Rap local : Vincent Biliwald, trouver sa voie
Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, bons coups de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.
Olivier Boisvert-Magnen
Photo : Vincent Biliwald (Crédit : Cédric Demers)
Entrevue //
Révélation de la scène rap de Québec, le rappeur Vincent Biliwald propose Frugal, un premier album solo.
Tu proposes ici un album très R&B, assez éloigné de ce que tu fais avec Maestronautes. C’était l’intention?
Maestronautes, c’est ma famille, mais j’avais besoin de trouver ma propre voie. Et cette voie-là, elle est reliée à mes influences, qui sont bien souvent éloignées du rap. J’écoute beaucoup de R&B et de reggae, et j’avais envie de mélange l’aspect mélodique de ces genres-là au côté entraînant du rap. Mais, en fin de compte, je me suis surpris moi-même… À force d’aller chanter dans le booth, j’ai réalisé tout ce que j’étais capable de faire avec ma voix. J’ai choisi de pousser ça le plus loin possible, et ça a donné un album plus R&B que j’aurais pensé.
Tu as travaillé avec Lewis Dice, Leo MSL et Pro.Douceur. Comment la création s’est-elle déroulée?
On est tous très proches. Ils m’envoient des beats constamment, et c’est moi qui fais une sélection précise par après, selon le range musical que je veux. Ensuite, j’enregistre les chansons avec eux, et ils me donnent leur avis. Avec trois paires d’oreilles à l’écoute, le caucus d’équipe amène une uniformité, une homogénéité.
Côté textes, le processus est plus intime, j’imagine? Qu’est-ce qui t’a inspiré?
J’essaie de multiplier les processus créatifs. Si je suis dans le studio et que je dois écrire un verse, je vais le faire live, mais des fois, ça peut être plus long. Souvent, je suis en train de marcher dans la rue et j’écris sur mon cell les bonnes idées qui me passent par la tête. Le meilleur exemple de ça, c’est peut-être Bouquet, qui a été écrite à plusieurs endroits différents, notamment lors d’un voyage au Costa Rica. Curieusement, ça a donné de quoi de super cousu, quelque chose qui célèbre l’indépendance d’esprit, l’autonomie.
Sur le premier extrait Low Town, tu rends hommage à ton quartier Limoilou. C’est une chanson chaleureuse, très loin du portrait plus sombre qu’on fait parfois du quartier. Tu désirais montrer une autre facette du coin?
Oui, le quartier a une image négative dans les médias, mais pour moi, ça reste un quartier super intéressant au niveau culturel. Les Eman, KNLO, Steve Beezy et Webster habitent tous là, et contribuent à lui donner une meilleure réputation. Quand j’étais petit, j’écoutais ces rappeurs-là et je m’identifiais à ce qu’ils décrivaient. Je suis profondément attaché à ce quartier et, plus généralement, à toute la basse-ville. Je sors pratiquement jamais de là.
À quoi peut-on s’attendre pour les lancements?
À quelque chose de très smooth et de très dansant. Le focus est vraiment mis sur l’énergie, sur la vibe entre la musique et le public. Sur scène, j’amène mon amie Zarya [chanteuse qui collabore à l’album] ainsi que Lewis Dice et Pro.Douceur, qui vont s’occuper de la musique. Dom P [de Maestronautes] va aussi venir faire son tour.
Lancement d’album Frugal de Vincent Biliwald – Le D’Auteuil (Québec), 22 août (21h)
▲⁂▲Catboot & Vincent Biliwald // Lancement Double▲⁂▲ – Quai des brumes (Montréal), 12 septembre (20h)
La nouvelle de la semaine //
Enima défraie encore la chronique. Cette fois, il est aux prises avec un mandat d’arrestation pour avoir tiré sur un homme le 16 juin dernier à Toronto. Accusé de voies de faits graves et de possession d’armes à feu, le rappeur aurait levé les feutres vers l’Algérie, son pays d’origine. Dans une publication Facebook parue dimanche, il précise toutefois que ce départ précipité est «une décision de cœur et non pas de refuge», affirmant que son retour au Canada n’est pas dans ses plans à court terme, mais qu’il prendra éventuellement «soin de régler cette situation selon les lois de ce pays». Bref, on n’est pas prêts de revoir Enima.
Le projet de la semaine //
Avec Frugal, Vincent Biliwald navigue entre rap et R&B avec une étonnante aisance, s’appuyant avec douceur sur les chaleureuses compositions de ses compères (Lewis Dice, Leo MSL et le bien nommé Pro.Douceur). Un premier album homogène au groove rayonnant.
Dans un genre totalement différent, voire opposé, Les Anticipateurs en remettent une couche avec Temple de la renommée, un 11e projet de matériel original. Le groupe rap satirique, mené par le tandem toujours aussi efficace Tronel–Monak, réitère ses rimes grivoises et absurdes sur des productions actuelles, notamment signées Tommy Kruise, Dave Luxe, Loud Lord et Nimbus2k.
La chanson de la semaine //
Sqreeb, DJ et directeur du label montréalais Uglypitch Records, fait appel au rappeur brooklynois Wordsworth et au collectif bostonien Mayhem of EMS sur Exile, pièce rap east coast à la rythmique frappante.
Mention aux deux frangins de DawaMafia, qui s’illustrent avec Real, pièce trap bien ficelée sur laquelle ils renouvellent leurs flows.
[youtube]Iaj705odVmM[/youtube]
L’instru de la semaine //
Après avoir collaboré avec de talentueux producteurs d’ici (que ce soit Austin J ou Vincent Pryce), le rappeur DeusGod présente sa propre signature sur Who Want Smoke?.
Le clip de la semaine //
Une semaine après avoir livré l’impeccable Par chez nous de Vendou, le réalisateur Felipe Arriagada-Nunez s’offre une autre mise en scène colorée et divertissante avec Jeanne-Mance, bombe hip-house du duo Kirouac & Kodakludo, en trio avec la chanteuse Claudia Bouvette.
[youtube]qm35bXNorwc[/youtube]
Les spectacles à voir //
DeusGod sera de la partie pour ce programme triple qui met en vedette le rappeur ontarien Cozjin.
Le Ritz PDB (Montréal), 24 août (19h45)
Loud et Koriass croiseront le fer à Beloeil dans le cadre de cette soirée hip-hop du Festibel.
600, Boulevard Sir-Wilfrid-Laurier (Belœil), 23 août (19h)
Zach Zoya, Websbroom et Ross sont les invités de ce spectacle gratuit.
Baie de Beauport (Québec), 23 août (19h30)
[youtube]CS5fMKHaqdI[/youtube]