Rap local : Baggies, autoportrait minimaliste
Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, bons coups de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.
Entrevue //
Issu du collectif Les 13 Salopards, le rappeur et producteur montréalais Baggies peaufine son style sur nº1401, un quatrième projet solo en carrière.
VOIR : Même si ce nouvel EP parait à peine six mois après Porte-clé, la direction musicale y est fort différente, beaucoup plus épurée. Qu’est-ce qui explique ce changement?
Baggies : Le truc, c’est qu’avant, j’avais tendance à faire des beats assez cacophoniques et que, maintenant, je cherche davantage un truc minimaliste. Ça me laisse plus de place pour rapper et, surtout, ça me permet d’utiliser ma voix comme un instrument. Officiellement, je fais des beats depuis environ un an et demi, donc tranquillement, je trouve mon style. Je me sens de plus en plus à l’aise de rapper sur mes prods. Ça donne un résultat beaucoup plus personnel.
Côté paroles, tu poursuis également une quête assez introspective. Vois-tu nº1401 comme la suite de son prédécesseur?
À la base, Porte-clé était supposé être un album de 12 tracks, mais je trouvais que celles de nº1401 n’avaient pas le même vibe, donc j’ai décidé de split ça. Porte-clé avait un concept très étoffé, très près de mes émotions, tandis que là, je garde cette saveur, mais je propose davantage un autoportrait. De là le titre avec le chiffre «1401», qui représente ma date de naissance.
Tu sembles toutefois avoir une approche un peu plus décontractée ici. Je pense notamment à Lalala qui semble être une satire de chanson rap commerciale…
C’est une chanson qui montre que je me prends pas nécessairement au sérieux, le genre de tracks que tout le monde peut chanter en show sans trop se poser de questions.
Tu te prends pas toujours au sérieux, mais tes ambitions sont tout de même assez élevées, non?
J’ai le désir d’atteindre un certain niveau de professionnalisme, ça c’est certain. Même si, à la base, je fais ma musique par passion, je veux également réaliser le rêve que j’avais quand j’étais plus jeune. Évidemment, tout ça vient avec des ups and downs. Je crois que les artistes sont des gens instables, mais que ce sont justement les moments plus dépressifs qui permettent la réussite.
La nouvelle de la semaine //
La relève rap se porte bien au Québec, et la sélection des demi-finalistes des Francouvertes le prouve une fois de plus. Après la victoire de LaF l’an dernier, deux autres artistes passent haut la main l’étape des préliminaires : le septuor O.G.B et le trio soul trap formé de David Campana, Shotto Guapo et Major. La relève rap prend également du galon du côté des Francos de Montréal, qui annonçait sa programmation en salle il y a quelques jours. En plus d’inclure de jeunes vétérans comme Souldia et Robert Nelson, le festival montréalais laisse une place de choix à l’une des sensations de l’heure sur la scène locale : le collectif 5sang14, formé de Lost, MB, Gaza, Random et White-B. Une belle marque de confiance de la part de l’équipe de Laurent Saulnier.
[youtube]pirbeR-aDog[/youtube]
Enfin, il serait inadmissible de passer sous silence l’annonce officielle de la réédition du classique des classiques du rap québécois : 514-50 dans mon réseau de Sans Pression. En vue de son 20e anniversaire, qui aura lieu le mois prochain, le duo a confirmé que son chef-d’oeuvre sera à nouveau disponible en version physique (album et vinyle) ainsi qu’en version numérique. Une tournée serait également sur le point d’être annoncée.
[youtube]k_mcB5MThUk[/youtube]
Le projet de la semaine //
Revigoré grâce à sa collaboration foisonnante avec son acolyte Sam Faye sur le divertissant Stereo, D-Track propose son album le plus accessible, équilibré et accrocheur à ce jour avec Dieu est un Yankee. Avec son sens de la rime imparable et ses jeux de mots aussi ludiques que réfléchis, le rappeur montréalais prouve qu’on peut divertir sans laisser tomber le propos et le message. Une bonne leçon de rap.
Au passage, mentions bien méritées au sobre et captivant nº1401 de Baggies ainsi qu’au lumineux et recherché Irréversible de Sarahmée, deux honorables projets qui marqueront fort probablement un tournant dans la carrière de leur auteur.e.
La chanson de la semaine //
Parlant de Sarahmée, elle s’illustre avec brio aux côtés de Tizzo sur Chaka Zulu, une bombe trap coproduite par le duo TenAm formé de Tom Lapointe et Diego Montenegro.
Coup de coeur aussi pour Home Days, premier extrait de l’album Inglaterra du producteur et vocaliste Dead Horse Beats. Délaissant la facture hip-hop plus conventionnel de ses premières beat tapes, le Montréalais signé sous le label brooklynois Bastard Jazz puise dans un catalogue ardent de R&B et de soul.
L’instru de la semaine //
Composé de Léo Mignault et Jonathan Legault (du collectif Brakhage), le duo hip-hop expérimental ROOM échafaude une ambiance lugubre et chancelante sur TROIS, intrigante pièce tirée de son EP |Leo’s Never Too High.
Le clip de la semaine //
Pour Chuck Norris, la révélation DeusGod profite d’une production sans faille de Lowpocus, et d’un clip minimaliste et percutant de Sacha Kammermann.
[youtube]OXBoSjyoIck[/youtube]
Dans un style lo-fi plus contemplatif, Alex Miglierina image avec des plans instables l’intense What I Once Knew, I Know Now de THe LYONZ avec Raveen.
[youtube]DnRSzH1DPCw[/youtube]
Les spectacles à voir //
D-Track – Lancement d’album à Montréal et à Gatineau
D-Track vient présenter son plus récent album dans sa ville d’adoption et d’origine.
Quai des brumes (Montréal), 11 avril (17h) + Le Troquet (Gatineau), 12 avril (20h)
Souldia à Rouyn-Noranda, à Amos et à Val-d’Or
Souldia poursuit la tournée en soutien à son album Survivant.
Scène Évolu-Son (Rouyn-Noranda), 11 avril (20h) + Hotel Queen (Amos), 12 avril (22h) + V Nightclub (Val-d’Or), 13 avril (21h)
Lancement Loussa – Babylone Rechargé
Révélé à [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=q4Q–dQVHok »]l’édition québécoise[/youtube] de Rentre dans le cercle, Loussa présente une édition «rechargée» de sa première mixtape Babylone, parue l’an dernier. Il sera sur scène avec DJ Blaster, Demon D.O.A, 4Say, Boutot, Sans Pression et Baba.
Resto Bar Essence (Montréal), 11 avril (21h)
[youtube]M9dg2joQhGE[/youtube]