Moins intimiste que son troisième Rue des Saules, une chronique aussi sombre que lumineuse sur sa dépression, Love Suprême évoque le paradoxe intérieur qui nourrit l’ambition de Koriass. Désirant à tout prix vouloir plaire à tous et ainsi bénéficier du «love suprême», le rappeur veut également tracer son chemin à sa manière. En découlent donc des textes ambivalents qui mettent en lumière ses traits de caractère incompatibles et qui, grâce à la voix de Gilbert Sicotte résonnant comme celle de sa conscience sur les interludes, donnent un aperçu révélateur de ses tiraillements psychologiques. Toujours aussi à l’aise au micro, le rappeur eustachois de 31 ans complexifie ses rimes classiques et les débite avec un flow revigoré sur des productions empreintes de soul, de jazz et de funk, composées en collaboration avec son acolyte Ruffsound et le réalisateur émérite Philippe Brault. Ainsi, malgré ses influences parfois trop prononcées (Kendrick Lamar et Kanye West principalement), Love Suprême est une œuvre étoffée qui gagne à être découverte au-delà de la première impression.
Disponible dès le 5 février 2016.