Vins biodynamiques: quand la lune s’y met
Les vins biodynamiques, c’est la «grosse affaire» en ce moment à Montréal selon Raphaël Léger, copropriétaire du Sir Joseph. Quand il lance son établissement, il y a trois ans, il est bien décidé à redonner ses lettres de noblesse au pub londonien, mais avec une carte de vins naturels et biodynamiques à côté des bières d’inspiration britannique. «Tu viens prendre ton fish and chips et tu l’accompagnes avec un bon vin alsacien biodynamique, c’est pas mal plus le fun», s’enthousiasme Raphaël. Une façon en quelque sorte de brasser les codes du british pub.
On doit les bases de l’agriculture biodynamique au philosophe Rudolf Steiner qui, dans les années 1920, voulait concilier écologie et spiritualité. Pour le vin biodynamique, issu de l’agriculture biologique, c’est toute la procédure de transformation du vin qui est réglementée. Les vignerons utilisent des engrais naturels et étudient la biodiversité du champ, et aucun sulfite n’est ajouté. Certains vont même jusqu’à utiliser des chevaux de trait dans les vignobles pour éviter que des gouttes d’essence ne tombent dans la vigne.
«C’est un principe qui vise à créer un environnement agricole en symbiose avec la nature. On va prendre le vin et essayer de comprendre son environnement, sans utiliser d’insecticides ni de pesticides», explique David Ward, sommelier du Sir Joseph et représentant en vin de l’entreprise d’importations privées Ward & associés.
Cycle lunaire et vendanges nocturnes
Le plus intrigant reste la dimension ésotérique des vins biodynamiques: les producteurs vont prendre en considération les cycles lunaires et le calendrier atmosphérique dans la production de leurs vins. Certains se plieront même aux exigences de la lune au point de vendanger de nuit, raconte Raphaël. «Les producteurs vont essayer de capter l’énergie de l’univers et du cosmos», précise David. Et pour aider les amateurs de biodynamie les plus disciplinés, il existe même une application qui indique quand boire le vin biodynamique (When wine tastes best).
Si les sceptiques associent ces théories à du pelletage de nuages, ce type d’agriculture gagne en popularité dans les vignobles, chez les restaurateurs et même sur les étalages de la SAQ. «Les restaurateurs recherchent la rareté, des vins qui ont une histoire à raconter. Et les gens veulent mettre le moins de cochonneries possible dans leurs corps, explique David. Le vin est le seul produit qui ne présente pas de liste d’ingrédients; même sur la bière il y en a. S’il y en avait avec le vin, les gens seraient surpris.»
Pour Raphaël et David, il ne faut pas non plus «virer fou avec les cycles lunaires. Le plus important quand tu bois ton vin, c’est qu’il soit bon». Et pour le goût, les deux amateurs le décrivent plus «vivant, plus vibrant», un vin qui retrouve enfin les caractéristiques de son terroir – malgré un prix un peu plus élevé.
Pub Sir Joseph
4902, boul. Saint-Laurent- Montréal
514 564-7477