Oui à l'écoresponsabilité, non au verdissage!
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Oui à l’écoresponsabilité, non au verdissage!

Et si on vous disait qu’il y a à Montréal une boulangerie-pâtisserie qui vend ses produits de la veille à 50% de rabais, afin de les rendre accessibles à tous et éviter le gaspillage… Qu’elle va livrer tous les jours ses «imparfaits» à la société St-Vincent-de-Paul? Qu’elle utilise un sac en papier brun 100% décomposable grâce à sa fenêtre en cellulose de maïs et son impression à l’encre de soya? Trop beau pour être vrai?

Pourtant, ces diverses initiatives font bien partie du quotidien d’Arhoma, qui propose, au gros et au détail, des créations boulangères et pâtissières pensées pour être bonnes au goût… et écoresponsables. «Est-ce qu’on le crie haut et fort? Non», insiste Ariane Beaumont, copropriétaire de l’entreprise, qui se méfie de ce qu’elle appelle le «greenwashing». Connue en français sous le terme d’écoblanchiment ou de verdissage, il s’agit d’une stratégie marketing qui consiste à bâtir (souvent à tort) une image écologique responsable.

Plus tôt cette année, c’est ainsi que General Mills, le fabricant des céréales Cheerios au miel et aux noix, s’est retrouvé dans la ligne de mire des activistes environnementaux lorsqu’il a lancé la campagne #BringBackTheBees, dans laquelle il se positionnait en défenseur des abeilles. Le problème? Ses céréales, issues de monocultures qui recourent aux pesticides et – selon plusieurs observateurs –  aux OMG, constituent certains des facteurs associés au déclin inquiétant de la population d’abeilles.

«Chez Arhoma, on fait ce qu’on fait parce c’est qui on est. Rien ne nous ferait plus mal au cœur que de mettre un sac de pain à la poubelle. On est en 2016, c’est inacceptable de jeter de la nourriture», poursuit Ariane, qui insiste sur le fait qu’il faut beaucoup de travail pour incarner ses valeurs au quotidien et les transmettre aux employés.

Un petit geste à la fois

Dans le dossier de la vente du pain de la veille, c’est son conjoint et copropriétaire d’Arhoma, le chef boulanger Jérôme Couture, qui a lancé l’idée. Ariane avoue avoir mis du temps à accepter, car la pratique n’est pas largement répandue, et le client souvent ferme dans sa volonté d’acheter un produit frais du jour.

«Finalement, nous avons constaté qu’il y a un marché pour ça et aujourd’hui nous avons très peu d’invendus.» Une décision écologique à l’impact financier positif; comme quoi il est possible de gagner sur toute la ligne en changeant ses façons de faire.

Mais malgré tout ce que son entreprise a déjà mis en place, Ariane estime que la perfection demeure difficile à atteindre. Par exemple, tandis que tout est composté à la Boutique Arhoma – quatre gros bacs par semaine traînés du sous-sol à la rue – la Fabrique Arhoma, qui fournit pour sa part restaurateurs et institutions, n’arrive pas à le faire.

La raison? Lorsque l’emplacement a été choisi pour étendre la production de l’entreprise, les besoins en espace on été sous-estimés et on a négligé de prévoir l’emplacement des poubelles. «On squatte les poubelles du voisin», avoue Ariane. En attendant, elle encourage toutes les entreprises à «y aller d’un petit geste à la fois! » Et ce, même sans objectif marketing.

La Fabrique ArHoma
1700 rue Ontario Est – Montréal
514 598-1700