Rap local : Lost & White-B, Joey Sherrett, La Collection et Cotola
Musique

Rap local : Lost & White-B, Joey Sherrett, La Collection et Cotola

Chaque semaine, cette chronique vise à mettre en lumière les prochains shows et les plus récentes sorties des scènes rap et hip-hop instrumental québécoises.

Lost & White-B, confiance à toute épreuve //

En collaboration avec leur complice de toujours MB, les rappeurs Lost et White-B proposent la mixtape Cerbère.

Issus du groupe 5sang14, les trois rappeurs joignent leurs forces pour une raison bien spéciale : donner à leurs fans un souvenir considérable de Lost, alors qu’il purge une peine de 18 mois de prison. «On l’a vraiment fait pour ça», explique White-B. «On savait qu’un jour ou l’autre, Lost allait entrer en prison.»

«J’ai abordé Cerbère en sachant très bien qu’au courant de sa préparation ou de sa finalisation, j’allais être derrière la barreaux», confirme Lost, rejoint en prison durant l’un de ses deux appels journaliers autorisés. «On a essayé de repousser le verdict constamment jusqu’à ce qu’on soit confrontés à l’inévitable. Vingt-quatre heures à l’avance, j’ai su que j’allais finalement prendre ma sentence. Ça a chamboulé mes plans, car je pensais avoir un peu plus de temps que ça. Au moins, j’ai eu la présence d’esprit d’enregistrer rapidement.»

Refusant «d’expliquer le pourquoi du comment» de sa détention, tout en signalant que ses textes «reflètent un peu le genre de vie [qu’il] mène», le rappeur confirme que cette sentence de 18 mois est reliée à son précédent passage en prison : «C’est pour la même chose que la première fois. En 2015, j’ai été chanceux de bénéficier d’une caution de seulement 7000$, qui m’a permis d’obtenir une libération conditionnelle. Pendant deux ans, j’ai attendu ma sentence… Il y avait environ 98% de chances que j’entre en prison.»

Durant la création, cette fatalité annoncée a inspiré Lost, à l’instar des différents chamboulements et épisodes qu’il a vécus dernièrement. «Ça reflète ma vie qui change, autant mon rôle de père de famille que ma position qui prend de l’ampleur sur la scène musicale», dit-il. «C’est aussi durant cette période que j’ai développé une certaine méfiance envers des personnes qui m’entourent, autant en termes de relations personnelles que professionnelles.»

Sans dépeindre la même réalité que son acolyte, White-B a lui aussi broyer du noir durant cette période, ce qui a eu des échos dans ses textes. «C’est con à dire, mais mon inspiration, elle est meilleure quand ça va mal, quand j’ai des problèmes», confie-t-il. «Lost, MB et moi, on a tous une histoire assez chargée depuis qu’on est jeunes. On a beaucoup de choses à dire, même si on n’a pas nécessairement l’air tourmentés dans la vie de tous les jours.»

D’autres pièces de la mixtape bénéficient toutefois de sonorités plus lumineuses, voire dansantes. «Depuis que Vamos a frappé les 700 000 views, on a décidé de travailler un peu plus cet univers-là», relate Lost, à propos de ce clip collaboratif avec MB paru en février dernier. «On est dans une période où le rap est devenu une discipline qui peut se mélanger naturellement avec d’autres musiques.»

Moins éprouvant qu’en solo, le travail d’écriture en groupe a des avantages considérables pour le rappeur originaire du Cameroun. «Je trouve ça beaucoup plus rapide. Une fois qu’on a trouvé une instru que tout le monde aime, y a une espèce de compétition positive qui s’installe entre nous, et tout le monde est pressé d’aller écrire dans ses temps libres. D’autres fois, ça stimule encore plus la création. Je pense à la chanson Bando, qu’on a créée, enregistrée et finalisée en l’espace de 12 heures.»

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En raison de son emprisonnement, Lost n’a toujours pas pu entendre le résultat final de Cerbère : «Ils ont continué de faire des modifications durant mon incarcération, et je suis certain qu’ils ont bien réussi à mettre le projet à terme. J’ai une très grande confiance aux gars de mon équipe.»

«La confiance entre nous, elle remonte à bien plus loin que le rap», poursuit White-B, qui fera paraître une mixtape solo à la fin de l’été. «Dans la vie quotidienne, on est tous très unis et solides, et ce, depuis notre rencontre au secondaire, à Lucien-Pagé. Si ça avait été MB ou moi dans la situation de Lost, on se serait entraidés de la même manière.»

Remontant à 2008, cette rencontre a pris une forme musicale trois ans plus tard lors des balbutiements de 5sang14, formation complétée par Gaza. À travers le rap, White-B a alors trouvé un canevas d’expression libérateur, capable de traduire son parcours sinueux. «Mes problèmes ont commencé jeune, quand mes parents se sont séparés et que mon père est tombé dans les drogues fortes avant de finir à la rue. Si c’était pas de ma mère, je ne serais pas ici en ce moment», confie-t-il. «Quand j’ai déménagé dans le coin d’Ahuntsic-Cartierville, j’ai connu Lost et Gaza, puis ensuite MB, et je me suis tout de suite senti à ma place. Pour une première fois, je me sentais compris. Ce sont eux qui m’ont fait découvrir des artistes rap français comme Sexion d’assaut et Lacrim. Leurs métaphores et leurs jeux de mots m’interpellaient et m’ont donné envie de freestyler.»

En avril dernier, c’est donc sous le coup de l’émotion que le rappeur a appris la condamnation de son ami. «Même si je savais depuis longtemps que ça allait arriver, ça a été un coup dur… Je n’étais pas à Montréal, et il m’a appelé à minuit pour me dire qu’il entrait en prison le lendemain matin pour 18 mois. Lost, c’est la tête de l’équipe, et je sais que la dernière chose qu’il voudrait qu’on fasse, c’est d’arrêter le travail. Alors, on continue comme jamais.»

Conscient des conséquences que peuvent avoir une détention sur une carrière en plein essor, Lost reste réaliste : «Je suis dans un état d’esprit où je m’attends à rien. Jusqu’à maintenant, j’ai bien travaillé pour avoir un bon public, mais je sais que le succès musical tourne beaucoup autour de la constance. Mon gros problème, c’est que j’ai été pris au dépourvu par rapport à la date de sentence et que je n’ai pas pris le temps de tourner beaucoup de clips, ce qui est primordial maintenant. Tout ça aura donc un gros impact sur mon parcours. Quand je vais sortir, je vais donner le meilleur de moi-même et, si ça ne marche pas, au moins on aura essayé.»

Pour l’instant, le rappeur de 24 ans garde le cap et apprend à vivre avec sa nouvelle routine. Ayant plus ou moins la tête à l’écriture, il demeure convaincu que l’inspiration viendra : «Depuis mon entrée, je me suis davantage concentré à forger mon mental qu’à écrire. Mais tout ce que je vis aura un impact sur ma musique, c’est certain. Ici, tu es privé de ta liberté, tu manges ce qu’on te donne, pas ce que tu veux, tu rentres en cellule quand on te le dit, t’as une visite par semaine et, parfois, on peut même te l’enlever… Tout ça a le potentiel de donner de l’inspiration à n’importe qui.»

Au-delà de toutes formes de création, Lost désire prendre le temps de pousser ses réflexions d’ici la fin de son incarcération : «La prison, c’est plus mental qu’autre chose. En ce moment, je suis dans la compréhension et l’apprentissage. Je crois qu’il y a une amélioration et une maturité, car je ne serai pas la même personne quand je vais sortir en 2018. Tout ce que je peux faire, c’est réfléchir, et je crois que ça peut avoir du bon. Tout ça est peut-être pour le mieux aussi, car je ne sais pas ce qui aurait pu m’arriver dehors durant cette période. Grâce à Dieu, je suis content de ne pas être en train de purger une peine de cinq ou, même, dix ans.»

Cerbère – disponible la semaine prochaine

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Nouveautés d’envergure //

Le producteur des Posterz, Joey Sherrett, surprend avec cet extrait prometteur.

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Bloom (de Team XXI) signe une production à l’ambiance dream hip-hop pour CHRY$ALIS.

Yerly explore des horizons cloud rap sur Lot more of.

L’un des défricheurs emblématiques du hip-hop montréalais A-Trak (derrière l’étiquette Fool’s Gold) se joint à Quavo et Lil Yachty.

Tout aussi pertinent à l’international que son parrain ci-haut, le producteur Lunice met la table pour son premier album CCCLX avec cette chanson mettant en vedette Denzel Curry, JK The Reaper et Nell.

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Sur une belle ascension, la rappeuse locale Zeina se joint au producteur Many Sparks.

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La révélation Flawless Gretzky s’allie à LK Tha Goon sur Rear View.

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Originaire de la Rive-Sud de Montréal, La Collection lance un premier projet digne d’intérêt, Public Figures.

En vedette dans cette chronique il y a deux semaines, le tandem FouKi et QuietMike mise sur un clip en collaboration avec Maestro Omayela, également en entrevue ici-même la semaine dernière.

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Le duo Luno & Vana arpente une mélodie gangsta rap classique sur Colonel.

Commençant à obtenir un certain engouement à l’international, Banx & Ranx livre une autre bombe estivale.

Miles profite d’une production efficace de Freakey! sur Honnête.

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Membre des 13 Salopards, Le Dud3 y va d’un nouvel album solo, Chic Salaud, qui suit les courant trap actuels. Drake en est le troisième extrait.

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Le Chum et Chucky présentent un premier d’extrait d’un album en duo à paraître cet été.

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Le très respecté et talentueux rappeur CeasRock est à son meilleur sur Don’t Know, extrait de W/L (28 juillet). Également artiste visuel, le Montréalais présentera ses œuvres toute la semaine au The Letter Bet dès ce vendredi 21 juillet.

Le producteur Dalfaro mélange house et trap sur Grit.

Délaissant les productions plus classiques de ses projets Agua Negra ou Les Gens d’air, le polyvalent et excellent Cotola expérimente des sonorités lounge, jazz et dance sur Santa Magdalena, premier extrait d’un EP du même nom.

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3 shows à voir //

Le Festif!

Rendez-vous incontournable du circuit festivalier québécois, Le Festif! de Baie-Saint-Paul battra son plein en fin de semaine. Au menu, une soirée hip-hop à ne pas manquer avec KNLO, Rednext Level et Alaclair Ensemble ce samedi.

Scène SiriusXM (Baie-Saint-Paul), 22 juillet (23h)

Show d’ouverture <> La Grosse Semaine

Le festival fondé et organisé par FiligraNn (derrière les WordUP! Battles) en est à sa deuxième édition. Pour marquer le début des festivités qui s’étendront sur plus d’une semaine, un spectacle entièrement consacré aux femmes du hip-hop québécois aura lieu avec, en vedette, OneNessa, DJ Killa-Jewel, Sereni-T, MCM et Sarahmée.

Le Belmont (Montréal), 24 juillet (20h)

Ghost Club Night

Le label montréalais Ghost Club a le vent dans les voiles ces jours-ci. Après un peu plus d’un an d’activités, il présentera sa première soirée officielle avec, entre autres, le producteur visionnaire Joel Garden, Lust, Jaymie Silk et Prince Club, derrière les compositions du plus récent album de GrandBuda.

Artgang (Montréal), 22 juillet (22h)