La bière n’est plus une affaire d’hommes

De nombreux clichés existent encore quant à la bière. Elle aurait d’ailleurs un sexe: pour beaucoup, la mousse est une boisson masculine, par opposition au vin qui est considéré comme plus délicat… «comme les femmes». Et pourtant, les habitudes changent: la bière à la framboise est aujourd’hui aussi appréciée de ces messieurs, tandis que les femmes se lancent dans le domaine brassicole.

Accoudée au zinc, madame prend une bière légère et florale, car l’amertume, ce n’est pas trop son truc. Monsieur, quant à lui, choisira ce que certain appelleront une «vraie» bière. De celles qui moussent et qui ont un fort IBU (l’indice qui évalue l’amertume). Ça, c’était avant.

«La bière a toujours eu l’image de la boisson des bûcherons», explique en riant Raphaël Richard, copropriétaire du Bistro-brasserie Les Sœurs grises. Mais aujourd’hui, cette image est tranquillement en train de changer. «Avec l’éclosion des micro-brasseries, l’idée qu’on se faisait de la bière a évolué. C’est devenu un produit plus raffiné et complexe qu’on a appris à déguster comme on dégusterait un bon vin», assure-t-il.

S’adapter aux saisons

Son expérience lui a démontré que de plus en plus d’hommes apprécient, eux aussi, de boire une bière parfois plus douce et plus florale. «Surtout en été, on a tous envie de quelque chose de rafraîchissant, poursuit Raphaël. Notre Camélia, qui est une bière au thé vert, est très appréciée par nos clients masculins, tout comme la Master Ninja, une double IPA au miel de fleur de bleuet, qui lui donne un goût plus rond en bouche.»

Pour lui, la question n’est pas tant de s’adapter aux goûts des hommes et à ceux des femmes, mais plutôt aux saisons. «Les envies aujourd’hui ne changent pas en fonction du sexe, mais en fonction de la saison», conclut-il, ajoutant que «cette séparation genrée des goûts est culturelle, un peu comme le rose qu’on attribue aux filles et le bleu aux garçons». Mais la nouvelle génération amatrice de mousse est en train de changer ces codes-là.

Les Québécoises ont d’ailleurs décidé de renouer avec la bière. Si ce sont elles qui la brassaient au Moyen-Âge, depuis une dizaine d’années le nombre de maîtres brasseuses n’a cessé d’augmenter. Et les exemples sont nombreux au Québec pour démonter les clichés: la brasserie McAuslan a par exemple été cofondée par Ellen Bounsall, et la Korrigane a été créé par Catherine Dionne-Foster…