Rap local : Vendou, prendre du temps pour soi
Chaque semaine, cette chronique met en lumière l’oeuvre des rappeurs et des producteurs québécois les plus intéressants du moment. Au programme : entrevue, bons coups de la semaine et aperçu des prochains spectacles à voir.
Entrevue //
En plein marathon de spectacles aux côtés de FouKi, le rappeur Vendou dévoile Trèdou, un EP doux et planant produit par quelques-uns de ses camarades du mégacollectif La Fourmilière (notamment Oclaz et Rousseau).
Ton précédent EP Exotique était mené par une recherche de nouvelles sonorités. En résultait un projet aussi placide que vigoureux, un mélange de «ups et de downs» comme tu le disais. Cette fois, on sent la direction plus uniforme. C’était l’intention?
Ouais, il y a plus une ligne directrice qui est suivie. Une ligne directrice qui s’est dévoilée à mi-chemin de la création, lorsque je me suis rendu compte que tous les beats que j’avais choisis étaient orientés vers des synthétiseurs. Ça donne quelque chose d’assez planant. Et c’est ce que j’ai cherché à amener comme vibe, en assurant le mix avec Roberto Viglione.
Tu as annoncé Trèdou il y a déjà plusieurs mois. Comment la création s’est-elle déroulée?
Je l’ai annoncé en décembre, ouais. Je voulais mettre on the spot le mois d’août, histoire de faire référence à mon nom et de célébrer la fin de l’été. L’essentiel de l’écriture et de l’enregistrement s’est déroulé entre janvier et avril, entre deux tournées avec FouKi. En quelque sorte, je m’imposais un blitz de création après une grosse dose d’adrénaline. C’est là que je me suis rendu compte que j’avais besoin de temps pour moi, que ce soit en prenant un bain ou en allant prendre un verre de vin avec un ami. J’ai voulu profiter de ces moments-là. Tranquillement, la sagesse fait son œuvre et ouvre un autre pan de ma vie.
Et c’est cette sagesse-là qui a influencé les thèmes du EP?
Oui. C’est en lien avec cette idée d’apprécier où est-ce qu’on est, où est-ce qu’on s’en va, tout en étant fier du chemin parcouru. Il faut prendre le temps de bien faire les choses, car les choses n’arrivent pas du jour au lendemain.
En disant ça, fais-tu écho à ton propre parcours dans le milieu du rap?
Je suis conscient que ça fait huit ans que je fais de la musique et que, là, je commence à voir une petite brèche. Mais, pour vrai, ça va plus loin que ça. Je dis surtout ça en lien avec l’époque dans laquelle on vit. Une époque très fast-food, où on consomme tout rapidement. On est à l’époque du prêt-à-manger, du prêt-à-penser. Là, je veux renverser la vapeur, dire que c’est correct de prendre son temps et d’arrêter de courir.
Sur Passidou, tu montres un côté plus robuste de toi. L’idée était de montrer au monde une autre facette que ta douceur emblématique?
C’est un peu ça. Ça fait une cassure dans l’album, car je voulais pas juste faire un EP planant avec de l’Auto-Tune. Je voulais aussi avoir un beat plus straight rap avec des plus longs verses techniques. C’est pour montrer que je suis encore capable d’avoir un delivery de même. La douceur est marquée dans mon front, mais derrière ça, je reste un humain, plus complexe dans ses émotions.
Tu seras en spectacle au OUMF pour lancer officiellement ce mini-album. À quoi peut-on s’attendre?
Je serai accompagné par Carey Size (de L’Amalgame), qui est le meilleur gardien de but sur les platines. Ça sera un 25 minutes très doux et très fort. Quelque chose de complètement «vendOUMF».
Trèdou
disponible le 30 août
Lancement au festival OUMF
Le 5 septembre à 18h20
Quartier des spectacles (Montréal)
La nouvelle de la semaine //
Huit ans sont passés depuis la sortie du premier album solo homonyme de Maybe Watson, qui comprenait d’excellentes pièces comme Props, Suzanne, Mange un char, Toton et, surtout, Les Gentils, pièce anthologique qui a influencé grand nombre de jeunes rappeurs montréalais comme FouKi, Kirouac et L’Amalgame (regroupés sous la bannière du #GentilGang). C’est donc avec un intérêt évident qu’on apprenait, il y a quelques jours, que le rappeur montréalais allait nous revenir avec un deuxième album, intitulé Enter The Dance, cet automne. En complément à cette sortie, le membre fondateur d’Alaclair Ensemble proposera une websérie réalisée par St Laurent TV, cette même boîte qui nous avait présenté les magnifiques capsules des Francouvertes cette année. Pour souligner ce très attendu deuxième opus, Maybe Watson s’offre un spectacle-lancement le 23 novembre au Club Soda durant M pour Montréal.
[youtube]pMaS_bS7CNA[/youtube]
Le projet de la semaine //
Baggies nous revient avec Phase, un cinquième projet solo qui poursuit dans la même lignée souple et décontractée que son prédécesseur nº1401. Autant à l’aise sur des formules jazzy rap comme Libre que sur des productions trap plus frontales comme Jasette, le rappeur fait preuve d’assurance au micro. Seul bémol au programme : le manque de relief et d’audace de la direction musicale.
La chanson de la semaine //
Mention à deux pièces : la soyeuse et atmosphérique Petit petit (moment doux) de Vendou (en écoute plus haut sur cette page) et l’entraînante Petit bébé de Lost, son incursion rap dancehall la plus convaincante à ce jour.
[youtube]UAgmVCXAG7I[/youtube]
L’instru de la semaine //
Après avoir consolidé sa signature power funk sur Street X en décembre 2017, le DJ et producteur Shash’U propose Battle Anthems, un EP irrésistible à l’esthétique plus épurée que d’habitude. Du lot, la pièce OG se démarque grâce à ses influences west coast et sa rythmique vigoureuse.
Le clip de la semaine //
Le talentueux Carlos Guerra signe une réalisation fluide et habile pour Devises étrangères, l’une des meilleures pièces du dernier album de Monk.E, 8.
[youtube]QDRUSorv9nQ[/youtube]
Les spectacles à voir //
La rappeuse Hua Li offrira un DJ set dans le cadre du party d’ouverture du Hot Tramp Fest. La chanteuse R&B Janette King sera également de la partie.
Le 28 août à 19h
Club social Le Scaphandre (Montréal)
KNLO Craqnuques et Lewis Dice (de Maestronautes) remettent ça pour leur soirée mensuelle. Des invités spéciaux se joindront à eux, notamment Kevin Kevin.
Le 29 août à 22h
La Cuisine (Québec)
Encore une fois, le Festival de musique émergente (FME) réunira une bonne partie de la crème de la scène locale, en plus de miser sur plusieurs artistes internationaux audacieux. Et le hip-hop d’ici sera à l’honneur tout au long de l’événement, comme en témoigne la présence d’Alaclair Ensemble, FouKi, Loud, Koriass, Naya Ali, Sarahmée et Souldia.
Du 29 août au 1er septembre
Plusieurs endroits à Rouyn-Noranda
Consultez cet événement dans notre calendrier
[youtube]l-StDmpR9zQ[/youtube]