Arhoma: grandir et rester près des gens
Si on avait dit à Ariane Beaumont, il y a 10 ans, qu’elle posséderait une boulangerie dans le futur, elle ne nous aurait possiblement pas crus. Encore moins si on lui avait dit qu’elle serait la propriétaire de trois boulangeries et qu’elle dirigerait une centaine d’employés. C’est pourtant bien là où sa fibre entrepreneuse l’a menée, quelque part entre ses trois succursales de la Place Valois, de Papineau et du Valmont Galerie Gastronomique.
Rencontrée dans l’arrière fabrique de sa boulangerie sur la rue Ontario, la propriétaire revient sur les intentions initiales qui l’ont poussée dans l’aventure Arhoma. «Au début, c’était pour répondre à un besoin dans Hochelaga, que nous souhaitions nous lancer en affaires», pensait-elle, sans se douter qu’elle participerait en quelque sorte à la grande revitalisation de son quartier. «J’ai fait la connaissance de mon conjoint chez Première Moisson il y a 12 ans maintenant. Ni l’un ni l’autre n’étudiaient dans le domaine. J’avais étudié en arts plastiques, lui avait étudié aux HEC en administration.
Cela dit, je viens d’une famille d’entrepreneurs. Je savais qu’un jour j’aurais une entreprise, mais dans quel domaine? Ça, c’était une autre histoire. Je dis souvent à la blague que si mon conjoint avait été plombier, nous aurions une plomberie!», raconte Ariane Beaumont. Il faut dire qu’à cette époque, HOMA comptait principalement de grandes chaînes d’alimentation, et très peu de boulangeries de quartier. «On est arrivé à Hochelaga dans une période où les gens attendaient une vague de renouveau. On s’est implanté à Montréal, dans une période où les gens étaient prêts pour du changement, alors que le choix n’était pas encore présent.»
Aujourd’hui, alors que la tendance est à la création de petits commerces aux comportements éthiques, dans un esprit très DIY, les boulangeries se multiplient, se spécialisent et tentent de se démarquer davantage. «Je ne ressens pas beaucoup de compétition, car je sais que les gens viennent acheter leur pain à proximité. Ce n’est pas comme un restaurant que tu veux aller essayer à l’autre bout de la ville. C’est simplement comme une petite mode, où c’est vraiment devenu cool d’aller chercher son pain», ajoute Ariane. Si elle ne ressent pas la pression de la concurrence, elle admet toujours garder en tête l’importance de l’innovation. «On veut vraiment rester allumé», mentionne-t-elle.
Si la propriétaire n’a pas l’intention d’ouvrir d’autres succursales, souhaitant garder un esprit de proximité avec sa clientèle, elle prévoit tout de même développer des pains selon les demandes et suggestions de celle-ci. Et si les gens retournent toujours chez Arhoma, c’est qu’ils y trouvent originalité et surtout qualité. «Je crois que c’est la raison principale de notre réussite. Les gens viennent nous voir, car la qualité est toujours au rendez-vous. Mes employés me trouvent fatigante, mais je ne voudrais pas qu’un client mange quelque chose qui n’est pas frais à 100%», conclut-elle.