Sous-jacent sur Gullywood, le mal-être profond de Loud Lary Ajust prend de toutes autres résonances, plus assumées, sur Blue Volvo. À la fois ancré dans l’a priori fataliste d’un douloureux passage à l’âge adulte et dans la réalité désabusée d’une jeunesse qui, faute d’espoir, succombe à tous les excès, ce deuxième album du trio hip-hop montréalais combine brillamment l’euphorie chronique et le tourment continuel des deux rappeurs, évoquant par la bande les montagnes russes émotionnelles liées à la consommation de drogue. Pour appuyer ce tourbillon incessant, Ajust propose une trame léchée qui, grâce à la touche du légendaire producteur montréalais Ruffsound, trouve le juste milieu entre structures pop et tangentes mélancoliques. Si on regrette parfois l’automatisme et, par conséquent, l’affaiblissement du lexique franglais de Loud et Lary, on se doit de reconnaître le travail exemplaire dont les rappeurs font preuve sur le plan du flow, beaucoup plus mélodieux, articulé et dynamique dans l’ensemble.
Guide albums
Loud Lary Ajust
Blue Volvo
Audiogram, 2014