Aussi surprenante qu’elle puisse paraître, cette première collaboration entre le trio jazz torontois BadBadNotGood et le rappeur new-yorkais Ghostface Killah réussit son pari: marier deux univers distincts sans forcer la note et, surtout, sans s’enliser dans un compromis tiède et insipide. Fort d’une signature musicale inspirée et cohérente de bout en bout, qui évoque à la fois les trames sonores de Tarantino et les fusions jazz soul des années 1960, Sour Soul s’écoute comme un film. Dans la peau des réalisateurs, BBNG donnent le ton et la couleur à l’œuvre avec, en tête, un souci du détail et une volonté de tout orchestrer finement. De son côté, Ghostface s’impose comme une tête d’affiche à l’énergie fougueuse qui, aux prises avec des pensées délinquantes reliées à son milieu de vie où la drogue et la violence règnent, finit par racheter ses péchés en tirant un trait sur son passé dans le dernier droit. Un scénario maintes fois remanié, mais toujours aussi efficace.
Guide albums
BadBatNotGood & Ghostface Killah
Sour Soul
Lex Records, 2015