBoots, INSANITY! et Tommy Kruise.
34.hua li
dynasty
Ce deuxième album de Hua Li (un premier en quatre ans) brille par son esthétique audacieuse ainsi que son propos à la fois pertinent et unique, dans lequel la rappeuse connecte son éducation chinoise, son identité queer et sa culture occidentale. Composé par Alexander Thibault, Dynasty s’avère un inventif alliage de hip-hop, d’ambient et de R&B des années 80.
33.jt soul
goodbye, lightspeed
Harmonieux mélange de trap, de house, de R&B et de dancehall, Goodbye, Lightspeed est une brillante démonstration de la polyvalence de JT Soul, jeune rappeur originaire de Saint-Léonard. À la barre du label Oddio Ent., l’artiste trouve en ce deuxième EP (coréalisé par le compositeur myDirtyhaircut) une belle carte de visite.
32.vendou
trèdou
Vendou a trouvé son filon avec Trèdou, un troisième EP doux et planant produit par quelques-uns de ses camarades du mégacollectif La Fourmilière (notamment Oclaz et Rousseau). Un mini-album d’une douceur fortifiante et d’une uniformité épatante.
31.st x liam
malheureux magnifiques
Deux ans après Franglophone, une première incursion en français réussie, le duo ST x LIAM rapplique avec Malheureux magnifiques, album aux compositions aériennes et aux textes introspectifs avisés. Le tandem est à son meilleur sur H.W.G., pièce jazzy rap psychédélique au fond mélancolique qui permet à ST de se confier avec un pertinent recul sur ses ambitions artistiques.
30.agua negra
aguacero
La réunion entre les rappeurs Paranoïze et Cotola (également producteur) a pris de la profondeur et de la maturité depuis 2012, année de la sortie d’un premier album homonyme salué par la critique (et nommé au GAMIQ). Sur Aguacero, le duo latino-québécois livre un hip-hop organique teinté de boléro, de cumbia, de soul et de funk. Une digne évolution.
29.steve beezy
la réforme 4
Chef de file de la relève rap de Québec, Steve Beezy trace son chemin avec constance depuis plusieurs années. Avec La Réforme 4, sa mixtape la plus aboutie en carrière, il témoigne une fois de plus de son talent et de son aisance au micro. Son portrait avisé des rues de Limoilou et de son passé sinueux y est particulièrement prenant sur Rétrospective et Switch Side.
28.d-track
dieu est un yankee
27.mike shabb
gloom
Épaulé par VNCE Carter (de Dead Obies) à la production, Mike Shabb ressurgit avec GLOOM, un EP en partie enregistré à Los Angeles qui s’inscrit dans la lignée plus pop de son prédécesseur Newave. Délaissant une fois de plus l’ambiance rugueuse et hermétique de son premier album Northwave, le rappeur et producteur montréalais se fait ici plus posé et moins arrogant.
26.nkusi
GUTANGiZA
DJ qui a fait sa marque aux côtés de la chanteuse Cherry Lena, le producteur montréalo-rwandais Nkusi apaise avec GUTANGiZA, un EP lo-fi lumineux, oscillant entre ambiances ensoleillées et tamisées. La composition Frequency y est tout particulièrement envoutante.
25.Kirouac & Kodakludo
summer pack!
Avec Summer Pack!, Kirouac et Kodakludo se font aussi réjouissants que rayonnants. Entre la poutine de chez Claudette et les après-midis au parc Jeanne-Mance, le duo nous emmène dans un Montréal festif, où il fait bon vivre, et où les mélodies soul se marient avec tendresse aux rythmiques tantôt dansantes, tantôt langoureuses. L’oeuvre la plus complète et la plus intéressante du tandem jusqu’à maintenant.
24.tizzo x shreez
fouette st-patrick
Même si on n’y retrouve pas d’hymnes aussi puissants que Ça pue ou On fouette, cette troisième collaboration officielle entre les inséparables Tizzo et Shreez maintient la barre du trap québécois très haute.
23.RamehS.eS
oolong, stepped
Première beat tape du rappeur et producteur RamehS.eS, pseudonyme du musicien montréalais Shemar Gordon, Oolong, Steeped est un éminent bijou de hip-hop lo-fi aux racines jazz, entièrement créé à partir d’échantillons de l’album live Oolong du groupe montréalais Lady J & The Jazz Cigarettes. Ses mélodies sourdes et ses rythmes frappants créent une dichotomie singulière.
22.dj manifest
musa vol. 3
Défricheur aguerri d’échantillons funk, soul et R&B américains, le producteur DJ Manifest s’amuse comme jamais sur cette troisième mouture de MUSA, une série d’albums hip-hop instrumentaux amorcée il y a déjà sept ans.
21.Boskorgï
jazz pranksters
Saluons la qualité et l’audace du deuxième projet de Boskorgï, le bien nommé Jazz Pranksters. Formé des producteurs et multi-instrumentistes Thomas B. Martin et Antoine Bordeleau (notre collègue au VOIR d’ailleurs), le duo met ici de l’avant des ambiances funk, jazz et soul au groove prenant et aux rythmes inventifs.
20.loud
tout ça pour ça
Sur son deuxième album solo, Loud laisse de côté les histoires de son adolescence et nous fait le bilan de ses derniers mois très chargés, essentiellement marqués par sa fulgurante ascension sur la scène musicale québécoise et française. Si certains de ses textes se ressemblent un peu trop dans leurs thématiques et leurs messages, Loud impressionne encore une fois avec ses figures de style raffinées et son flow posé. En partie calqué sur le modèle de son prédécesseur, Tout ça pour ça demeure une suite prudente, mais digne.
19.white-b
blacklist
Plus accessible et homogène que son prédécesseur Confession risquée, paru à la fin 2017, Blacklist a permis à son auteur de figurer au sommet des rappeurs les plus en vue du Québec. Habile mélodiste au flow imposant, White-B s’expose ici sans détour, réussissant le pari pas évident de s’adoucir sans se trahir.
18.kay bandz
MTL, vol. 1
Sur MTL, vol. 1, Kay Bandz rassemble la crème des artistes de la foisonnante scène street rap de Montréal et de ses rives (notamment Tizzo, Shreez, T.K, White-B, LK Tha Goon et Obia le chef) avec l’ambition louable d’en présenter le panorama le plus fidèle. Mission réussie pour le rappeur anglophone qui, de surcroit, arrive à tirer son épingle du jeu sur la grande majorité des 14 redoutables pièces qui peuplent cet opus.
17.robert nelson
Nul n’est roé en son royaume
Sur ce premier album solo, Robert Nelson s’exhibe comme un rappeur humble et vulnérable, laissant momentanément de côté son personnage coloré au flow nasillard pour se confier sans pudeur sur des passages plus sombres de sa vie (notamment le deuil de son meilleur ami). Habilement dosé entre moments loufoques (Jacques Plante, Jacques Demers) et plus profonds (Lucioles, Chimie), l’opus profite de productions actuelles aux influences trap, soul et jazz, notamment construites par DJ Manifest, Lowpocus, Caro Dupont, Tork et Shash’U.
16.maybe watson
enter the dance
Avec Enter The Dance, un album aux textes codés et souvent énigmatiques (truffés de références au jeu Pokemon Go), Maybe Watson s’ouvre sur certains épisodes de sa vie sentimentale, sans laisser de côté son humour absurde. Comme d’habitude, le rappeur repousse les limites du franglais avec un flow aventureux, voire intuitif, et un langage niché qui, à défaut d’être compris par tous, sera apprécié par certains irréductibles de son oeuvre. À la réalisation, Fruits et Claude Bégin font preuve d’une chimie évidente, embryonnaire et, surtout, très prometteuse.
15.charlie shulz
svp
Avec son premier album SVP, Charlie Shulz dévoile enfin le fruit de ses efforts des dernières années. Le jeune producteur y montre l’étendue de son évolution musicale sur un opus trap dynamique à souhait qui, grâce à ses nombreuses collaborations (Tizzo, Maybe Watson, FouKi, Imposs, Rymz…), donne un bon aperçu de la richesse et du talent qui composent la scène rap d’ici. Tout juste signé sous Joy Ride Records, le Montréalais s’impose comme l’un des producteurs québécois les plus talentueux de sa génération avec ce projet.
14.planet giza
added sugar
Le trio québécois vise en plein dans le mille avec Added Sugar, un premier album au groove savoureux et pénétrant qui frappe par sa signature particulière, soit un amoncèlement organique de funk futuriste, de hip-house et de R&B. Rehaussées par la voix délicate de Tony $tone, également capable de proposer des flows plus robustes quand le contexte s’y prête, les chansons de Planet Giza se fondent les unes aux autres dans un élan harmonieux de rondeur et de légèreté.
13.tnght
ii
Le moins qu’on puisse dire, c’est que TNGHT a bien rechargé ses batteries. Sept ans après un fabuleux premier EP et, surtout, l’incroyable bombe Higher Ground, chanson qui a redynamisé le trap avec une intensité décuplée, le duo québéco-écossais formé de Lunice et Hudson Mohawke revient avec une deuxième offrande tout aussi percutante et audacieuse. Loin de reprendre unilatéralement sa signature caractéristique, TNGHT a plutôt cherché à se réinventer en déconstruisant ses repères trap, bass et électro pour mieux les réaffirmer dans un amalgame de sons décapants et déroutants.
12.alaclair ensemble
america vol. 2
Créée et enregistrée en quelques jours sur la route, la mixtape America vol. 2 figure parmi les projets les plus rafraichissants de l’histoire d’Alaclair Ensemble. Sur des productions minimalistes et plutôt fortes en basse de Vlooper, les cinq rappeurs se laissent aller avec de brillants flows dégourdis, qui servent d’assises à leurs textes spontanés. Comme d’habitude, les acolytes bas-canadiens s’amusent avec les codes du hip-hop actuel, en abordant avec une arrogance bien sympathique les valeurs qui leur sont chères, c’est-à-dire la santé, la famille et l’amitié.
11.lowpocus
purple thang vol. 2
Avec ce deuxième volume de Purple Thang, Lowpocus donne un nouvel élan à sa signature phonk caractéristique, en la saupoudrant plus généreusement de jazz, de R&B et de dirty south. Probablement juste une question de temps avant que le jeune producteur réussisse à tracer son chemin chez nos voisins du Sud.
10.fouki
zayzay
En grande partie produit par QuietMike, qui y présente quelques-unes de ses meilleures compositions, ZayZay a été l’une des trames sonores de l’été au Québec. Ponctué de plusieurs hits (Néfertiti, S.P.A.L.A., Papillon, iPhone), l’opus de 18 chansons manque assurément de concision, mais le flow chaleureux, inventif, polyvalent et délié de FouKi en fait l’un des albums les plus mémorables de l’année
9.Artistes variés
for my city vol. 2
Un peu plus d’un an après un premier volume qui tâtait habilement le pouls de la foisonnante scène montréalaise des beatmakers, Slumgod et son équipage remettent ça avec For My City, Vol. 2, une compilation tout aussi brillante et hétéroclite. Parmi les producteurs qui se démarquent du lot, on note Lowpocus, Blazino, Yerly, Franklin Would, Major et Highlord qui, aux côtés du maitre d’oeuvre Slumgod, amorce la compilation en grand avec la mémorable bombe trap futuristique 6’1 on the Money 9’2.
8.jamvvis X Blue November
OWLTAPES 0X1
Très talentueux mais encore trop méconnu, le producteur montréalais jamvvis fait preuve d’une créativité assez impressionnante sur OWLTAPES 0X1, un mini-album qu’il a créé en collaboration avec Blue November, rappeur originaire de la Floride. Ponctué d’interludes expérimentaux, cet EP marque par son approche jazzy minimaliste, qui va à merveille au flow brut du rappeur.
7.eman
maison
6.brown family
brown baby gone
La Brown Family avait du pain sur la planche pour donner suite à son remarquable premier album, louangé de part et d’autre à sa sortie il y a près de quatre ans. Et le résultat est loin de décevoir. Un peu plus éparpillé dans son approche musicale, brown baby gone reste cohérent à travers ses textes qui, en abordant l’exil sous toutes ses facettes, développent une intelligente et significative portée philosophique. Un deuxième album qui fait preuve d’une originalité tonifiante.
5.5sang14
5/5
5/5, c’est non seulement le titre de ce premier EP de 5sang14, mais c’est aussi la note qu’on aurait envie de lui octroyer avec le recul. Débutant avec l’éminente PLG, mémorable entrée en matière menée par le tandem MB et White-B, qui se renvoient la balle avec précision et efficacité sur le refrain, ce mini-album vise dans le mille avec une production aux rythmes aiguisés et aux mélodies caverneuses ainsi que des textes crus, qui compensent leur côté quelque peu brouillon par leur livraison vigoureuse et éloquente. Certes, le talent n’est pas également distribué entre les rappeurs, mais 5/5 incarne la puissance d’une union tenace entre cinq amis d’enfance pour qui la fraternité et la loyauté sont les valeurs les plus fondamentales.
4.lary kidd
surhomme
Lary Kidd se surpasse sur Surhomme. Plus lucide et conscient que sur son premier album, l’intense et difficile d’approche Contrôle, le rappeur montréalais signe plusieurs de ses meilleures chansons en carrière (Tout va bien, Hercule, Barcelone), et démontre qu’il a l’étoffe et le talent pour s’adapter aux compositions de certains des meilleurs producteurs au Québec. À ce sujet, on doit souligner le travail exemplaire de Ruffsound et Ajust, qui proposent ici des arrangements minutieux et des structures de chansons aussi efficaces qu’astucieuses. Si certains textes auraient gagné à être plus travaillés (Sac de sport avec Loud et Soucoupe volante avec Tizzo en tête de liste), Lary se rattrape comme d’habitude avec un flow impétueux, qui ne rate que très rarement sa cible.
3.backxwash
deviancy
À peine huit mois après Black Sailor Moon, une prometteuse entrée en matière, Backxwash nous présentait Deviancy, un deuxième projet à l’esthétique encore plus virulente. Totalement en contrôle de sa proposition rap acrimonieuse, qui n’est pas sans rappeler certains des meilleurs moments de Death Grips, la rappeuse et productrice montréalaise d’origine zambienne brasse la cabane du hip-hop québécois avec sa verve redoutable, souvent agressive, et ses thématiques sociales actuelles, qui condamnent le patriarcat et l’omniprésence de la religion, et évoquent une identité transsexuelle aux idéaux révolutionnaires. Encore peu connue, Backxwash fait partie de ces artistes malheureusement confinés à l’underground montréalais, mais qui avec un peu de persévérance, finiront fort probablement par obtenir un certain succès ailleurs dans le monde. En attendant, elle amène un vent de fraicheur à notre scène rap.
2.laf
citadelle
Sur ce deuxième opus (et premier sous 7ième Ciel), le sextuor LaF témoigne de sa capacité à créer de bonnes chansons à la structure irréprochable, fruit d’un effort concerté ayant permis aux trois rappeurs (Bkay, Mantisse, Jah Maaz) de fusionner leurs styles fort distincts de façon naturelle. Avec leurs flows mélodieux et leurs textes aussi rêveurs que terre-à-terre, bien souvent empreints d’un lexique assez poussé sur les éléments naturels, la formation saisit avec une approche musicale étonnante, qui a souvent plus à voir avec la pop ou le folk (tout particulièrement Louis-Jean Cormier dans le cas de Mantisse) qu’avec la tradition rap. Responsable de la réalisation, Bnjmn.Lloyd (l’un des trois producteurs de la formation aux côtés de BLVDR et Oclaz) fait preuve d’un savoir-faire épatant, mariant dans un cadre plus organique que synthétique des ambiances soul, trap et ambient.
1.knlo
sainte-foy
KNLO réaffirme son amour du groove sur Sainte-Foy, un deuxième album solo qui surpasse son prédécesseur, le déjà très honorable Long jeu paru en 2016. Soutenu à la production par Vlooper, qui offre un chaleureux mélange de rap west coast, de neo-funk, de jazz et de musique congolaise, le rappeur originaire de cette ancienne ville de l’Ouest de Québec (devenue l’un de ses quartiers depuis la fusion de 2002) réussit l’exploit peu banal de témoigner de ses origines et de son passé sans tomber dans une trop grande nostalgie. Toujours aussi inventif dans ses tournures de phrase et ses expressions, KNLO prouve une fois de plus qu’il est l’un des plus talentueux et pertinents rappeurs de l’histoire du Québec.