Je couvre la politique depuis assez longtemps pour savoir que les clichés et idées reçues ne tiennent pas souvent.
Des candidat.e.s poteaux avec du contenu, des candidat.e.s vedettes sans contenu, des déclarations débiles, des révélations, des sous-estimé.e.s et des sur-estimé.e.s, après plus d’une dizaine de campagnes électorales (fédérales, provinciales et municipales) derrière le micro, j’en ai vu de toutes les couleurs… chez tous les partis.
Pour avoir vécu en région éloignée six belles années et suivant les mouvements de résistance de Québec depuis quelques années, je sais que Québec solidaire n’est pas qu’un parti de Montréal depuis un moment – comme j’en ai parlé ici.
Je sais aussi que les solidaires ne sont pas que des étudiantes, des syndicalistes, des travailleurs du communautaire, des artistes ou des environnementalistes. Je savais aussi que les membres du parti sentaient bon.
Toutefois, les images de propositions «radicales» et «invraisemblables», de hippies, de gens connaissant rien à l’économie ou n’aimant pas les affaires ou du hipster du Plateau demeurent encore fortes autour de Québec solidaire.
Ce n’est pas tant que j’ai été surpris par les accueils et les échanges entre les candidat.e.s de Québec solidaire et différents milieux, mais j’ai été frappé quelques fois par la distance entre la réalité et la caricature.
Les autres grands partis sous-entendent souvent que les idées de QS n’ont aucun sens. Les détracteurs rigolent du parti comme si c’était complètement farfelu. En fait, la caricature est que QS fait peur par sa radicalité ou fait rire par son absurdité.
Je pourrais pourtant parler de l’enthousiasme d’entrepreneurs rencontrés dans l’Est-du-Québec, qui aimeraient faire un virage énergétique, qui aiment certaines idées du parti – donc des gens du milieu des affaires peuvent aimer les idées «socialistes» de QS.
La caricature tiendrait-elle si les gens voyaient les rires et l’enthousiasme échangés entre des maires et mairesses et les candidat.e.s de Québec solidaire? Pas seulement dans l’Est-du-Québec, mais aussi pendant le sommet de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et parfois avec ceux et celles qui dirigent les plus grandes villes québécoises.
Si le programme solidaire était aussi farfelu et aussi absurde que la caricature le veut, ces élu.e.s ne perdraient pas leur temps à discuter aussi longtemps et avec autant de plaisir avec l’équipe de Québec solidaire.
Je ne dis pas que toutes ces personnes sont d’accord avec les positions du parti – je n’en sais rien. Je dis simplement que les gens ne se sauvent pas ou n’évitent pas QS, mais discutent avec le parti avec plaisir. L’horaire bien chargé de ma semaine à suivre le parti démontre que le parti ne se tourne pas les pouces en attente d’un intérêt quelque part, QS est sollicité.
Je suis bien conscient du jeu politique, de la «game». Ces mêmes élu.e.s n’ont pas une attitude bien différente avec les candidat.e.s des autres grands partis. Je sais aussi que plusieurs personnes en politique peuvent développer des amitiés ou avoir des atomes crochus sans nécessairement partager les idées politiques.
Néanmoins, je sais aussi comment une personnalité politique peut snober une position jugée non crédible, comment un autre élu peut marginaliser des idées jugées étranges ou naïves, et ce n’est pas cette attitude que j’ai vue pendant toute cette semaine passée avec Québec solidaire. Même pas une seule fois, même dans les événements où le parti ne contrôlait pas tout.
En fait, mon point est que j’ai vu Québec solidaire être traité de la même manière que les autres partis, loin de la caricature que l’on peut encore lire ou entendre chez plusieurs commentateurs ou commentatrices politiques. Un traitement qui serait impossible si le parti n’était que risible, radical ou insensé.
Cette image, cette perception, elle serait peut-être plus connue si le parti était aussi couvert que les autres partis.
Je vois QS comme une charrue qui ouvre la voie à ce qui doit changer et ce qui est prioritaire:l’environnement et le néolibéralisme à outrance.
« C’est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme » sauvage
Frédéric Jamison.
Bien d’accord avec les propos de M. Perreault. Ce qui serait toutefois intéressant, à défaut de l’opposition officielle ( ce qui serait véritablement un tsunami politique ! ), c’est qu’ils auraient la balance du pouvoir dans un gouvernement fortement minoritaire !