Magicien du bois
Shimon Finkelstein nous transporte jusqu’en Asie du Sud pour raconter la fascinante histoire de la maison de meubles Artemano.
Shimon Finkelstein étant fils de charpentier, on pourrait dire que l’amour du bois coule dans ses veines. L’odeur de colle de l’atelier de son père est d’ailleurs restée imprégnée dans son esprit. Chaque fois qu’il hume un parfum similaire, il se sent transporté vers l’Israël de ses 8 ans.
C’est avec le même enthousiasme d’enfant qu’il me fait faire le tour de son magasin de Toronto. Celui-ci est le petit dernier d’une famille de six établissements situés à Montréal, Laval, Brossard et Québec. Un septième membre du clan verra le jour cet automne. Shimon m’explique que ses magasins ont tous leur propre personnalité et qu’ils sont différents comme des enfants peuvent parfois l’être même s’ils ont les mêmes parents. Celui de Toronto me conquit immédiatement par le superbe olivier planté au beau milieu du local. Afin de pouvoir concrétiser ce projet plutôt farfelu, Shimon a dû négocier avec le propriétaire de l’immeuble la permission de construire un puit de lumière au plafond pour assurer la survie de l’arbre.
«Tous nos établissements changent entièrement de décor chaque semaine» m’annonce-t-il fièrement. La majorité des pièces Artemano étant uniques, 20% à 30% de la marchandise en présentation s’écoule régulièrement, ce qui justifie ce perpétuel réaménagement. Cette pratique contribue d’autant plus à l’aspect de nouveauté propre à la marque. Chaque visite diffère de la précédente, on ne sait jamais sur quoi on risque de tomber. Ce qui explique pourquoi les clients fidèles s’y rendent fréquemment, allant même jusqu’à visiter plusieurs magasins à chaque fois.
C’est un coup de foudre pour l’Asie du Sud et pour ses artisans du bois qui a donné vie à l’aventure Artemano il y a de cela douze ans. Depuis, Shimon y effectue des voyages de deux semaines trois fois par année en compagnie de son partenaire d’affaires Eyal Shoam. Les meubles d’Artemano proviennent tous de ce coin du monde; Inde, Thaïlande, Vietnam, Cambodge, Indonésie… Si l’Inde a été son premier amour, il s’est pris d’affection pour la Thaïlande ces dernières années, tout particulièrement la ville nordique de Chiang Mai.
Au début de sa carrière, Shimon était tellement emballé par la beauté de sa marchandise exotique qu’il s’est mis à assurer aux clients une garantie à vie sur tous les produits. Il a vite réalisé l’embarras d’une telle clause lorsque ces derniers se sont mis à revenir le voir, se plaignant d’une telle égratignure, d’une telle fissure ou d’un tel autre défaut naturel du bois. Quelque temps plus tard, il a entendu en voiture des paroles de la chanson Anthem de Leonard Cohen: «Ring the bells that still can ring; Forget your perfect offering; There is a crack in everything; That’s how the light gets in.» Ce couplet faisant l’apologie de la beauté des imperfections lui a rappelé sa conviction initiale, que c’est justement cette imperfection naturelle du bois qui le rend si beau. Ces paroles sont depuis inscrites sur les murs en magasin et lorsque des clients s’inquiètent de l’irrégularité naturelle de certains produits, il leur répond simplement, l’esprit tranquille, que l’esthétique Artemano n’est peut-être pas celle qu’ils recherchent.
En continuant à parcourir le vaste espace, je remarque l’inscription d’une seconde citation «Home is an escape and we love to create it». Celle-ci n’est plus de Cohen mais de Shimon lui-même. Il insiste beaucoup sur le fait qu’à priori, Artemano ne vend pas des meubles, mais bien de l’ambiance. C’est un fort désir de dépaysement qui est à la source de la philosophie de la compagnie. Shimon est d’avis que le fait de pouvoir se sentir en vacances chez soi et ce, aussi bien dans la chambre à coucher que dans la salle de bain, adoucit le quotidien et rend la routine moins monotone.
Les grandes reproductions photographiques accrochées aux murs des magasins ajoutent à cette soif d’exotisme et il est aussi possible de les acheter. Ces clichés de contrées lointaines ont été pris par Shimon lors de voyages passés. Il s’est découvert cette passion au fil de ses nombreux périples et il semble avoir un réel talent pour la photographie.
Encore une fois, Artemano se révèle être beaucoup plus qu’un magasin de jolis meubles. C’est avant tout une histoire de passion. La marque incarne un mode de vie glorifié par Shimon, une existence marquée par la curiosité, l’aventure et surtout, la célébration de la beauté de la nature.
En nous dirigeant vers la sortie, nous longeons une splendide commode de bois marquée de quelques traits de peinture colorés. Shimon m’explique avec admiration qu’il s’agit de la collection «Boat», l’une de ses favorites, qui a été entièrement conçue à partir de lattes de vieux bateaux indonésiens. Ah! si les meubles pouvaient parler…
Pour en savoir plus sur Artemano et sur les différents points de vente, visitez le artemano.ca.