Tabletté après son enregistrement au tournant du troisième millénaire, Anachronisme voit finalement le jour une décennie et demie plus tard, au même moment où Rico Rich, la compagnie de production de Québec qui l’avait hélas financé, célèbre son 20e anniversaire. En avance sur son temps pour son époque, comme son titre le présupposait avec justesse, ce premier album en français du rappeur et producteur Boogat profite de l’engouement actuel (et de plus en plus généralisé) pour les sonorités hip-hop new-yorkaises des années 1990, notamment les basses massives, appuyées par des rythmes francs, ainsi que les mélodies ombreuses, construites à partir d’échantillons bruts, réarrangés sans trop de fioritures. Reconnu pour ses textes intelligents, Boogat se fait ici un peu plus convenu qu’à l’habitude dans ses critiques sociales, abordant le culte du matériel (Dans l’engrenage), les relations de pouvoir (Le dictateur dicté) et la soi-disant dérive technologique (Hologramme) avec peu de recul et de nuance. En revanche, c’est justement ce côté spontané qui donne une certaine saveur à Anachronisme, un album sans filtre concocté par un talentueux rappeur, alors en plein développement.
Guide albums
Boogat
Anachronisme
Rico Rich, 2015