Wim Wenders, Louis Garrel et Pablo Larrain au FNC : la programmation complète est dévoilée!
Claude Chamberlan et son équipe ont dévoilé ce matin la programmation complète du Festival du Nouveau Cinéma (FNC), qui se déroulera du 7 au 18 octobre.
On connaissait déjà le film d’ouverture: le festival a opté pour un long métrage fantaisiste et optimiste du Bruxellois Jaco Van Dormael, Le Tout Nouveau Testament, dans lequel Benoît Poelvoorde incarne un Dieu excécrable qui perd son autorité sur le monde quand sa fille prend le contrôle, redonnant du sens à la vie de chacun par un geste malicieux. Catherine Deneuve est aussi de la distribution.
En clôture, le festival dévoilait ce matin un film qui fait déjà beaucoup parler de lui en festival un peu partout: The Forbidden Room, coréalisé par Guy Maddin et et Evan Johnson.
Ce film, qui découle d’une initiative mêlant installation, tournage en prise directe et expérience interactive, retrace l’apparition inexplicable d’un mystérieux coureur des bois à bord d’un sous-marin coincé sous l’eau depuis des mois avec sa cargaison explosive. L’équipage terrifié, forcé d’arpenter les couloirs du vaisseau condamné, se lancera alors dans un voyage jusqu’à la source de leurs plus funestes craintes. Produit par Phi Films, Buffalo Gal Pictures et l’ONF, et tourné au Centre Phi à Montréal ainsi qu’au Centre Pompidou à Paris, le film met, entre autres, en vedette Roy Dupuis, Clara Furey, Louis Negin, Mathieu Amalric, Géraldine Chaplin, Marie Brassard, Udo Kier, Sophie Desmarais, Charlotte Rampling, Paul Ahmarani, Karine Vanasse, Jacques Nolot, Amira Casar et Caroline Dhavernas.
En compétition internationale
Composée de films venus de partout dans le monde, on y retrouve notamment 2 films québécois.
Après avoir été bien accueilli au festival de San Sebastian, Les démons, de Philippe Lesage, sera présenté en première nord-américaine au FNC. Le premier film de fiction du réalisateur du documentaire primé Ce coeur qui bat s’inspire de son enfance et fraie avec l’horreur, mettant en scène de jeunes acteurs qui en sont pour la plupart à leur première expérience devant caméra.
Après le festival de Toronto, c’est au FNC qu’André Turpin a choisi de présenter son film Endorphine. Celui qui n’a pas réalisé de long métrage depuis le mémorable Un crabe dans la tête en 2002 propose ici une histoire entre passé, présent et futur, un film ambigu et mystérieux qu’on prendra plaisir à décoder.
Le Mexique est notamment représenté par 600 miles, de Gabriel Ripstein (en coproduction avec les Etats-Unis), un film racontant le trafic d’armes au Mexique et en Amérique latine. Le long métrage a été choisi pour représenter le Mexique dans la course aux nominations pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Les festivaliers verront aussi, toujours du Mexique, Walking distance, d’Alejandro Guzman Alvarez.
Du Chili nous arrive un film attendu de Pablo Larrain: El Club. Dans ce scénario prenant sans arrêt des tournures inattendues, quatre hommes vivant dans une maison isolée au bord de la mer doivent « expier leurs péchés ». L’arrivée d’un cinquième homme va changer la donne. En arrière-plan, bien sûr, se déploie un regard acide sur la société chilienne et ses structures sociales.
Le comédien français Louis Garrel ose la réalisation d’un premier long métrage avec Les deux amis: un triangle amoureux atypique dans lequel il se met en scène avec Vincent Macaigne et Golshifteh Farahani. La critique cannoise y a vu un « buddy movie » quasi comparable au célèbre Jules et Jim de François Truffaut.
Sont également de la compétition: A corner of heaven, de Miaoyan Zhang (Chine, France); Body, de Malgorzata Szumowska (Pologne); David, de Jan Tesitel (République Tchèque); Embrace of the serpent, de Ciro Guerra (Colombie, Venezuela, Argentine); The Fire, de Juan Schnitman (Argentine); God loves the fighter, de Damian Marcano (Trinité et Tobago); Heart of a dog, de Laurie Anderson (Etats-Unis); Ixcanul, de Jayro Bustamante (Guatemala, France); Koza, de Ivan Ostrochovsky (Slovaquie, République Tchèque) et Song of Songs, d’Eva Neymann (Ukraine).
En présentation spéciale
Dédiée aux grands réalisateurs et aux œuvres qui sortent de l’ordinaire, cette section nous donne à voir les titres s’étant le plus illustrés au cours de l’année, en nous offrant, en avant-première, ces films très attendus qui ne devraient laisser personne indifférent.
La sélection est vaste et fertile, mais se démarquent le nouveau film des frères Larrieu, 21 nuits avec Pattie, l’esthète film d’arts martiaux taïwanais de Hsiao-Hsien Hou, The Assassin, qui a remporté le prix de la mise en scène à Cannes, le très anticipé Youth, de Paolo Sorrentino et Everything will be fine, de Wim Wenders, touchant film en 3D tourné à Montréal et Oka avec James Franco, Charlotte Gainsbourg et Marie-Josée Croze (notre photo principale).
Cette section comporte aussi le plus récent film de Jafar Panahi, Taxi, que notre collaborateur Jean-Baptiste Hervé a vu au festival de Toronto et décrit comme « un faux documentaire sur un cinéaste devenu chauffeur de taxi, interprété par Panahi lui-même ».
On s’excite aussi pour Cemetery of splendour, d’Apichatpong Weerasethakul (Thaïlande, France, Angleterre, Allemagne).
Le plus récent film de Philippe Garrel est aussi du lot. L’ombre des femmes, tourné en noir en blanc dans une esthétique hyper-soignée, renouvèle le regard sur le triangle amoureux et sur un Paris romantique qui apparaît sous une nouvelle lumière. C’est aussi en présentation spéciale que sera présenté pour la première fois à Montréal le nouveau Atom Egoyan, Remember, après sa première mondiale à Toronto au début septembre. Le cinéaste canadien-anglais invente un récit de vengeance dans lequel brille le comédien Christopher Plummer.
Également à surveilleur: l’acteur mythique Al Pacino, devenu réalisateur primé ces dernières années, est de la programmation avec son film Wilde Salomé, un documentaire sur la vie d’Oscar Wilde mais surtout sur sa pièce Salomé, qu’il a lui-même interprétée.
Prix du public au festival de Toronto, Room, de Lenny Abrahamson (Irlande, Canada), risque aussi de faire jaser. Cette adaptation du bouquin d’Emma Donaghue raconte la libération d’une mère et son fils qui ont été gardés captifs pendant 5 ans par leur kidnappeur.
Il y aura tout cela et bien d’autres films: Afternoon, de Tsai Ming-Liang (Taïwan); An, de Naomi Kawase (Japon, France, Allemagne); Arabian Nights : Volume 1, 2 et 3, de Miguel Gomes (Portugal, France, Allemagne, Suisse); Francofonia, Le Louvre sous l’occupation, d’Alexandre Sokourov (France, Allemagne, Russie); From Afar, de Lorenzo Vigas (Venezuela); Hellions, de Bruce McDonald (Canada); Here in Lisbon, de Gabriel Abrantes, Denis Côté, Marie Losier, Dominga Sotomayor (Portugal, Canaries, Chili, France); Into the forest, de Patricia Rozema (Canada); Journey to the shore, de Kiyoshi Kurosawa (Japon, France); Kommunisten, de Jean-Marie Straub (France, Suisse); La loi du marché, de Stéphane Brizé (France); Louder than bombs, de Joachim Trier (Norvège, France, Danemark); Malgré la nuit, de Philippe Grandrieux (France, Canada); Mountains may depart, de Jia Zhangke (Chine, France, Japon); Never release my fist, de Shui-Bo Wang (Chine, Canada); Le Paradis, d’Alain Cavalier (France); Right now, wrong then, de Hong Sang-Su (Corée du Sud); Soleil de plomb, de Dalibor Matanic (Croatie, Serbie, Slovénie); Standard, le film, de Benjamin Marquet (Belgique); Trois souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin (France); et La Vanité, de Lionel Baier (Suisse, France).
Panorama
Large aperçu des dernières productions indépendantes du monde entier avec 37 films sélectionnés, la section Panorama se veut le reflet le plus fidèle de l’état du cinéma contemporain.
Dans le désordre, on remarque le premier film de l’un des collaborateurs d’Apichatpong Weerasethakul, une oeuvre artsy de Jakrawal Nilthamrong intitulée Vanishing point et croisant les destins d’un journaliste, d’un moine et d’un fabricant de condoms ou encore Cafard, film d’animation du Belge Jan Bultheel racontant un épisode méconnu de la guerre de 14-18.
Également à surveiller: Krisha, de Trey Edward Shults, un long métrage indépendant américain construit par un « mélange spécial de plans-séquences, de montage haché, de gros plans, d’atmosphère irréelle et d’anxiété », comme l’écrivaient les programmateurs de la Semaine de la critique à Cannes, où le film a été présenté avoir remporté le Grand prix du jury à Sundance. Ce drame raconte l’histoire de la Krisha du titre, qui revient à la maison familiale pour le week-end de l’Action de grâces après une longue absence. Les choses ne se passeront pas comme prévu…
Dennis Cooper, connu pour ses oeuvres troublantes mettant en scène des adolescents aux pulsions vives et aux désirs sanglants, coréalise avec Zac Farley le long métrage Like cattle towards glow, dans lequel « le chanteur d’un groupe de postpunk, charismatique et désirable, se fait agresser sexuellement par un fan ».
Paulina, de Santiago Mitre (Argentine), était également en compétition à la 54e Semaine de la Critique et « interroge de façon intense l‘idée de justice » en racontant l’engagement d’une enseignante dans une communauté défavorisée d’Argentine, où elle sera brutalement violée. Il s’agit d’un remake d’un film argentin marquant des années 60, La patota.
Cliquez ici pour la programmation complète de la section Panorama.
Les jeunes cinéastes québécois dans la section FOCUS
Cette année encore, la section Focus propose de porter son regard sur une nouvelle génération de cinéastes d’ici.
Les Êtres chers (Québec/Canada) d’Anne Émond, sera présenté en primeur québécoise après avoir été présenté en première mondiale au Festival de Locarno en août dernier. Le film met en vedette Maxim Gaudette et Karelle Tremblay qui jouent un père et sa fille à travers une période de plus de 20 ans.
La tragi-comédie fantastique Le coeur de madame Sabali (Québec/Canada) de Ryan McKenna avec Marie Brassard, raconte l’histoire de Jeannette qui reçoit une greffe de cœur d’une Malienne sauvagement assassinée.
Michael Rowe nous invite à réfléchir sur ce qu’est le couple en 2015 avec Early Winter(Canada/Australie) mettant en vedette Paul Doucet et Suzanne Clément
Fatima (France/Canada) de Philippe Faucon nous plonge dans le quotidien d’une immigrante marocaine qui tâche de s’intégrer aux codes et aux valeurs françaises.
Anna (Québec/Canada) de Charles-Olivier Michaud (avec Anna Mouglalis, Pierre-Yves Cardinal et Pascale Bussières) suit l’itinéraire d’une photojournaliste kidnappée, subissant les mêmes sévices que les jeunes femmes asiatiques, sujets de ses reportages.
Sont également du programme: How Heavy This Hammer, de Kazik Radwanski; Ninth Floor de Mina Shum; Patch Adams, grand rectum de l’Université de Foulosophie, de François Gourd et Mélanie Ladouceur; The Sandwich Nazi de Lewis Bennett et Sleeping Giant (Canada) d’Andrew Cividino.
La section TEMPS Ø
Au programme, amour et apocalypse avec le très attendu Love (film d’ouverture de la section), nouvel acte de bravoure cinéma de Gaspar Noé. Nous avons vu au festival de Toronto ce film précédé d’une rumeur bavarde: le cul y est explicite, ne cachant ni les sexes ni ne simulant l’acte, mais le film se dissocie de toute bancale production pornographique, étant filmé dans un souci pictural évident.
Le tout aussi brave et attendu film de Takashi Miike, Yakuza Apocalypse, est peut-être un futur grand classique de cinéma anarcho-surréaliste.
Mention spéciale au nouveau film du maître à penser actuel du polar français Nicolas Boukhrief : Inside the Cell (première nord-américaine) qui nous plonge au cœur d’une cellule terroriste.
Un regard tout particulier porté sur le renouveau du cinéma philippin avec la présentation des films Violator de Dodo Dayao (première canadienne) et Ruined Heart, Another Love Story Between a Criminal and a Whore de Khavn De La Cruz (première canadienne).
De la Corée du Sud, le festival présente deux magnifiques drames criminels au féminin: Coin Locker Girl de Han Jun-Hee (première canadienne) et The Shameless d’Oh Seung-Uk (première nord-américaine).
À ne pas manquer, deux événements autant cinématographiques que musicaux, le film concert Wacken 3D: The Movie de Norbert Heitker (première nord-américaine) sur le plus grand festival métal du monde, et Emocean de JJ Weihl, Lucas Ufo et Jonathan Jarzyna (première canadienne), premier film du groupe phare allemand Fenster, qui se situe quelque part entre Jodorowsky, Harmony Korine, Flash Gordon et les Monty Python.
La comédie joyeusement dépressive Entertainment de Rick Alverson renverra aux oubliettes le cinéma de Wes Anderson.
L’étoile noire de l’animation japonaise, Belladonna of Sadness de Eiichi Yamamoto (première canadienne), grand classique méconnu, sera enfin présenté en version restaurée.
Ajoutez à cela de grands noms de retour au festival: Sion Sono qui présentera son expérimentation poétique sur Fukushima Whispering Star; Ben Wheatley qui présentera son adaptation du livre culte de J.G. Ballard, High Rise; la toute nouvelle superstar du cinéma américain Jeremy Saulnier qui présentera Green Room, un chien de paille revu par la culture punk. Et enfin, le surprenant documentaire Dennis Rodman’s Big Bang in Pyongyang de Colin Offland, qui propose un retour en arrière sur un grand moment d’histoire politique et sportive, le match de basket qui s’est tenu en 2014 en Corée du Nord entre une équipe américaine et une équipe secrète locale.
Le festival propose aussi toute une programmation de courts métrages, à consulter notamment ici, ici, et ici, ainsi qu’une programmation jeune public, une programmation spéciale de cinéma nord-coréen et de cinéma croate, une soirée manitobaine, des installations et performances au FNC Lab et 6 oeuvres en compétition dans la catégorie Nouvelles écritures.
Le Festival aussi une toute nouvelle section dédiée aux séries télé en donnant carte blanche au Festival Séries Mania de Paris.
Fidèle à la tradition, des cinéastes recevront les honneurs et les hommages du festival: Robert Frank, Manoel de Oliviera, Omar Sharif, Rabah Ameur-Zaïmeche et Barry Navidi sont les chanceux cette année.
Les projections commentées
Comptant parmi les activités les plus prisées des festivaliers, les projections commentées sont de retour cette année avec 2 réalisateurs qui se prêteront au jeu: Jean-Marc Vallée, le 9 octobre, 19h, au Cinéma du Parc et Theodore Ushev, le 15 octobre, 17h, au Pavillon Judith-Jasmin Annexe (salle Jean-Claude Lauzon).