Éric Jolander: L’incorruptible
Si Éric Jolander, propriétaire des Incorruptibles, de L’Alexia et du Über, et sa conseillère Joannie Tremblay utilisent effectivement les réseaux sociaux pour faire une certaine promotion des trois établissements, ils en connaissent aussi les limites imposées aux entrepreneurs. Tout d’abord, il y a le défi créatif quotidien.
« Il faut être excessivement créatif pour capter l’attention et faire réagir les gens. » explique-t-il. « Dire qu’on a un nouveau plat, ça n’accapare pas les gens. Les gens veulent une incursion dans la vie du restaurant en tant que tel. » Par exemple, sur les réseaux sociaux, on réagira davantage au nouveau bébé du chef qu’à sa dernière création culinaire.
Le second défi est plutôt institutionnel. Facebook a réellement changé la donne quand ils ont limité la portée potentielle des pages publiques, et il faut constamment essayer de contourner ces limites si on n’a pas les reins suffisamment solides pour payer pour de la visibilité. « À Facebook, ils font tout pour avoir du like ou du post sponsorisé. Ils mettent plein de barrières, si tu ne paies pas, ils ne publient pas », explique-t-il. « Ils refusent des mots clés automatiquement, comme promotion ou vente. S’il y a trop de mots, ils refusent une publication. »
Et si l’aventure Facebook vaut quand même la peine malgré ces limites, sur LinkedIn, le réseau supposé connecter les professionnels, on demande de payer davantage pour avoir une influence et une portée moindres. Une aventure rapidement avortée. Pour ce qui est des paramètres compliqués de Facebook, Éric Jolander se fie à deux choses : l’utilisation stratégique de posts, comme demander aux employés qui veulent relayer de l’information de la page Facebook des établissements de ne pas le faire le même jour de la publication, et l’enthousiasme des initiés.
« Notre philosophie est basée davantage sur l’engagement que sur le nombre de clics. Notre objectif est sur l’engagement de qualité, plutôt que sur le like. Pour nous, les réseaux sociaux sont une façon de rester en contact avec des gens qui sont déjà intéressés par l’établissement. Je ne crois pas énormément à l’affluence que ça peut apporter. »
C’est une question géographique, également, puisque les établissements du restaurateur se retrouvent à Ahuntsic, dans le nord de Montréal, loin des quartiers branchés. « Je suis la banlieue de Montréal. Il faut travailler beaucoup plus fort pour avoir des résultats dans le marketing, contrairement à des quartiers à la mode », déplore-t-il.
Mais les réseaux les plus puissants pour Jolander ne sont pas sociaux, ou branchés. Ce sont les liens de famille.
Car l’aventure des Incorruptibles, d’Alexia et d’Uber, c’est également, et surtout, une histoire de famille. De passé et de présent. Le père d’Éric Jolander était policier, inculquant à son fils futur restaurateur des valeurs d’honnêteté, d’intégrité et de loyauté. Et sa fille… « L’Alexia, c’est le prénom de ma fille, qui a été ma muse, qui doit vivre avec un père qui travaille 70 heures par semaine. » explique-t-il, non sans émotion dans la voix. Une histoire de famille et d’héritage. Éric Jolander a beau être l’unique propriétaire de ces trois établissements, il ne le fait visiblement pas seul.