Rap local : Manu Militari, l’art de prendre son temps
Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, revue non-exhaustive des nouveautés de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.
Entrevue //
Quatre mois après le début du Tomahawk Tour, Manu Militari en dresse le bilan.
De passage au Club Soda ce samedi pour le dernier arrêt de la tournée qu’il pilote à travers le Québec aux côtés de Souldia, le rappeur montréalais semble tout particulièrement enthousiaste. «C’était très bien, très l’fun. On a fait des bonnes salles pleines partout», dit-il. «Souldia, c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup à la base, donc c’était vraiment cool de pouvoir passer du temps avec lui. On a une liaison naturelle, un état d’esprit semblable. Il est comme moi : il va jamais se plaindre et il regarde personne de haut.»
Accompagné par ses collègues Stan et DJ Foo sur scène, l’artiste a pu toucher un plus large public grâce à ce programme double, qui l’a amené dans sept villes québécoises. «Le meilleur exemple, c’est Val-d’or. J’avais juste fait des bars là-bas, et là, on était dans une grosse salle remplie à craquer. En général, je faisais la deuxième partie du show, mais quand j’ai vu les 300 000 chandails Explicit [NDLR : label de Souldia] dans la salle, j’ai proposé qu’on fasse le contraire», se souvient-il, en riant.
Surtout, Manu Militari se dit heureux d’avoir pu profiter de cette tournée pour donner un deuxième souffle à son quatrième album Océan, paru fin 2015. «Ça crée de l’engouement, et c’est primordial dans une ère où on consomme de la musique à une vitesse hallucinante», observe-t-il. «Moi, j’ai pas envie de rentrer dans la game actuelle et de sortir plein de singles ou de clips à 500$ chaque mois. J’ai le gout de prendre mon temps et d’écrire des chansons comme Sultan Hotel.»
Bref, le cinquième opus du rappeur n’arrivera pas de sitôt. Fortement inspiré par les nombreux voyages qu’il fait, l’artiste originaire de Côte-des-Neiges dit ne pas avoir trouvé de nouvelle destination probante jusqu’à maintenant. «J’ai mois de lousse en février et j’ai le goût de partir, mais je sais pas où… Je sais pas ce qui m’inspire», confie celui qui avait écrit en partie Océan en Amérique latine et Marée humaine, son prédécesseur, au Moyen-Orient.
«J’ai le goût de retourner en Amazonie, mais retourner quelque part, c’est jamais comme la première fois. Je me souviens qu’en Égypte, la dernière fois que j’y suis allé, j’ai pris un taxi de l’aéroport jusqu’au Sultan Hotel et je suis débarqué sur le bord d’une autoroute pour économiser 20 cennes. Genre de réflexe de vieux cassé. (rires) En débarquant, je me suis demandé ce que je foutais encore dans cette fuckin’ vieille ville que je connais par cœur… Mais en fin de compte, mon voyage a été sauvé par la révolution égyptienne. Sincèrement, ça a transformé ma vie. J’ai rarement vécu des choses aussi touchantes, et c’est sûrement pour ça que Marée humaine est bourré d’espoir. C’est mon album le plus positif je dirais.»
À juste titre, Manu Militari rappelle que, même s’il nous a récemment habitués à publier un album chaque trois ans, il y a un écart plus important qui sépare Voix de fait et Crime d’honneur, ses deux premières œuvres acclamées. «C’est cette pause de trois ans et neuf mois qui m’a permis de développer un éventail de sujets très riche. J’aurais jamais pu écrire Crime d’honneur en me précipitant, alors je me dis que ce sera la même chose pour le prochain. En ce moment, j’ai plein de chansons en chantier, des tounes de malade avec des gros concepts. Là, je dois les terminer, mais y’a rien qui presse.»
Paru en librairie à l’automne 2016, le tout premier roman du rappeur, Le Sourire de Leticia, lui a donné envie d’ouvrir ses horizons. L’accueil que le public a réservé à ce carnet de voyage publié aux éditions Stanké l’a profondément marqué. «J’aurais jamais cru que ce serait comme ça et que je finirais par avoir un best-seller. Pour moi, c’est incroyable, car j’avais même pas en tête de faire un livre. À la base, c’était juste des e-mails que j’écrivais à des amis sur mon Blackberry pourri!» lance-t-il, encore sur un nuage. «C’est un livre que j’adore. J’ouvre n’importe quel page et je souris. De voir, en plus, que des gens m’ont suivi d’[youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=IrBbi-VJ1ng »]Automne 2005[/youtube] quand je traitais Damien d’homo jusque-là, au Sourire de Leticia où je me permets des petites pensées romantiques, je trouve ça extraordinaire.»
Tomahawk TOUR – Club Soda (Montréal), 27 janvier (20h)
[youtube]ducz6uouZG8[/youtube]
Nouveautés d’envergure //
Le duo Eman & Vlooper propose un nouveau clip tiré de son album acclamé LA JOIE. On peut notamment y voir les rappeurs Ogden, Sozi et Gld.
[vimeo]249695847[/vimeo]
Jah Maaz, l’un des trois rappeurs du sextuor LaF, annonce la sortie de son projet solo Altitude avec Ville, premier extrait très sombre produit par son collègue BNJMN.LLOYD.
[youtube]4cLyGHxPqck[/youtube]
Les Montréalais LK Tha Goon, Push Cake et Bilo Da Kid unissent leurs forces sur l’excellente Pull Up.
[youtube]35hiUQv3EZ4[/youtube]
À peine trois mois après la sortie de sa première mixtape solo, White-B lance un nouveau single.
Les rappeurs T.A.P Theflye et Gnino s’allient sur la rythmique trap Bando.
[youtube]oHOFbki0utY[/youtube]
Le rappeur créole Pakouri consolide ici son esthétique rap ignorante.
[youtube]zss44m2Yoyo[/youtube]
Formé de Yabock et Zilla, le duo Dopamine invite sa bande d’amis pour le clip de la captivante J’te connais pas.
[youtube]T2bahpzY0kA[/youtube]
Quelques semaines après avoir annoncé son retour avec l’incursion club rap Jalousie, Donzelle se fait plus décontractée sur la planante Génie.
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Originaires de Lanaudière, Jiu et Jei Knxw arpentent des horizons cloud rap sur The Fall, pièce-titre d’un EP du même nom.
[youtube]EJVaI-9zm4c[/youtube]
Encore très embryonnaire, la démarche artistique de L.A. CO$TE se précise sur ce cinquième volume de Sir Cost A Lot.
Épaulé par Mike Shabb sur quelques productions, le rappeur Huud livre un premier projet officiel.
Venant tout juste de faire paraître sa mixtape Alter Ego, Ice publie un clip pour Syrak, pièce trap surchargée en collaboration avec l’étoile montante Izzy-S.
[youtube]AMfg2IDwDao[/youtube]
Grosse semaine pour Izzy-S, qui présente également un clip avec son allié Salimo.
[youtube]T9UoDvyISUU[/youtube]
Exploration hip-house très réussie pour Andrike$ Black, rejoint ici par Tony $tone et Rami.B de Planet Giza.
Révélé avec un premier extrait l’an dernier, Brandon Doret annonce que 2018 sera son année. Un premier EP est à prévoir sous peu.
[youtube]ylnyQZRwxhg[/youtube]
Kap.Dog s’allie à nouveau avec son camarade Mike Shabb sur cette trame jazzy rap bien ficelée.
Fruit de la réunion entre les vétérans Ray Ray et OL1KU, le duo Hors Pair se dévoile avec Panthères noires.
GunDei envoie un clip pour For The Glory.
[youtube]FE8ghkqoUHk[/youtube]
Les comparses Seba et Horg (fka Grosso-Modo) proclament leur amour du vintage sur ce deuxième extrait d’un album collaboratif à venir le mois prochain.
[youtube]VFQlj0W4Leg[/youtube]
Horg se joint également à S-Claves Modernes et Cavaliers Noirs sur cette salve rap rock.
[youtube]XorPadLg7GE[/youtube]
3 shows à voir //
Propulsé par le succès indiscutable de son premier album solo Une année record, Loud sera à Saguenay ce jeudi.
Cégep de Jonquière (Saguenay), 25 janvier (20h)
Le collectif franco-québécois Tour de Manège dépêche quelques-uns des membres de sa nombreuse délégation (TWYN, Liam, Téhu, GrandHuit, Fruits, Atamone, Sqreeb, XIXOOL, MusoNi) pour un DJ set qui promet.
Maison2109 (Montréal), 25 janvier (20h)
☼ Hua Li • Tshizimba • Lucas Charlie Rose ☼
La rappeuse/artiste multidisciplinaire Hua Li se joint sur scène à l’ingénieux rappeur Thizimba et à l’artiste soul trap Lucas Charlie Rose signé sur Trans Trenderz, étiquette qui appuie les artistes transgenres de la métropole.
Casa del Popolo (Montréal), 27 janvier (19h30)