10e Festif! : douce communion
Musique

10e Festif! : douce communion

Grosses journées, longues veillées, petits miracles. Encore une fois, le Festif! de Baie-Saint-Paul a réussi son objectif : nous faire vivre des expériences musicales hors du commun dans l’harmonie la plus plausible. Retour en mots et en images sur les spectacles qui ont marqué notre parcours en terres festives.

Les Louanges, Qualité Motel et Chromeo

Le Festif! a commencé en force jeudi dernier sur la scène Desjardins, lieu de rassemblement central pour la plupart des festivaliers.  D’abord, Vincent Roberge a réchauffé les planches déjà suintantes avec sa pop jazzée au funk omnipotent. L’entrée en matière parfaite pour le fourre-tout jouissif de Qualité Motel, projet électro-pop des gars de Valaire qui prend une tournure totalement délirante en spectacle avec ses mash-up inusités. Enfin, le duo Chromeo n’a pas eu de difficulté à maintenir la cadence avec sa recette nu-disco éprouvée, toujours aussi efficace après 15 ans de perfectionnement.

Les Louanges. Crédit : Marie Mello.

Naya Ali et Dead Obies

Après le programme triple d’ouverture, l’heure était aux basses bien lourdes avec Naya Ali, nouvelle coqueluche du rap montréalais, et Dead Obies sous le chapiteau SiriusXM. Alors que la rappeuse a marqué le début de la soirée avec son flow puissant et son attitude frondeuse, le quintette a offert un spectacle digne de mention, rehaussé par l’accueil plus que chaleureux d’un parterre gagné d’avance. Même si les pièces du dernier album DEAD. n’ont pas été reçues avec autant d’enthousiasme que les anciennes (sauf peut-être Doo Wop et André), les cinq acolytes ont su pallier ces moments moins frénétiques avec leur dynamisme habituel.

Dead Obies. Crédit : Marie Mello.

Comment Debord

Vendredi en début d’après-midi, on a apprivoisé la chaleur suffocante qui surplombait le village champêtre au son de Comment Debord, groupe qu’on avait vu passer lors des dernières Francouvertes sans nécessairement lui accorder l’attention qu’il méritait. Erreur. Formé en 2016, le septuor propose une chanson folk aux accents soul et funk qui tonifie dès les premières notes. La découverte du festival.

Kevin Parent

Toujours vendredi, les festivaliers ont eu le bonheur de recevoir une alerte de grande envergure sur leur application mobile du Festif!, c’est-à-dire la tenue d’un spectacle surprise de Kevin Parent en fin d’après-midi. Présentée dans la grande cour d’une certaine Kim, citoyenne de Baie-Saint-Paul qui avait aussi eu l’honneur de recevoir Vincent Vallières il y a quelques années, la prestation dépouillée du Gaspésien, uniquement accompagné de sa guitare et de son harmonica, a été l’un des moments les plus agréables du festival. Pendant l’interprétation de Seigneur, le silence quasi sacré des nombreux spectateurs avait de quoi donner des frissons.

Québec Redneck Bluegrass Project

Habitués du festival, les quatre alcoolytes de Québec Redneck Bluegrass Project n’avaient jamais eu l’occasion de se produire sur la grande scène Desjardins. Cette année, c’était donc la consécration pour la formation saguenéenne, qui avait la mission louable de mettre la foule en appétit avant la venue du groupe gypsy punk américain Gogol Bordello (qu’on a malheureusement manqué). Loin de se cantonner dans le rôle du groupe de deuxième ordre, QRBP a livré un spectacle exalté, encore une fois marqué par ses hymnes à la débauche et sa chimie imparable avec la foule. «Calice que t’es sexy, Baie-Saint-Paul», a d’ailleurs proclamé le chanteur JP Tremblay, cimentant ainsi l’histoire d’amour qui prévaut entre son groupe et le festival.

QRBP. Crédit : Marie Mello.

Robert Nelson

L’engouement était manifeste pour cet événement mobile, présenté le samedi aux petites heures du matin dans l’autobus du Festif. Débloqués en fin d’après-midi, les billets pour les deux représentations de ce spectacle de Robert Nelson se sont d’ailleurs envolés en quelques minutes seulement. En fin de compte,  l’événement a été à la hauteur de la ferveur qui le précédait. En pleine forme (comme d’habitude), le rappeur de Québec a interprété les chansons les plus vigoureuses de son premier album solo, notamment Jacques Plante et Flambant neu, en plus de gâter ses fans de la première heure avec Dorothée (tirée de son premier EP avec Kaytranada, lancé en 2012) et Brizasseurs de fizzoules (hit du classique 4,99 de son groupe Alaclair Ensemble, paru en 2010). Un moment inoubliable, mouvementé à souhait.

Philémon Cimon

Après la cour à Kim, c’était au tour de la cour à Johanne d’accueillir une horde de festivaliers pour un spectacle surprise, cette fois assuré par la chanteuse française Pomme et le Charlevoisien Philémon Cimon. Arrivés trop tard pour entendre la première (c’est ce qui arrive quand on ne consulte pas assez régulièrement son cellulaire), nous avons apprécié les compositions intimistes du deuxième, qui a interprété plusieurs pièces de son plus récent album Pays, un hommage à sa région natale. Un peu longuet dans ses (nombreuses) interventions, Cimon a su pallier ses tergiversations par ses compositions sobres mais grandioses et sa voix prenante.

Jérôme 50

Le mercure était plus élevé que jamais lorsque Jérôme 50 a pris d’assaut la déjà légendaire scène flottante du Festif!, installée dans la rivière du Gouffre.  Devant une horde de kayakistes, de baigneurs et de festivaliers perchés sur la rampe du pont, debout sur le sable ou bien assis sur les roches bordant la rivière, l’auteur-compositeur-interprète au charisme indolent a enjolivé notre samedi après-midi avec ses ritournelles de camps de vacances et ses compositions folk volontairement nonchalantes.

Jérôme 50. Crédit : Jay Kearney.

Marjo et Les Trois Accords

Troisième jour, troisième ambiance pour la scène Desjardins qui, après une soirée majoritairement électro-pop et une autre majoritairement folk punk, misait sur un programme rock. Un peu trop occupés pour attraper la performance d’Alex Burger, qui s’est fait remarquer lors des dernières Francouvertes, nous avons bien entendu apprécié le concert fort attendu de Marjo, légende du rock québécois, attendue avec une excitation palpable par un public composé à 60% de gens en haut de la quarantaine. Dès les premières notes d’Illégal jusqu’à la puissante finale marquée par Provocante, la chanteuse de 65 ans a fait plaisir à son public, en le remerciant constamment. Puis, changement de cap en tête d’affiche avec Les Trois Accords qui, eux, ont su rallier toutes les générations avec un pot-pourri de leurs chansons les plus mémorables en carrière. Hit après hit, le groupe de Drummondville a galvanisé l’auditoire pendant près de deux heures, atteignant son point culminant avec sa ballade rock fédératrice Saskatchewan, chantée bras dessus bras dessous par les spectateurs.

Marjo. Crédit : Marie Mello.

Philippe B

Parfaite fin d’aventure à l’aube dimanche matin, alors que Philippe B sortait de son congé de paternité pour nous offrir un concert d’une heure, où se sont croisés festivaliers houblonnés en fin de brosse et lève-tôt mélomanes désirant repartir leur journée dans un calme serein. Bref, le choc des titans. Habile pour contenir la foule, tout particulièrement cette femme au costume de vache venue lui souffler des bulles de savon au visage, le Rouyn-Norandien a interprété quelques-unes de ses plus belles chansons telles que California Girl, Autoportrait et La passion de St-Joseph. Au rappel, il nous a offert L’été, qu’il a présentée comme une «chanson déprimante, triste et lourde». Au contraire, le moment fut agréable, réjouissant et léger.

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