Pionnier du PBR&B, terme utilisé à outrance par la presse américaine pour désigner une vague de R&B avant-gardiste qui intéresse majoritairement les hipsters (dignement représentés par l’acronyme de la bière Pabst Blue Ribbon), The Weeknd poursuit son évolution vers de nouveaux sommets, autant populaires qu’artistiques, sur Beauty Behind The Madness. Beaucoup plus concluant que Kiss Land, qui manquait un peu trop de nerf et d’audace, ce deuxième album redonne une place de choix à l’excellent Illangelo, producteur qui avait forgé, à la base, le son de l’auteur-compositeur-interprète ontarien sur ses trois premières mixtapes acclamées en 2011. Ainsi, The Weeknd renoue avec les sonorités froides et les rythmes pesants des premiers temps (Often, The Hills), mais en profite aussi pour élargir ses horizons vers le funk (Can’t Feel My Face), l’électro (Losers), la pop orchestrale (Earned It), le néo-soul (Tell Your Friends) et la synth-pop (In The Night), flirtant du même coup avec une vision pop bariolée à la Michael Jackson – dont il se rapproche vocalement plus que jamais. Toujours aussi torturé, le chanteur continue d’étaler ses histoires d’un soir, sa dépression chronique et sa dépendance à la drogue, tout en se faisant parfois un peu plus optimiste sur l’amour. De là, probablement, la beauté se cachant derrière la folie.
EXTRAIT: Can’t Feel My Face