Même si son titre évoque une certaine ouverture sur le monde, ce quatrième album de Manu Militari n’a rien de bien accueillant. Froide, hermétique et sans compromis (à l’image de son créateur), l’approche musicale d’Océan flotte dans une zone internationale floue, entre le Moyen-Orient, l’Amérique latine et les États-Unis, à l’abri de toutes tendances hip-hop actuelles valables. Toujours aussi direct et posé dans sa livraison vocale, mais tout de même moins monotone, le rappeur de Côte-des-Neiges navigue comme il l’entend entre désillusion et réalisme, entrechoquant à bon escient les phrases coup-de-poing, les mélodrames percutants, les ondes de choc et les réflexions crues. Mais par-dessus tout, Océan est une quête de liberté, dans tout ce qu’elle a de plus paradoxale et utopique chez l’être humain. Pour arriver à en toucher ne serait-ce qu’une parcelle, le rappeur ose se dévoiler avec vulnérabilité en puisant abondamment dans son passé trouble, comme pour s’en libérer. À une époque où le rap aime bien rester en surface, cette plongée en profondeur a quelque chose de rafraîchissant.
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